KRIZNIK Jean

Par Jean-François Lassagne

Né le 6 décembre 1914 à Meerbeck (Allemagne), mort le 8 octobre 1979 à Moutiers (Meurthe-et-Moselle) ; mineur de fer ; militant de la CGT ; délégué mineur à la mine de Moutiers, président de la Caisse de sécurité sociale minière d’Auboué (Meurthe-et-Moselle) ; membre de la Commission administrative de la Fédération régionale des mineurs de fer et de sel de Lorraine ; membre du Parti communiste ; résistant ; adjoint au maire de Moutiers.

Au premier plan à droite Jean Kriznik aux côtés de Pascal Saverna maire de Moutiers. Photo transmise par Josy Fossati.

Ses parents émigrèrent en France et s’installèrent tout d’abord à Tucquenieux (Meurthe-et-Moselle). Son père Jean Kriznik était mineur, et comme son épouse Amalia Radej tous deux étaient originaires de Bostanj en Yougoslavie. Le couple eut cinq enfants, deux filles et trois garçons, dont Jean. Ce dernier fréquenta l’école publique à Tucquenieux et à 13 ans, comme la plupart des jeunes il descendit à la mine de Tucquenieux d’abord, puis à celle de Moutiers en 1929. Il fut un militant pionnier de la lutte syndicale sous le Front populaire au sein de la Section syndicale yougoslave du bassin de Briey de la CGT, et il adhéra au PCF en 1936. Ses parents retournèrent vivre à Bostanj en Slovénie avec ses frères et sœurs.

Le 5 novembre 1938 Jean Kriznik épousa Giovanna Adélaïde Brescacin née à San Fior (Italie) le 12 juin 1918. Elle était la fille d’Attilio Brescacin, mineur et d’Angela Modolo.
Engagé dans l’armée française en 1940, il fut affecté au 21e Régiment de marche des Volontaires étrangers, et participa aux combats de mai-juin 1940. Fait prisonnier le 22 juin 1940 à Saint-Dié dans les Vosges, il fut déporté en Allemagne et interné au Stalag V-B dans le Bade-Wurtemberg. Réussissant à s’évader le 6 avril 1941, il passa par la Suisse pour rejoindre la France, en zone libre, où il entra dans la Résistance tout en travaillant à Lyon. Il fut décoré de la médaille militaire. À la Libération, il revint à Moutiers et reprit ses activités syndicales. Il fut naturalisé le 7 juin 1947. Il participa alors à la création de la Fédération régionale de la CGT des mineurs de fer et de sel de l’Est les 30 septembre et 1er octobre 1950 à Bouligny (Meuse).

Le 28 septembre 1952 à Homécourt, lors du congrès du syndicat de la vallée de l’Orne qui regroupait les sections des puits de Moutiers, Homécourt, Valleroy, Joeuf et Auboué, il fut élu au bureau et chargé de la presse et de l’éducation syndicale, puis trésorier adjoint au congrès le 20 juin 1954.

Aux élections de délégués mineurs du 18 avril 1952 qui suivirent la réunification de la section syndicale, les adhérents de la section de Moutiers penchèrent majoritairement pour la candidature de Jean Kriznik au poste de délégué mineur. Mais après les avoir remerciés, il objecta que pour consolider cette union dans l’intérêt de la CGT, le meilleur candidat se trouvait être Pierre Nury son camarade socialiste. Ce dernier fut élu titulaire et Jean Kriznik suppléant. Après l’annulation des élections des mines des groupes de l’Orne, de Piennes et du bassin de Longwy par la préfecture à la suite d’une réclamation de FO (que la CGT estimait non fondée), de nouvelles élections eurent lieu le 17 juin 1952. Avec 84,73 % des voix à Moutiers, Pierre Nury fut réélu titulaire et Jean Kriznik suppléant, et réélu la même année, à la Commission administrative de la Fédération régionale lors du congrès d’Audun-le-Tiche le 11 octobre 1952.

Père de trois enfants, Denise née en 1940, Christiane en 1946, et Jean-Claude en 1948, Jean Kriznik fut licencié par la direction de la mine de Moutiers en 1954 avec huit autres camarades, dont Pascal Saverna, à la suite d’une grève qui fut massivement suivie durant un mois et qui s’opposait à une baisse des salaires. Interdits d’embauche dans d’autres mines par l’exploitant, ce dernier non content voulut en plus les expulser de leur logement et leur réclama des sommes considérables. Il dut travailler un certain temps sur les voies de chemin de fer pour subvenir aux besoins de sa famille.

À la demande de Pierre Nury qui militait pour la réintégration de Jean Kriznik, ce dernier fut élu délégué mineur titulaire à Moutiers au groupement 5 avec 86,28% des voix aux élections du 24 mai 1955, et la direction dut le réintégrer le 1er juillet.
Élu administrateur titulaire de la Caisse de secours minière d’Auboué aux élections du 27 octobre 1955 avec 76% des voix, la CGT obtint 9 sièges sur 12. À la suite de la collusion des élus de FO et de la CFTC avec le patronat pour refuser la présidence à la CGT, les élus de la CGT démissionnèrent.

Aux nouvelles élections du 21 mars 1956 la CGT obtint 80% des voix et 10 élus. Jean Kriznik fut alors élu président de la Caisse de secours minière, présidence qu’il assura pendant dix ans. Il avait eu droit avant l’élection à un hommage appuyé d’Albert Balducci paru dans le Sous-Sol lorrain de mars 1956. Par la suite il fut réélu à la commission administrative de la Fédération régionale au 4ème congrès en 1957 à Algrange, puis délégué mineur à la mine de Moutiers le 14 mai 1958 au groupement 5 avec 88,10%.

Militant communiste, Jean Kriznik devint adjoint au maire Eugène Jungblut lorsque la mairie de Moutiers fut gagnée contre la direction de la mine aux élections municipales de 1953. En 1959 ce fut Pascal Saverna qui devint maire et il devint son adjoint.

Il demeura délégué mineur à Moutiers avec 95,44 % des voix aux élections du 17 mai 1961.

Musicien et ami de Francis Lemarque, Jean Kriznik était accordéoniste et jouait dans les bals durant la décennie des années 50, notamment dans la vallée de Montvaux près de Metz.

Retraité en 1965, il poursuivit ses activités syndicales notamment au niveau du puits et de la structure régionale des retraités mineurs de fer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244030, notice KRIZNIK Jean par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 6 décembre 2021, dernière modification le 6 avril 2022.

Par Jean-François Lassagne

Au premier plan à droite Jean Kriznik aux côtés de Pascal Saverna maire de Moutiers. Photo transmise par Josy Fossati.

SOURCES : Le Sous-Sol lorrain : années 1950 à 1979. — Archives de son fils Jean-Claude Kriznik, et entretien le 12 octobre 2021. — Mairie de Moutiers : extrait d’acte de mariage. — Documents transmis par Josy Fossati de Moutiers.

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