FUALDÈS Pierre, Henri, Lazare

Né le 13 février 1903 à Paris (XXe arr.), mort le 30 juillet 1977 à Vincennes (Val-de-Marne) ; graveur ; militant communiste de Vincennes puis de Fontenay-sous-Bois.

Pierre Fualdès
Pierre Fualdès
Photographie dans le dossier du Komintern

Son père Paul Pierre Jean, né en 1873 à Saint-Santin-d’Aveyron descendait de petits agriculteurs devenus ouvriers avec le développement du bassin industriel de Decazeville. Monté à Paris rejoindre son frère, il habita les Hôtels meublés où se retrouvaient les Auvergnats. Devenu garçon de café, il « séduisit » la fille de son patron cafetier rue des Petits Champs, Jeanne Élisa Codi, qu’il épousa le 6 mai 1902. Il disparut vers 1910. Pierre était encore un tout jeune garçon, il ne garda aucun souvenir de ce père.

Sa mère Jeanne Codi, fille d’un « bougnat » aux origines cantaliennes, (mais qui finira président du syndicat des marchands de vins avec la légion d’honneur), « mal mariée », abandonnée avec deux enfants était lingère à domicile.. En 1914, elle rencontra et épousa Charles Louis élevé chez Les Orphelins apprentis d’Auteuil où il apprit la typographie. Linotypiste, c’était un « anar au grand cœur » qui se fait chasser régulièrement des entreprises où il travaillait. C’est lui qui éleva Pierre et sa sœur Henriette et leur donna une culture ouvrière. Piere obtint le certificat d’études primaires.

Pierre Fualdès était de santé fragile, une poliomyélite mal soignée, lui laissait un « patte folle » et après des opérations un pied bloqué ce qui le faisait boiter. Il entra à l’École Boulle et, doué pour le dessin, devint graveur sur métaux. En 1923, il rencontra Germaine Renouprez (née en Belgique, réfugiée à Paris pendant la Première guerre mondiale) dans un bal où il jouait de la batterie. Mariés le 26 avril 1924, ils eurent deux enfants : Jean, né en juillet 1924 et Jacques, en novembre 1928.

Pierre Fualdès, graveur, travailla dans une pièce de son appartement de la rue de l’Orme (près de fortifs) dans le XIXe arr., puis il trouva un petit atelier en haut de la rue de Belleville, au pied du télégraphe. Il embaucha un arpète.

En 1931, il fut sollicité et recruté par l’Imprimerie Rouchet à Saint-Maur-des-Fossés qui fabriquait des étiquettes en relief pour fleuristes et pâtissiers, et utilisait des matrices gravées à la main. La famille habita Saint-Maur de 1931 à 1936. Il devint contremaître de l’atelier de "gravure à l’intérieur", "patron des graveur" dit-il, et gagna bien sa vie. La famille s’installa à Vincennes près du château.

Pendant son séjour à Saint-Maur, il s’intéressa aux problèmes sociaux. Il fut touché par les théories sur l’Abondance de Jacques Duboin et il adhéra, en juin 1935, au mouvement des « Jeunes équipes unies pour une nouvelle économie sociale » (JEUNES) qui comptaient parmi leurs animateurs Jean Nocher. Il fut responsable de l’équipe de propagande et fonda l’équipe locale de Vincennes forte de cinquante membres. Il finit par penser que "seul le PC pouvait appliquer l’économie distributive que les JEUNES souhaitaient. Il écrit en 1938 : "Pendant six mois j’ai servi les deux causes qui n’étaient pas a mon idée incompatibles à ce moment. J’ai été initié par Raymond Palot aux premières notions de marxisme ce qui m’a fait petit à petit perdre ma tendance Duboin-Nocher qui était gauchiste" (autobiographie de 1938).

Le contremaître, prit la tête de la grève chez Rouchet avec huit jour de grève sur le tas. Il se révéla organisateur et négociateur pendant l’occupation de l’usine, ce qui lui valut la reconnaissance des ouvriers (qui à la fin de la grève lui offrirent un « bronze d’art » dédicacé « à toi Fualdès… ») et l’animosité de la direction. Le 14 juillet 1936, il était dans le défilé avec ses deux fils.

Pierre Fualdès avait adhéré au Parti communiste (janvier 1936) et animé la section de Vincennes dont il devint secrétaire en 1938. Il suivit l’école des cadres et fut membre du comité régional Est parisien où il fit la connaissance de Jacques Duclos. Son fils aîné, Jean, militait aux Jeunesses communistes à l’École primaire supérieure Arago.

Fualdés remplit deux autobiographies rédigées par la commission des cadres, textes qui offrent un grande nombre d’informations. Toutes les deux furent clasées B (ne pas maintenir aux responsabilités). La première, sans date, est sans doute de fin 1937, la deuxième longue de 16 pages le 31 juillet 1938. La commission des cadre ajouta : secrétaire de section de Vincennes, retiré le 10 janvier 1939 du comité de section. Deux points inquiétaient la commission des cadres : son passage par l’organisation JEUNES et son statut flottant de contremaître et d’artisan.

Le Pacte germano-soviétique ne troubla pas Pierre Fualdès. En août 1939, il ne fut pas mobilisé étant réformé à cause de son handicap. Ayant perdu son travail, malade, il vécut dans une maison de convalescence à Tours en 1940. Rentré à Paris en début 1941, il reprit son métier de graveur chez un de ses camarades de Boulle. Sa situation était difficile avec une femme qui ne travaillait pas et deux garçons : Jean en EPS à Arago (il rêvait de devenir ingénieur chimiste comme son oncle maternel) et Jacques qui rentra à Boulle pour être graveur.

Pierre Fualdès fut arrêté en septembre 1942 et interné administrativement quatre mois à Pithiviers. Il fut très actif pour l’organisation de la vie des internés (son courrier à sa femme et à ses fils en porte témoignage) puis fut libéré à la fin 1942, sans doute pour raisons de santé. Sa famille était intervenue auprès de Marcel Capron*, maire d’Alfortville, mais rien n’indique que celui-ci soit pour quelque chose dans sa libération. Pierre Fualdès retrouva des camarades de parti mais n’eut pas d’activité dans la clandestinité et travailla à nouveau dans la gravure.

Son fils Jean fut membre éphémère du Comité local de Libération. Pierre Fualdès profita de la vogue du « plastique moulé » qui nécessitait un outillage gravé pour créer, au début des années 1950, une société coopérative ouvrière de production (SCOP) avec ses premiers ouvriers sortis de l’école Boulle et avec son fils Jacques.

Ne militant plus mais restant sympathisant communiste, solidaire des positions du PCF, il ne fut pas ébranlé par les premières révélations sur le stalinisme. Budapest comme Prague ne le firent pas changer et il resta proche des positions du PCF jusqu’à sa mort en 1977. Veuf depuis 1966, il était domicilié à Fontenay-sous-Bois depuis les années 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24423, notice FUALDÈS Pierre, Henri, Lazare, version mise en ligne le 2 février 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.
Pierre Fualdès
Pierre Fualdès
Photographie dans le dossier du Komintern

SOURCES : RGASPI, 495 270 2390, autobiographie 31 juillet 1938, 16 p., classé B. — La Voix de l’Est, 1938. — Renseignements communiqués par Jean Fualdès.

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