ÉPINETTE Louis, Georges, dit MAILLET Louis et MAILLET Georges

Par Claude Pennetier

Né le 30 juin 1876 à Paris (Ier arr.), mort le 30 janvier 1958 à Paris (XVe arr.) ; chef de service à l’Assistance publique ; militant socialiste puis communiste ; conseiller municipal de Clamart (Seine, Hauts-de-Seine).

Fils de Ferdinand François Epinette, employé de commerce, et de Marie-Louise Pichard, sans profession, Louis Épinette fréquenta l’école publique de son quartier. « Très doué pour les études, il est déjà bagarreur et se querelle avec les élèves de l’école religieuse de son quartier » écrira sa fille Cécile. Elève à l’école Jean-Baptiste Say et à l’école Pascal, il a pour condisciples les fils de Jules Guesde, Mario et Léo et fréquente la famille Guesde. Il restera toujours l’ami de Léo Guesde et gardera une grande admiration pour Jules Guesde dont il adopta les idées. Il devint militant du Parti ouvrier français à partir de 1891.

Titulaire du baccalauréat ès sciences (1895), il fut appelé au service militaire en 1896 mais obtint un sursis comme étudiant. Tout en poursuivant ses études, il fut de mai 1900 à décembre 1902 secrétaire général de la mairie de Romilly (Aube) dont le maire, Henri Millet, était un militant guesdiste. Il fut également candidat à la députation dans le département de l’Aube, 1re circonscription de Troyes, en mai 1906, en même temps que Léon Osmin (circonscription de Nogent-sur-Seine) qui lui avait succédé au secrétariat de la mairie de Romilly.

Ayant échoué à son dernier certificat de licence, il dut faire son service de 1902 à 1904 et ne put terminer sa licence qu’en 1905. C’est pendant son service qu’il prit le pseudonyme de Maillet pour pouvoir dénoncer dans les journaux locaux les brimades des militaires.

La période 1904-1905 fut particulièrement difficile. Il fut répétiteur et professeur de sciences dans plusieurs établissements : l’Institution Chevallier (rue du Cardinal Lemoine), l’école Pascal (boulevard Lannes), l’école préparatoire à l’École centrale Duvigneau de Lanneau (boulevard Pereire) et l’École des sourds muets, dans ce dernier cas à titre bénévole. Il suit en même temps des cours de droit administratif pour passer, avec succès, le concours de rédacteur à l’Assistance publique de Paris. Il aimait rappeler qu’il avait eu la meilleure note à un devoir d’histoire sur la Révolution de 1848 « alors que ses tendances marxistes ne pouvaient échapper aux correcteurs ». Il fut donc administrateur des hôpitaux de l’Assistance publique à la Maison Dubois, à l’hôpital Necker puis à l’hôpital Bichat où il fut victime d’une épidémie de fièvre typhoïde qui eut des conséquences graves sur sa santé. Il adhéra aussitôt au syndicat des travailleurs municipaux puis à l’association amicale des rédacteurs de l’Assistance publique dont il était président en 1912.

Épinette, dit Maillet avait été délégué au congrès de la salle Japy (1899). Une profession de foi électorale de 1912 le présente comme un ancien membre du Groupe des étudiants collectivistes, « mais Georges Maillet ne se confine pas dans ce milieu un peu spécial ; il se mêle à l’action ouvrière. D’abord secrétaire de la commission de propagande de l’ancienne agglomération parisienne, il est désigné aux fonctions plus importantes de secrétaire de la Fédération de la région parisienne » (La Tribune sociale du XVe arr., 5 mai 1912). Au congrès national d’Amiens (1914), où il intervint longuement, au nom de la Fédération de la Seine, pour s’opposer à toute alliance avec les radicaux, il fut élu à la CAP. Auteur de nombreux articles d’une stricte orthodoxie guesdiste dans la presse socialiste, bon orateur, il avait été candidat socialiste aux élections municipales du 5 mai 1912 dans le quartier Saint-Lambert (XVe arr. de Paris) contre Adolphe Chérioux. Malgré une campagne active, Chérioux obtint deux fois plus de voix que lui.

