GRENÉ Marcel [GRENÉ-PÊTRE Marcel]

Par André Balent

Né le 16 avril 1927 à Paris (VIe arrondissement), mort le 27 juillet 1944 à Nérac (Lot-et-Garonne) ; résidant à Paris puis à Nérac et, enfin, à Seix (Ariège) ; collégien ; arrêté le 21 mai 1944 à Seix ; résistant de l’Armée secrète, homologué FFI

La famille de Marcel Grené était originaire de Seix (Ariège), un village pyrénéen du Couserans. Son père, Joseph Grené-Pêtre était né à Seix le 15 juin 1892. Lors du conseil de révision il est indiqué qu’il exerçait la profession de "cultivateur". Incorporé le 8 octobre 1913 pour son service militaire au 57e régiment d’Artillerie de Toulouse (Haute-Garonne), il participa ensuite à la première Guerre mondiale. Blessé le 13 février 1915, il fut muté le 30 mai 1917 au 81e régiment d’Artillerie lourde, puis, le 1er mai 1918. Il habita Seix après sa démobilisation en 1919 et travailla à nouveau sur l’exploitation agricole familiale. Ayant intégré les PTT, il quitta Seix et fut affecté à Paris où il était domicilié au 11 rue de Montmartre à partir du 28 juillet 1923. Muté à Nérac (Lot-et-Garonne), il s’installa avec sa famille dans cette localité à partir du 10 avril 1935. À Nérac, la famille Grené vécut d’abord rue Neuve, puis rue des Capucins.
La mère de Marcel Grené, Adélaïde, Germaine, Catherine Pujol Latour était née le 11 juillet 1984 à Seix dans une famille d’agriculteurs. Joseph Grené et Adélaïde Pujol se marièrent le 16 février 1920 à Seix. Leur premier fils, Joseph naquit en 1921 à Seix. En 1936, lors du recensement général de la population il était déclaré comme exerçant la profession de menuisier.

Marcel était donc le seul membre de la famille Grené qui n’était pas né à Seix. Joseph Grené mourut à Saint-Girons (Ariège) le 21 mai 1982. Il habita d’abord à Paris, puis, après 1935 à Nérac. Il fut scolarisé au-delà du certificat d’études primaires.

Pendant la guerre (à partir de quelle année ?), Marcel Grené vint résider à Seix, sans doute chez ses grands-parents. Il fut élève du cours complémentaire de cette localité, mais, du fait de son âge, ne l’était sans doute plus en 1944.

Le 21 mai 1944, il jouait avec trois amis de son âge sur la côte de la route qui conduit à Oust. Ils avaient placé quelques obstacles sur la chaussée afin de taquiner des filles qui circulaient à bicyclette lorsque des Allemands des forces d’occupation arrivèrent dans une camionnette qui assurait le ravitaillement de soldats stationnés dans le secteur. Pensant avoir affaire à un guet-apens de résistants, ils descendirent du véhicule et tirèrent sur les jeunes avec un pistolet-mitrailleur. L’un des quatre, Pierre Baby, fut mortellement blessé.

Le nom de Marcel Grené est signalé par Claude Delpla, historien de la Seconde Guerre mondiale en Ariège, dans son livre posthume (2019, p. 433). Il y explique que, le 21 mai 1944, il fut capturé à Seix (Ariège) par les Allemands alors que Pierre Baby avec qui il se trouvait fut mortellement blessé lors d’une tentative de fuite. Claude Delpla rajoutait que Grené aurait été torturé (vraisemblablement à Saint-Girons ?) et serait mort à la suite des tortures subies à une date indéterminée.

De fait Marcel Grené après s’être réfugié, avec ses deux autres camarades, dans une maison amie, décida de se rendre avec eux à la gendarmerie afin d’échapper aux recherches des Allemands. Les trois adolescents furent maltraités par les gendarmes qui les conduisirent à Saint-Girons où ils furent emprisonnés et encore durement maltraités (par les gendarmes ou par les Allemands de la Sipo-SD ?). Finalement, ils furent tous trois libérés grâce à l’intervention de M. Émorine un Alsacien-Lorrain.

Marcel Grené prit alors la décision de venger la mort de son ami Pierre Baby. Il revint à Nérac, chez ses parents et, bien que malade depuis son internement et les mauvais traitements subis à Saint-Girons, il s’empressa d’intégrer la Résistance.
Il rejoignit les rangs du Bataillon néracais de l’AS-Lot-et-Garonne.
Ses services sont homologués du 6 juin au 27 juillet 1944 (SHD, Vincennes, GR 19 P 47/3, p. 7 et 24).
Agent de liaison, lors d’une mission, il traversa la Baïse à la nage. Sa maladie empira et, finalement, le 27 juillet 1944, il mourut , à Nérac, des suites de celle-ci.

Son nom figure sur le monument aux morts de Seix. Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant (FFI). Il y a, au Service historique de la Défense (Vincennes), deux dossiers non consultés par nous au nom de Marcel Grené, né le 16 avril 1927 à Paris (6e arrondissement) : GR 16 P 269848 et GR 16 P 269892, avec des orthographes différentes, Grené et Grenet-Pêtre, avec les mêmes lieux et dates de naissance. Elles coïncident avec celles qui figure sur la liste nominative des habitants de Nérac (recensement de 1936). Il y a aussi un autre dossier au nom de Marcel Grené-Pétré au SHD de Caen, AVCC (cote AC 21 P 199169 non consultée). Les informations fournies par Kaddour Allag, des archives départementales de l’Ariège et Jean-Luc Marquer, rédacteur du Maitron des fusillés vont dans le même sens que nos recherches complémentaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244316, notice GRENÉ Marcel [GRENÉ-PÊTRE Marcel] par André Balent, version mise en ligne le 14 décembre 2021, dernière modification le 24 novembre 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23 fonds Claude Delpla, listes d’exécutés en Ariège ; 5 M 78, crimes allemands en Ariège ; 126 W 63, f° 602, registre matricule de Joseph Grené, père de Marcel ; 5 Mi 225, état civil registre des naissances, Seix, 1884-1897, acte de naissance de Joseph Grené Pêtre ; 4 E 5472, registres des mariages des communes des cantons de Massat et d’Oust, mariages à Seix, 1920, acte de mariage entre Joseph Grené et Adélaïde Pujol. — Arch. dép. Lot-et-Garonne, série 6 M, recensement de 1936, dénombrement de la population de Nérac. — Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, Le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [p. 433]. — Site Mémoire des Hommes consulté le 27 février 2021, le 9 décembre 2021 et le 4 mars 2022. — Courriel de Jean-Luc Marquer, 14 décembre 2021. — Renseignements communiqués par Kaddour Allag (Archives départementales de l’Ariège), courriel du 4 mars 2022.

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