PUISSANT Berthe, Henriette [Mlle PUISSANT]

Par Gilles Pichavant

Née le 13 octobre 1874 à Gisors (Eure), morte en mars 1942 à Paris (14e) ; Dame-employée des PTT, surveillante, surveillante principale ; Militante de l’Association Générale des Agents (1904), puis exclue (1911), militante de la Ligue des Dames des PTT (1927-1928) ; révoquée lors de la grève de 1909 ; militante mutualiste, membre du CA de l"orphelinat des sous-agents.

Née le 13 octobre 1874 à Gisors (Eure), Berthe Puissant était la fille d’un manouvrier qui devint conducteur d’omnibus à Paris, puis pointeur au chemin de fer du Nord à Buchy (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), et d’une institutrice. Vers 1898, elle entra comme dame-employée des Postes, et travailla comme téléphoniste au Central Paris B (Wagram). C’est là qu’elle rencontra les prémices du syndicalisme alors interdit chez les fonctionnaires, et qui constituaient des associations professionnelles. En 1904 elle participa au congrès de l’Association Générale des Agents des Postes (AG). D’après Jeanne Bouvier, ce fut la première femme à être déléguée à un congrès de l’AG. Elle y réclama, « au nom du personnel des téléphones que le titre de surveillante, qui était donnée aux plus anciennes, soit transformé en grade, ce titre conférant des avantages de carrière ». En 1905, elle était membre du CA de l’AG. Le 16 août 1905, elle prit la parole dans un meeting de 3000 postiers, organisé par l’AG à la Bourse du travail de Paris. Elle y fit avec Mlle Magne une description du surmenage imposé aux femmes dans les services féminins : « chaque employée avait au début 80 abonnés à desservir ; elle en a 120 maintenant, sans compter les remplacements fréquents auxquels elle est astreinte. Il n’est pas étonnant qu’avec un pareil système, il y ait eu un jour 80 malades dans le seul poste de Wagram ».

Le 27 août 1905, elle fut reçue avec deux autres militantes des centraux téléphoniques, par le ministre du commerce (il n’existait pas encore de ministère des PTT) dans une délégation de 18 personnes représentant tous les secteurs des PTT. Le 3 novembre 1905, elle prit la parole dans un meeting de 5000 postiers, tenu dans la salle du Tivoli-Vauxhall à Paris, sous la présidence de Cabardos, commis à la recette principale de Paris. Elle y développa les revendications des téléphonistes, en reprenant une partie de ce qu’elle avait dit dans le meeting du 16 août.

En 1909, ce furent les deux grandes grèves générales dans les Postes, télégraphes et télépjones. Berthe Puissant s’y impliqua dès le début. Le 20 mars, avec Doutez et Grangier, elle assista Pauron, le secrétaire du syndicat national des ouvriers, qui présida un meeting au Tivoli-VauxHall. Elle apprit sa révocation dans la foulée.

De nouveau, le lendemain, 21 mars, avec Joulia et Besson, militants des lignes, elle assista Fuzier, des ambulants, qui présida un meeting au manège Saint-Paul, et qui réunit 7 à 8000 travailleurs des postes.

Les grèves terminées, la lutte pour la réintégration des révoqués commença. Le 18 août, elle fut membre d’une délégation de postiers, reçue par le ministre du commerce. La délégation était composée de Subra, Clavier, Clamens, Vallet, (ambulants) ; Berthelot, Peurières, Pinettes (Postes) ; Lajust, Méheust, Pech (Télégraphes) ; Mme Flandrin, Mlles Puissant et Magne (Téléphones) ; Barbut, Ourmière, Rémond, et Rey (Sous-agents) ; Silvani, Péchair, et Simonet (Jeunes Facteurs) ; la délégation avait été élue le 16 août précédent dans un meeting tenu à la Bourse du Travail.

Réintégrée, le 10 mars 1910, Mlle Puissant fut élue représentante du personnel auprès de la commission centrale de discipline et de la commission centrale d’avancement, pour le groupe XV (Surveillantes, Dames-employées, etc.).

En mai 1911, aux élections des délégués du personnel à la Commission extra-parlementaire chargée de préparer un projet de coordination des traitements, salaires et indemnités du personnel, instituée aux PTT, elle se présenta dans le collège spécifique au personnel féminin mais contre les candidates présentées par l’AG. Le 24 avril 1911, un article d’un groupe de téléphonistes dans l’Humanité la dénonça comme candidate « jaune » ainsi que ses deux colistières, Mlles Toussaint et Valadier. Elle fut qualifiée de « renégate », et accuse de recevoir le soutien de l’administration. Elle recueillit personnellement 3779 voix, sensiblement autant que Mlle Valadier (3761 voix) et Mlle Toussaint (3650 voix), mais aucune d’elles ne furent élues. Les trois candidates soutenues par l’Association Générale (Mlle Thomas, Mmes Chancerel et Ciret) réunirent une moyenne de 9794 voix, les devançant partout sauf à la Caisse Nationale d’Epargne et dans les services télégraphiques de Paris.

En 1927, Berthe Puissant, devenue surveillante principale des téléphones, au central téléphonique de Paris-Trudaine, milita à la Ligue des Dames. Le 21 janvier 1928, avec [Mlle Bonnin_>101099], Mlle Brissac, et Mme Noyon, elle prit la parole dans un meeting organisé par cette ligue, Salle des sociétés savantes, rue Danton à Paris. Le meeting était présidé par Ferdinand Buisson, philosophe et prix nobel.

Elle fit partie de la promotion de février 1927 de la Légion d’honneur, comme Chevalier. Le 24 février 1927, elle déclara au Petit Journal : « Je travaille dans l’administration depuis 32 ans ; j’ai passé par tous les secteurs de la hiérarchie. Par ailleurs depuis 12 ans je suis déléguée du personnel auprès du pouvoir central. Je m’intéresse à toutes les œuvres mutualistes, et aux questions sociales comme celles de l’assistance et du vote des femmes.

Surveillante principale, Mlle Puissant prit sa retraite le 2 avril 1936, après 38 ans, 1 mois et 15 jours de service.

En 1907, elle était membre de l’orphelinat des sous-agents des Postes des télégraphes et des téléphones à Paris. En 1928, elle était perceptrice de la société de secours mutuels, Association amicale des Postes, télégraphes, téléphones à Paris.

En 1942, Berthe Puissant mourut à Paris, dans le 14e arrondissement. Elle avait 67 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244022, notice PUISSANT Berthe, Henriette [Mlle PUISSANT] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 27 novembre 2021, dernière modification le 27 novembre 2021.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Le XIXe siècle, journal quotidien, 28 août 1905. — L’Humanité, 17 août 1905, 4 novembre 1905, 21 mars 1909, p2, 21 mars 1909, p3, 22 mars 1909, 19 août 1909, 24 avril 1911 — L’Œuvre, 21 janvier 1928 — Bulletin mensuel des postes et télégraphes, août 1898, décembre 1910, avril 1911. — Journal Officiel : 5 août 1907, 23 février 1927, 16 janvier 1928, 29 janvier 1937 (retraite). — Le Petit-journal, 24 février 1927. — Jeanne BOUVIER, Histoire des dames employées dans les postes, télégraphes et téléphones de 1714-1929, p191. — Institut CGT de la Fédération des activités postales et des télécoms (Ex-PTT) — Geneanet.fr.

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