Versé dans les services auxiliaires pour raison de santé, Epinette passa la Première Guerre mondiale au dépôt de Dreux où il organisa le service de renseignements aux familles.
À son retour, il quitta l’administration hospitalière pour entrer au siège de l’Assistance publique, avenue Victoria et vint habiter Clamart, quartier de Percy (22, rue Lily) où sa belle-famille possédait un pavillon. Épinette fit partie de la liste socialiste aux élections municipales de novembre 1919 ; les électeurs le classèrent en 7e position de la liste. Après le congrès de Tours, il rejoignit le Parti communiste mais se contenta d’un militantisme local qui laissa peu de trace jusqu’au Front populaire ; son nom n’apparaît pas parmi les candidats aux élections municipales de 1925, 1929, 1935 et ne fit donc pas partie de la première municipalité communiste de son ami De Saint-Etienne. Il était le seul administrateur de l’Assistance publique à avoir une carte de la CGT et le seul également à venir tous les matins avec l’Humanité sous le bras. À l’époque du Front populaire il écrivit un récit de la vie populaire comprenant des éléments autobiographiques ; il le fit dactylographier mais ne le publia pas (sa fille Cécile Rosset en conserve un exemplaire).
Nous retrouvons Epinette en 1939, retraité de l’Assistance publique, « membre de la Caisse des écoles », à la tête d’une liste de douze communistes (dont Fernand Besnier) et sympathisants aux élections municipales complémentaires du 30 avril 1939. Il recueillit au second tour 2 986 voix sur 9 080 inscrits et 7 097 votants et fut élu avec ses colistiers. Il fut chargé de la voirie mais, à la retraite depuis 1939, il partit se reposer dans le Morvan, à Anost (Saône-et-Loire) et ne revint que le 8 mars 1940 lorsque l’Assistance publique le rappela. Le conseil de préfecture le déchut de son mandat le 9 février 1940 pour appartenance au Parti communiste. Georges Prade, conseiller municipal du quartier de la Santé qui sera un collaborateur actif, s’étonna de sa présence dans l’administration pendant l’été 1940. Épinette fut interné au camp d’Aincourt de novembre 1940 à février 1941 et fit la comptabilité des avoirs des internés. Agé et malade, il fut libéré, écrit sa fille, « avant le fameux serment de fidélité à Pétain exigé peu après, qu’il n’aurait d’ailleurs jamais accepté de prêter. » Il fut placé en résidence surveillée à Anost. Un bref passage à Clamart faillit provoquer une nouvelle arrestation car on avait signalé à la gendarmerie sa visite à l’épouse de Roger Dumagny, détenu à Aincourt. Par chance, Épinette était déjà parti dans le Morvan quand les policiers en civil vinrent à son domicile. L’administration préfectorale le qualifiait de « propagandiste très dangereux », animateur de l’action communiste à Clamart.

Devenu invalide, il assista impuissant aux luttes entre la milice et le maquis dans son village de Bussy, près d’Anost. À la Libération, il constitua une cellule communiste active. Il retrouva son siège dans le conseil municipal provisoire de Clamart installé à l’automne 1944 bien qu’il soit en province. Il ne revient dans cette ville, auprès de sa fille Cécile qui occupait son pavillon, qu’en 1956. Atteint par le cancer il mourut à l’hôpital Necker le 30 janvier 1958. Même les événements de 1956 (XXe congrès du PCUS, Hongrie…) n’avaient pas ébranlé ses convictions et son attachement au Parti communiste. Resté attaché au guesdisme (il avait une bibliothèque riche en livres de Guesde et de ses proches, certains offerts par Guesde lui-même ou par Mario), il ne l’était pas moins à l’URSS stalinienne, au mouvement communiste international et au PCF dont il admirait l’organisation et la discipline.

Marié le 23 décembre 1905 à Paris XVe arr. à une sténodactylographe (Jeanne Revenu, 1888-1975) qui, issue d’une famille catholique, ne fut pas militante, il était père de trois enfants : Georges, né en 1906 à Paris, violoniste de talent, mort en 1929 ; Fernande, née en 1908 à Anost, infirmière ; Cécile, née à Dreux en 1918, institutrice puis professeur d’histoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24432, notice ÉPINETTE Louis, Georges, dit MAILLET Louis et MAILLET Georges par Claude Pennetier, version mise en ligne le 3 février 2009, dernière modification le 27 novembre 2013.

Par Claude Pennetier

ŒUVRE : À l’époque du Front populaire il écrivit un récit de la vie populaire comprenant des éléments autobiographiques ; il le fit dactylographier mais ne le publia pas (sa fille Cécile Rosset en conserve un exemplaire et en a confié une copie au Maitron).

SOURCES : Arch. PPo. 101. — Arch. Dép. Seine, DM3 et Versement 10451/76/1. — Arch. Dép. Aube, W 627. — L’Aube nouvelle, 15 avril 1939. — État civil, Paris 1er arr., 4 décembre 1980. — Encyclopédie socialiste, Hubert Rouger, Les Fédérations socialistes, t I, chapitre sur la Fédération de l’Aube, p. 126-142, particulièrement p. 138-139. — Notes de Jean Maitron. — Renseignements communiqués par Cécile Rosset-Epinette, février 2000. — Documents et lettres conservés par Madame Rosset : coupures de presse de 1906 à 1914 ; lettres diverses ; lettres du camp d’Aincourt.

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