SOMVILLE Léonel, Félicien. [Belgique]

Par Francis Drugman

Quaregnon (pr. Hainaut, arr. Mons), 17 mai 1905 − Baudour (aujourd’hui commune de Saint-Ghislain, pr. Hainaut, arr. Mons), 29 juin 1998. Ouvrier mineur puis employé mutualiste, militant socialiste, membre de la Jeune garde socialiste, dirigeant syndical, dirigeant mutualiste, résistant, conseiller communal de Quaregnon.

Léonel Somville qui voit le jour rue de Wasmes à Quaregnon, est le fils de Félicien Julien Somville, ouvrier mineur et militant syndical, né à Cuesmes (aujourd’hui commune de Mons, pr. Hainaut, arr. Mons), et domicilié à Quaregnon, et de Juliette Joséphine Carlier, mère au foyer. Pendant la Première Guerre mondiale, il est évacué, avec ses parents, en Normandie (France). Revenu à Quaregnon après l’Armistice, il commence à travailler dès l’âge de quatorze ans comme mineur de surface au puits n° 12 de l’Epette du Charbonnage du Rieu du Cœur à Quaregnon (puits n° 2 de la Société anonyme (SA) du Charbonnage du Couchant de Flénu, dit du Rieu du Cœur n° 2 − Epette d’en Bas). Pour gagner quelques sous de plus, il devient manœuvre de fond, petit « sclauneur », ouvrier qui tire les chariots et les bois à l’aide de bretelles de chanvre dans les galeries basses. N’étant pas satisfait de son salaire, il change de fosse et entre en qualité de grand « sclauneur » au puits n° 4 dit des Vanneaux à Hornu (aujourd’hui commune de Boussu, pr. Hainaut, arr. Mons), appartenant à la SA du Charbonnage d’Hornu et Wasmes.

L’engagement social de Léonel Somville commence rapidement au sein du mouvement socialiste. Il milite dans les Jeunes gardes socialistes (JGS), avec son ami intime, Georges Plumat* qui dirige les centuries. En 1924, lors de la grande grève des mineurs qui rejettent une diminution salariale de 10 %, Somville se trouve à la Grande Cour à Monsville, quartier de Quaregnon. Il tire sur un gendarme, la balle passe à côté mais le gendarme riposte en tirant vers le jeune militant. Dénoncé, Léonel Somville est convoqué à la gendarmerie. Lors de son interrogatoire, il nie et est remis en liberté.

En 1925, Léonel Somville effectue son service militaire au 2e régiment de ligne à Gand (Gent, pr. Flandre occidentale, arr. Gand). Le 4 septembre 1926, il se marie à Quaregnon avec Marie Aubry, sans profession, née à Quaregnon le 4 avril 1906. Quatre enfants, trois garçons et une fille, naissent de cette union.

De retour à la vie civile, Léonel Somville change de travail. Il est engagé au puits n° 5, dit le puits Sans Calotte, de la SA des Charbonnages du Couchant de Mons à Quaregnon, il y travaille à l’abattage du charbon. Lorsque le puits ferme, on retrouve Somville en 1937 à la fosse d’Hautrage au puits n° 1, qui dépend de la SA des Charbonnages du Hainaut (siège social à Hautrage-État – aujourd’hui commune de Saint-Ghislain). Les conditions de travail y sont pénibles ; Léonel Somville s’occupe de l’entretien d’anciennes tailles abandonnées.

Le 28 mars 1937, suite à un vote des membres de la section locale de la Mutuelle syndicale des mineurs de Quaregnon (Syndicat-Mutuelle située à la Maison du peuple-Parti ouvrier belge − la mutuelle est affiliée à la Fédération des mutualités socialistes du Borinage), Léonel Somville devient permanent en charge de la trésorerie de la section ; il remplace son père Félicien, atteint par la limite d’âge.

En 1940, Léonel Somville est mobilisé et part pour la France. Libéré du service actif le 29 mai par ordre du Consulat de Belgique à Cherbourg (département de la Manche, France), il rentre à Quaregnon. L’occupant allemand l’exclut des services de la Fédération mutualiste. Pour échapper à la déportation, en février 1941, il retourne dans le fond de la mine au puits n° 4 dit des Vanneaux du Charbonnage d’Hornu et Wasmes. Peu après, il s’engage dans la résistance en intégrant le régiment des Milices patriotiques du Borinage. Adjoint du commandant « René » (Marius Cornez), il y reste jusqu’à la fin de la guerre. La qualité de résistant armé lui est reconnue du 1er juin 1942 au 14 octobre 1944. Le 22 décembre 1971, il est nommé officiellement « sergent » de la Résistance. Il est également détenteur de la médaille de la Résistance et la médaille commémorative de la guerre 1940-1945.

À la libération du pays, après la période de l’épuration, Léonel Somville devient secrétaire des mineurs mutuellistes de Quaregnon. Il y restera jusqu’à sa retraite en 1970. Pendant plus de 45 ans, il est administrateur des Mutualités socialistes du Borinage, et pendant plus de 25 ans, administrateur des Œuvres de santé.

Léonel Somville s’investit dans d’autres organisations du mouvement ouvrier socialiste. Il est président local des coopérateurs borains et vice-président de la fanfare de Quaregnon. Il s’occupe également de la société locale d’habitations et de la société de prêts Notre Maison, dont le siège social et les bureaux se trouvent à Pâturages (aujourd’hui commune de Colfontaine, pr. Hainaut, arr. Mons), et dont le secrétaire-trésorier est Georges Plumat*.

Léonel Somville est présent sur les listes électorales à partir de 1946. Lors des élections législatives du 17 février 1946, il est le sixième candidat suppléant sur la liste socialiste où il représente l’arrondissement de Mons. Il est élu député suppléant. Sur le plan communal, il est le sixième candidat effectif sur la liste socialiste lors du scrutin du 24 novembre 1946. Il est élu avec 42 voix (conseil communal actif du 1er janvier 1947 au 31 décembre 1952). Il sera à nouveau candidat lors des élections de 1952 et de 1958 mais ne sera pas élu.

Léonel Somville, alors veuf de Marie Aubry, domicilié au n° 52, Cité Oscar Doublet à Quaregnon, meurt à la clinique socialiste Louis Caty (aujourd’hui Epicura) à Baudour.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244129, notice SOMVILLE Léonel, Félicien. [Belgique] par Francis Drugman, version mise en ligne le 4 décembre 2021, dernière modification le 3 avril 2024.

Par Francis Drugman

SOURCES : Archives communales de Quaregnon, registres de l’état civil de Quaregnon − Papiers personnels de Francis Drugman – La Louvière, site minier du Bois-du-Luc, archives du Saicom − Centre de documentation et d’archives du Musée de la Résistance en Belgique, dossier « Somville Léonel » du Front de l’indépendance, n° IV/3892.

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