GARROU Joseph, Jean, Baptiste, Cyprien

Par Julien Cahon, Jacques Girault

Né le 29 août 1898 à Rebenacq (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), mort le 27 janvier 1966 à Rebenacq ; intendant ; militant socialiste de la Somme puis de la Gironde, syndicaliste ; résistant dans la Somme, responsable civil de Libération-Nord (1943-1944), vice-président du Comité départemental de Libération de la Somme (1944-1945).

Fils d’instituteurs, Joseph Garrou, après avoir obtenu le baccalauréat en 1916, devint surveillant d’internat au lycée de garçons de Bayonne (Basses-Pyrénées). Mobilisé en décembre 1917, il fut réformé peu après et reprit son poste qu’il occupa jusqu’en 1920. Il entra comme commis à l’économat des lycées Montaigne à Bordeaux (1920-1924) et de Pau (1922-1924). Après avoir été reçu au certificat d’aptitude aux fonctions de sous-économe, il fut détaché dans cet emploi au lycée français de Mayence (Allemagne). Son poste étant supprimé en juillet 1930, il fut muté au lycée Poincaré à Nancy (Meurthe-et-Moselle) où il demeura jusqu’en 1934.

Joseph Garrou se maria en août 1923 à Rebenacq avec une institutrice, militante socialiste SFIO (voir Marie-Antoinette Garrou) qui le suivit dans ses différentes affectations. Le couple eut un enfant en 1931. Franc-maçon, Joseph Garrou devint trésorier de la loge « Saint-Jean de Jérusalem » du Grand Orient de France à Nancy. Le 12 février 1934, il décida de faire grève et entraîna ses commis dans le mouvement. Il obtint un poste d’économe au lycée Ronsard à Vendôme (Loir-et-Cher) en octobre 1934. Il s’employa à transformer l’établissement qu’il quitta en décembre 1936 pour le lycée mixte d’Amiens (Somme). En 1939, il devint président de la section d’Amiens de la Ligue des droits de l’Homme.

En mai 1940, le lycée, détruit par les bombardements, fut déplacé aux lycées de Moulins (Allier) puis de Pau. L’économe revint à Amiens en septembre 1940 pour installer le lycée, privé de son internat, dans les locaux du Conservatoire. Sans logement, Joseph Garrou fut séparé de sa famille pendant dix-huit mois. Le 28 juillet 1941, il reconnut avoir été franc-maçon et avoir démissionné de la Franc-maçonnerie en juillet 1940. Le Journal officiel, les 29-30 mai 1944, publiait son nom comme ancien dignitaire. Le recteur décida de le relever de ses fonctions, mais la législation ne concernant pas les économes, il fut reclassé comme sous-économe au lycée Pasteur à Neuilly (Seine). Il refusa de rejoindre son poste, sollicitant sa réintégration à Amiens, en raison de ce qu’il avait fait en 1940. Le ministère décida de le payer comme sous-économe à condition qu’il rejoignît son poste à Neuilly, ce qu’il refusa à nouveau en raison de l’impossibilité de se déplacer dans cette région exposée aux combats.

En fait, ce refus s’expliquait surtout par sa responsabilité de dirigeant du mouvement Libération-Nord dans la Somme. Joseph Garrou, alias « Dossau » dans la Résistance, œuvra à la reconstitution clandestine de la SFIO dans la Somme. Il appartenait au petit groupe de personnes qui, dès le mois d’août 1940, se réunissaient périodiquement, autour de Léon Gontier*, dans différents cafés de la ville d’Amiens, dans le but de se regrouper et résister à l’occupation allemande. Cette association spontanée de socialistes, mais aussi de syndicalistes CGT, de démocrates-chrétiens et de francs-maçons donna naissance au mouvement Libération zone nord de la Somme (un des tout premiers groupes « Libé-Nord » créés en province), puis au Comité d’action socialiste (CAS) en juillet 1941, qui comptait une dizaine de membres, dont Léon Tellier*, Léon Gontier, Gaston Lejeune* et Joseph Garrou. Après l’arrestation de Louis Sellier* le 2 août 1943, Joseph Garrou lui succéda comme responsable civil du mouvement Libération-Nord. Il assura également avec Christian Vast* et Léon Tellier* les liaisons avec les administrations. Le Comité départemental de Libération clandestin se réunit à plusieurs reprises à son domicile, au 1 rue Frédéric-Petit à Amiens, à partir d’avril 1944.

Devenu vice-président du Comité départemental de Libération, il s’occupa de l’épuration dans l’enseignement et fut nommé délégué de la Somme au congrès national des États généraux de la renaissance française en juillet 1945 pour représenter la commission sur la pensée française, les lettres et les arts. En 1944-1945, Joseph Garrou était aussi président départemental du groupe Libération nord, membre du bureau fédéral du Parti socialiste, membre du bureau fédéral et délégué à la propagande de la Ligue des droits de l’Homme dans la Somme et membre du conseil d’administration du Courrier picard.

Son passé de résistant lui permit d’obtenir le poste d’économe du lycée Montaigne à Bordeaux pour la rentrée 1945. Il y resta jusqu’à sa retraite en 1960 après avoir été chargé, entre 1948 et 1951 du lycée climatique d’Arcachon et, dans la même période, d’organiser les repas des étudiants de Bordeaux. Désigné comme un intendant universitaire « de grande classe » à partir de 1954, commissaire aux comptes de l’association française du cautionnement mutuel, il fut actif dans les syndicats successifs de l’économat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24420, notice GARROU Joseph, Jean, Baptiste, Cyprien par Julien Cahon, Jacques Girault, version mise en ligne le 3 février 2009, dernière modification le 20 février 2010.

Par Julien Cahon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., 72 AJ 197, F1a 3240, F/17 27715. — Arch. Dép. Somme, 21 W 364, 99 R 333064. — Arch. OURS. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation. Persécution et résistance (1939-1945), Monaco, Éditions du Rocher, 2001. — Notes de Jean-Pierre Besse et de Gilles Morin. — Etat civil.

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