Par Eric Panthou, Augustin Jouve
Le 3 juillet 1944, cinq hommes furent condamnés par un tribunal de fait FFI pour vols et exécutés immédiatement le 3 juillet 1944 au Brugeron (Puy-de-Dôme), au lieu dit Le Crouhet. Sept autres exécutions, sans doute pour les mêmes motifs, eurent lieu dans la même commune dans les semaines précédant ou suivant cet événement.
Cinq hommes qui formaient un groupe d’amis, connus, engagés dans la Résistance, sans qu’on sache s’ils étaient organisés ou pas, furent arrêtés et accusés de vols et exactions, notamment dans des fermes isolées où vivaient des personnes âgées.
Les cinq hommes furent condamnés par un tribunal de fait FFI et exécutés immédiatement le 3 juillet 1944 au Brugeron (Puy-de-Dôme), au lieu dit Le Crouhet. Ce sont les MUR de la Trentaine d’Ambert sous la direction de Camille Chenier alias Camille qui ont jugé et exécuté ces hommes. Le maquis MUR venait juste de s’installer quelques jours plus tôt au Béal et au Brugeron, lieu-dit Vialle-Vieille. Chenier indique pour ce 3 juillet : exécution de 5 pillards au Brugeron après jugement par Conseil de Guerre".
Ce groupe a également procédé durant la période a plusieurs exécutions de miliciens dans le secteur. L’un de ses autres chefs était Lucien Licheron alias Lachal.
Les accuséss auraient volé des rouleaux de cuivre dans un dépôt selon le lieutenant qui a commandé le peloton d’exécution. Ce sont des prisonniers de guerre allemands qui creusèrent la tombe.
L’exhumation des corps eut lieu le 21 juin 1945, sur la requête des familles en présence du garde champêtre, de la Croix Rouge et d’un conseiller municipal. L’acte de décès indique que les hommes ont été "fusillés par les FFI".
7 autres hommes, sans doute également résistants, ont été exécutés par la Résistance sur cette même commune du Brugeron dans les semaines précédant ou suivant ce jugement exécutoire du 3 juillet.
On ignore quel groupe a décidé et mis en œuvre ces exécutions survenues à des dates et sur des lieux différents. Camille Chenier n’évoque pas ses autres morts en dehors de l’exécution du jeune Schmitt le 30 juillet 1944, sans qu’on sache s’il s’agit d’un résistant, mais c’est une probabilité.
Ce secteur du Brugeron/Renaudie/Chambonie rassemblait plusieurs maquis situés très proches les uns des autres, ces maquis se sont côtoyés, avec leurs divergences.
Des incidents sont évoqués avec les FTP, certains s’étant installé près de Fournols en janvier 1944, notamment certains évadés quelques semaines plus tôt de la prison du Puy.
Il existait un maquis au Brugeron courant 1943 et au moins jusqu’à début 1944, installé près de la jasserie Jacques Rodde, à 4 km au sud-est du Brugeron, au pied du col du Béal. Ce maquis pris le nom de "maquis Marcel" après la mort, par maladie, d’un des siens, Pierre Dessapt. Le maquis du Brugeron fut attaqué le 22 janvier 1944 par les GMR et fut considéré alors comme détruit, le groupe MUR du Brugeron "Nestor-Gaby", entre La Renaudie et La Chambonie, situé à proximité du groupe Vaillant-Couturier, s’est alors dispersé et a erré dans les montagnes plusieurs jours. Cette attaque du 22 janvier était une initiative des GMR de la Loire à la poursuite de réfractaires dans le secteur de Vollore-Ville et Le Brugeron. 3 hommes issus d’un groupe FTP de la Loire furent ainsi tués au Brugeron ce jour : Gauthier Hermann, Jacques Pichot, Marcel Imms
3 groupes de maquis sont sur la même zone en juillet et août 1944 : les MUR de la zone 16, les FTP du Camp Guy Moquet, et la Trentaine d’Ambert.
Selon les recherhes de Jean Gouttetoquet, le lieu-dit Vialles-Vieilles, avec 4 jasseries était devenu le PC des MUR de la zone 16, avec pour chef civil local Henri Chauny, ancien maire d’Augerolles révoqué par Vichy, à partir de Pâques 1944.
A partir de juillet 1944, était venue s’installer en ces mêmes lieux la Trentaine d’Ambert qui exécuta les 5 hommes le 3 juillet.
C’est plutôt un ou des groupes de l’Armée secrète qui semblent impliqués dans ces exécutions.
On ignore les raisons d’une telle sévérité et d’une telle concentration d’exécutions sur une même commune et à des dates différentes. Les recherches de Jean Gouttetoquet permettent d’émettre l’idée d’un autoritarisme trop appuyé des chefs du maquis, décidés à exécuter tous les éléments douteux. Un résistant ayant contesté cette orientation l’a payé de sa vie. C’était possiblement Henri Raboeuf, le dernier exécuté, celui peut-être dont on ne voulait pas qu’il reste un témoin gênant des actes commis.
Liste des victimes :
COGNASSE Marcel exécuté en mars 1944
DOUSSON Jean-Michel exécuté le 3 juillet 1944
DUSSERT Rodolphe exécuté le 7 août 1944
HERVIER André exécuté le 7 août 1944
JACQUES Mathurin exécuté le 3 juillet 1944
LEBLANC Pierre exécuté le 10 août 1944
LENGLET Nicolas exécuté le 3 juillet 1944
MALHAIRE Albert exécuté le 3 juillet 1944
MOIRAT Jean exécuté le 15 juillet 1944
PETITJEAN Auguste exécuté le 3 juillet 1944
SCHMITT exécuté le 30 juillet 1944
RABOEUF Henri exécuté le 10 août 1944
Par Eric Panthou, Augustin Jouve
SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 63/27 : MUR : Trentaine d’Ambert. Résumé historique des événements. — Paul Vallaude, "Juillet 1944. Cinq français sont exécutés par la Résistance dans un vallon du Crouet, commune du Brugeron", Bulletin du Cercle d’études sur la Seconde Guerre mondiale de Thiers et sa région, n°15, avril 2006, p. 22-25. — Augustin Jouve, "La Renaudie - Le Brugeron : un groupe du maquis", Bulletin du Cercle d’études sur la Seconde Guerre mondiale de Thiers et sa région, n°32, octobre 2014, p. 38. — Éléments transmis par Pascal Gibert, le 5 octobre 2021. — État civil Le Brugeron.