LOUVARD Robert, Michel

Par Andre Delestre

Né le 8 mai 1931 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 13 septembre 2008 à Montivilliers (Seine-Maritime) ; typographe ; syndicaliste FILPAC-CGT, UL du Havre et UD CGT 76 ; administrateur CPAM du Havre (1983-2002), membre CGT au Conseil économique et social de Haute-Normandie (1983-1990) ; ADEVA.

Robert Louvard
Robert Louvard
lors de son départ en pré retraite en 1989

Robert Louvard fut le dernier des huit enfants de Jean Grégoire Louvard, docker et de Françoise Poupon. Tous deux bretonnants, l’un de Coray (Finistère), l’autre de Gourin (Morbihan), ils s’étaient rencontrés au bal Breton de la rue d’Arcole au Havre.
Âgé de huit ans à sa déclaration, Robert fut marqué par la Deuxième guerre mondiale et particulièrement par le sort subi par sa ville natale. En 2000, il rédigea pour sa famille ses souvenirs de cette époque : les bombardements allemands, l’exode de Juin 1940 jusqu’à la Ferté-Macé (Orne), le retour dans la ville occupée, les bombardements anglais dès septembre 1940, les restrictions, la destruction de son quartier des Neiges enclavé dans le port et rasé par les nazis, l’évacuation des enfants du Havre en août 1942, le voyage et l’accueil à Coray (Finistère), l’engagement de son frère Jacques à dix-sept ans dans la résistance puis la libération, le retour au Havre dans la ville détruite. Il resta très attaché à sa ville natale qu’il ne quitta plus, et au Havre athlétique club (HAC) le club de football dont il fut un ardent supporter.
Ayant passé le certificat d’études avec un an d’avance à Coray et sans possibilité d’accès aux études secondaires, il attendit l’âge de quatorze ans pour rentrer, par hasard, dans une imprimerie, pour apprendre le métier de typographe. D’abord employé dans différentes imprimeries du Labeur (Imprimerie Commerciale, Etaix, Micaux ...) hormis 18 mois de service militaire en Allemagne en 1952-53, il entra en avril 1960 comme typographe de service de nuit à l’Imprimerie de la Presse, éditrice de la presse havraise, Le Havre Libre et Le Havre Presse, il y resta jusque sa mise en préretraite le 28 février 1989.
Robert rencontra Raymonde, Rose Asselin au dancing « La Pampa ». Ils se marièrent le 7 mai 1954 à Harfleur (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Après plusieurs emplois de sténo-dactylographe dans des entreprises privées, elle travailla au ministère de la reconstruction puis à la sous-préfecture du Havre. Elle fut la « correctrice » attitrée de tous ses écrits. En 1956, du couple naquit un fils, Pierre, qui deviendra militant de la CGT cheminots.
Syndiqué à la CGT du Livre depuis 1948, Robert Louvard prit des responsabilités à partir de 1968 tant dans le syndicat du Livre du Havre, qu’à la commission exécutive de l’Union locale CGT et à celle de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime, puis devient secrétaire du syndicat des retraités du Livre du Havre. Dans ces responsabilités, il veilla à ce que les changements de technique qui bouleversèrent la presse ne soit pas néfastes aux ouvriers qui étaient syndiqués à 100%. Sous les figures tutélaires des artisans de la réunification de 1935, Marcel Sorieul et Charles Jacky (dont il restera proche jusqu’à sa mort en 1988), suivant les conseils des plus anciens Pierre Hamet, Remy Ortiz et Jean Lacrique, et avec ses amis Raymond Chadaigne, Jean-Claude Santais et Serge Leconte, Robert Louvard participa pleinement à l’esprit des travailleurs du Livre, unis au travail et dans la vie, chanteurs et blagueurs, attachés passionnément au métier de Gutenberg qu’ils voyaient disparaître sous les effets de la modernisation mais engagés dans le syndicalisme interprofessionnel car refusant de s’enfermer dans la nostalgie corporatiste. Jusqu’à sa fin, Franklin, le siège de l’UL CGT du Havre, proche de son domicile, fut « sa deuxième maison ».
Il représenta la CGT au Conseil économique et social régional de Haute-Normandie de 1983 à 1990.

Élu en 1983, administrateur CGT à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Havre, il le resta jusqu’en 2002. Il fut de tous les combats pour la défense de la Sécu, devenant un expert de la protection sociale souvent sollicité dans les réunions et les congrès. Membre de la commission sociale de la CPAM, homme de dialogue, il défendit avec efficacité les dossiers des plus démunis. En 2002, il s’engagea dans le comité de défense de l’hôpital public du Havre.
Proche du Parti communiste, sans jamais y adhérer par souci de l’indépendance syndicale, il était exempt de tout sectarisme. Très attaché à l’unité du syndicat, il combattait la mise à l’écart des militants d’autres appartenances. Il facilita les premiers contacts au Havre de l’historien du mouvement ouvrier, John Barzman.
En 2004, atteint du cancer de l’amiante, il consacra ses dernières forces au combat, au sein de l’Association pour la défense des victimes de l’amiante (ADEVA), afin de faire reconnaître cette maladie professionnelle qui allait l’emporter. Il alerta sa fédération, la FILPAC CGT, sur la réalité alors peu connue de cette menace dans les métiers de l’imprimerie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244111, notice LOUVARD Robert, Michel par Andre Delestre, version mise en ligne le 5 décembre 2021, dernière modification le 6 décembre 2021.

Par Andre Delestre

Robert Louvard
Robert Louvard
lors de son départ en pré retraite en 1989

SOURCES : archives privées de la famille. — Témoignage de Pierre Louvard.

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