ROBY Pierre

Par Daniel Grason

Né le 25 octobre 1908 à Peyrilhac (Haute-Vienne), mort le 20 juin 1998 à Saint-Junien (Haute-Vienne) ; docker ; communiste ; résistant ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Militant communiste, Pierre Roby fut interpellé le 18 janvier 1941 par des policiers, il détenait des tracts édités par le Parti communiste clandestin. La XIIe Chambre correctionnelle le condamna à huit mois de prison, il fut libéré le 29 septembre 1941.
Le 26 août 1942, il a été arrêté une seconde fois place Denfert-Rochereau par un gardien de la paix du commissariat du XIVe arrondissement. Il transportait dans sa musette des tracts édités par le Parti communiste clandestin. Emmené au commissariat rue Sarette, il fut transféré dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police. Il a été détenu deux jours à la salle n° 520, puis écroué au dépôt.
Le 29 août, il a été incarcéré à la prison de la Santé. Il comparaissait le 14 décembre 1942 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, il fut condamné à trois ans de prison, 1.200 francs d’amende et au maximum de la contrainte par corps.
Emprisonné successivement à la centrale de Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines, Melun (Seine-et-Marne), et à Châlons-sur-Marne, il était le 12 mai 1944 dans le convoi de 2.073 hommes qui partit de Compiègne à destination de Buchenwald en Allemagne, les détenus arrivèrent le 14 mai. Matricule 49525, Pierre Roby survécut aux épreuves, il participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance à la barbarie.
Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Il témoigna le 14 mai 1945 devant une commission rogatoire, il déclara avoir été frappé pendant son interrogatoire qui dura « trois heures environ ». Il constata lors de son retour de déportation, « la disparition d’un pneu de bicyclette et d’un kilo de sucre ». « Mais » ajouta-t-il « j’ignore si ce sont les inspecteurs qui se sont appropriés ces articles. Je tiens en outre à signaler qu’au moment de mon arrestation, je montais une bicyclette immatriculée 908 – R.P.4, j’ignore où celle-ci a été mise ».
Il ne reconnut aucun des inspecteurs sur les photographies qui lui furent présentées. Il porta plainte contre le gardien de la paix qui l’arrêta déclarant « Je le considère comme responsable de ma déportation », il déposa également plainte contre les inspecteurs qui le frappèrent.
Pierre Roby a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Il mourut le 20 juin 1998 à Saint-Junien en Haute-Vienne quelques mois avant son quatre-vingt-dixième anniversaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244198, notice ROBY Pierre par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 décembre 2021, dernière modification le 7 décembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, 77 W 1327-286283. – Bureau Résistance GR 16 P 515548. – État civil (non disponible). – FMD, Livre-Mémorial, Éd. Tirésias, 2004. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977.

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