FAÎTEAU Magloire

Par Claude Pennetier

Né le 25 mars 1904 à Mehun-sur-Yèvre (Cher), mort en déportation le 30 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; journalier puis cimentier ; militant communiste de Mehun-sur-Yvèvre.

Dessin de Magloire Faîteau réalisé au camp de Compiègne le 17 mars 1942

Fils de Édouard Léon Faîteau et de Marie-Louise Morizet, marié à La Chapelotte le 21 août 1927, journalier puis cimentier, Magloire Faîteau adhéra au Parti communiste en 1926. Il se présenta aux élections cantonales de 1934 à Mehun. À la création du rayon communiste de Mehun en 1936, Magloire Faîteau en devint le secrétaire. Il animait également le « comité contre le fascisme et la guerre ».

Veuf, il se remaria le 25 février 1939 avec Marthe Buret, veuve Brocadet. Il avait deux enfants (Hubert, 1932 ; Gérard, 1936) et élevait deux enfants (Suzanne, 1928 ; Odette, 1929) de sa nouvelle épouse.

En 1936, candidat à une élection partielle au conseil général, il se retira au deuxième tour en faveur du maire de Mehun, malgré son avance sur ce dernier. Faîteau fut critiqué par Gaston Cornavin et le bureau politique. Le Parti communiste le représenta pourtant au conseil régional en 1937. Il était toujours secrétaire de la section de Mehun en 1938.

Avant la guerre, Faîteau était employé aux Pompes funèbres générales de Mehun "où il était considéré comme un bon ouvrier". Profitant de sa mobilisation en septembre 1940 à Metz puis dans la Sarre, sa femme fit brûler tous les documents se rapportant au communisme. Il fut fait prisonnier mais "sur les démarches faîtes par la Société de Pompes funèbres générales et de sa femme", les autorités allemandes le renvoyèrent dans ses foyers. Il revint en déclarant à plusieurs reprises à sa femme et la sa fille que sa rencontre des soldats germaniques lui avait appris que "Tous les Allemands ne sont pas les mêms". À son retour, sa femme lui aurait, selon la police, fait jurer "de ne plus s’occuper de politique". La police ajoute : "Jusqu’à son incarcération, il n’a en effet fait l’objet d’aucune remarque défavorable au point de vue politique". Il avait repris sa place aux Pompes funèbres.

Son logis du 89 avenue Raoul Aladenise à Mehun-sur-Yèvre fut perquisitionné le 15 décembre 1940, sans résultat, puis Magloire Faîteau fut arrêté dans la nuit du 20 au 21 juin 1941, au moment de la déclaration de guerre à la Russie.
La police le décrivait alors ainsi : "1 m 73, cheveux châtain foncé, sourcils châtains, yeux marrons, bouche moyenne, rasé, visage ovale, teint mat, forte corpulence".

Dès son passage, à la prison du Bordiot à Bourges, il fit parvenir une missive au commandant de la Feldgendarmerie : "Une simple enquête à Mehun prouverait de suite, qu’à la sortie du travail je rentre régulièrement chez moi, travailler mon jardin afin d’alimenter ma famille composée de ma femme et des mes quatre enfants. Ceci est pour moi plus intéressant que de faire de la politique, dont je ne m’occupe d’ailleurs plus". Il quitta la prison du Bordiot le 30 juin 1941 pour le camp de Royallieu. Du camp de Compiègne, il déclara au préfet le 14 juillet 1941 "Je n’en fait plus [de politique] et ne veux plus en faire." Le 7 septembre, il affirmait ne pas avoir repris sa carte en 1939. On a gardé de lui un dessin du camp de Royallieu (Compiègne) du 17 mars 1942.

Sa femme écrivit le 3 septembre 1941, le 26 février 1942 puis le 8 mai 1942 au préfet du Cher pour obtenir sa libération, affirmant qu’il ne faisait plus de politique que libéré il ne ferait "rien de mal, ni contre les Autorités allemandes, ni contre la nouvelle Loi d’État français". Le commissaire spécial de Bourges était favorable à cette formule tout en le mettant sous la surveillante de ses services, mais les autorités allemandes décidèrent de sa déportation. Le 6 juillet 1942, il jeta un message du train indiquant qu’il partait pour une destination inconnue dans un train de wagons à bestiaux. Ce papier fut ramassé et communiqué à sa famille.

Il mourut déporté à Auschwitz (Pologne) le 30 septembre 1942. Deux survivants originaires du Cher dirent à la famille se souvenir de ce "copain [qui] ne pouvant plus travailler est mort dans la chambre à gaz et brûlé dans le four crématoire fin septembre 1942 au camp d’Auschwitz."

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative de la Fédération communiste du Cher à Bourges.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24442, notice FAÎTEAU Magloire par Claude Pennetier, version mise en ligne le 5 février 2009, dernière modification le 5 avril 2018.

Par Claude Pennetier

Dessin de Magloire Faîteau réalisé au camp de Compiègne le 17 mars 1942
Photo au camp d’Auschwitz

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 22 M 35, 21 M 36, 21 M 37, série W. — L’Émancipateur, 1926. — État civil de Mehun-sur-Yèvre. — Notes de Jean-Pierre Pyckhout. —Cercle historique mehunais, Les dits du dormeux, n°2, juillet 1986.

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