GUYOTAT Suzanne, Esther, Jeanne, Marie

Par Marie-Cécile Bouju

Née le 14 juillet 1912 à Bourg Argental (Loire), morte le 14 février 2011 à Lyon (3e arr.), bibliothécaire, résistante.

Suzanne Guyotat, surnommée Suzon, fait partie d’une famille de médecins. Licenciée en droit à la faculté de Lyon, elle devint bibliothécaire. Son premier poste fut la bibliothèque universitaire de Lille en 1938. Avant 1939, Suzanne Guyotat était membre de la JEC.
Proche de la famille Viannay, Suzanne Guyotat adhéra à Défense de la France en 1941. Elle avait quitté Lille pour Lyon où elle trouva un nouveau poste à l’université de Lyon en mars 1941.
Suzanne Guyotat fut chargée d’implanter en zone sud le mouvement, et notamment la diffusion du journal clandestin, et de créer des liens avec les autres organisations. Elle réussit notamment à travailler avec Combat – André Bollier (alias Vélin) l’aida notamment à imprimer Défense de la France à 100 000 exemplaires, - et Témoignage Chrétien. En 1942, toujours responsable du mouvement en zone sud, elle trouva ou monta une imprimerie à Grenoble et établit une première organisation pour la fabrication de faux papiers.
En 1943, elle partit pour Paris. En 1944, elle fut chargée de monter une imprimerie pour fabriquer des faux papiers (timbres notamment) et pour les Cahiers de Défense de la France rue de l’université. Elle fut aidée par le groupe de la rue de Lille. Le 4 avril 1944 elle fut arrêtée par la police allemande. Elle est torturée pendant trois jours. Incarcérée d’abord à Fresnes puis au Fort de Romainville, elle a été déportée le 15 aout 1944 à Ravensbrück, à Torgau, puis à Königsberg. Elle fut libérée 4 février 1945 par l’armée rouge et revint en France deux mois plus tard.
A la libération, après une période de convalescence, Suzanne Guyotat reprit des études de droit aux Etats-Unis (ce qui lui donna l’occasion de faire un stage aux Nations Unies). Elle reprit son métier de bibliothécaire en 1946 au ministère de l’Education nationale (Direction des bibliothèques). Elle travailla ensuite à l’Ecole française d’Athènes. En 1949, elle fut nommée à l’université de Paris. En 1960, elle fut affectée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC, aujourd’hui la Contemporaine à Nanterre). En 1964, elle y était encore, mais avec le titre conservateur des bibliothèques. En 1971, elle quitta la BDIC pour la Bibliothèque universitaire de Poitiers. Conservateur en chef, elle partit à la retraite en 1982.
Elle a été décorée de la croix de guerre 39-45, de la médaille de la résistance et a été promue officier de la légion d’honneur en 1970.
L’écrivain Pierre Guyotat est son neveu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244448, notice GUYOTAT Suzanne, Esther, Jeanne, Marie par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 21 décembre 2021, dernière modification le 21 décembre 2021.

Par Marie-Cécile Bouju

SOURCES : SHD GR 16 P 282384. – Olivier Wieviorka. Une certaine idée de la résistance : Défense de la France, 1940-1949. Le Seuil, 1995. - Anne-Marie Pavillard. « Les bibliothécaires de la BDIC sous l’Occupation », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 100, no. 4, 2010, p. 32-41. - « Hommage à Suzanne Guyotat, héroïne de la Résistance », Le Progrès, 7 mai 2007.
OEUVRE : Guyotat Suzanne. "La libération du camp de concentration de Königsberg en Neumark ; dit Petit Königsberg ; par un témoin". Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°2, 1985, p. 7-13 [en ligne].

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