PLASSE Maurice

Par Claude Latta

Né le 17 juillet 1926 à Montbrison (Loire), mort le 16 décembre 2017 à Montbrison ; dessinateur au bureau d’études de la société métallurgique Chavanne-Brun (puis Secim et Clecim) de Montbrison ; militant CFTC puis CFDT ; militant et responsable socialiste (MLP, UGS, PSU puis PS) à Montbrison ; adjoint au maire de Montbrison (1971-1973), conseiller municipal (1971-1977 et 1983-1989) ; militant associatif (Confédération syndicale des familles et Centre social de Montbrison) ; défenseur au tribunal des prud’hommes de Montbrison.

Né à Montbrison, Maurice Plasse était le fils de Jean Plasse et de Marie Dubruc, originaires de Bussy-Albieux et d’Arthun (Loire). Le père, Jean Plasse travaillait aux usines Chavanne-Brun. En février 1940, Maurice Plasse vint habiter avec ses parents dans le quartier de Rigaud, dans une maison du chemin des Clos où lui-même vécut jusqu’à sa mort.

Après des études à l’école primaire supérieure de Montbrison, Maurice Plasse devint en 1942 dessinateur industriel chez Chavanne-Brun. Il milita à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne), dans le sillage de son frère aîné André Plasse, qui fut un membre actif de la Résistance aux côtés de Jean Rolle et de l’abbé Dusserre.

Maurice Plasse se maria à Anna Fournier (« Nanou »), elle aussi venue de la JOC, une militante dont les avis comptaient beaucoup pour lui. Ils eurent trois enfants, André, François et Cécile qui leur donnèrent huit petits-enfants et onze arrière-petits-enfants. Maurice Plasse eut la douleur de perdre en 1976 son épouse ; il ne s’en consola pas.

Maurice Plasse fut un militant actif dans plusieurs organisations. Pendant plusieurs décennies, au sein de la Confédération syndicale des familles (CSF), il joua un rôle important dans la défense des locataires (il était devenu un spécialiste du calcul de la « surface corrigée » des logements) et dans la revendication d’une véritable politique de construction de logements. La CSF fut particulièrement impliquée, à Montbrison, dans la création du Centre social, géré par ses usagers, que la municipalité Poirieux mit ensuite en place, rue des Clercs. Maurice Plasse en fut l’un des membres fondateurs, membre de son comité de gestion, de sa fondation en 1973 jusqu’en 1989. Il défendit son indépendance vis-à-vis de la municipalité.

Maurice Plasse était surtout connu pour être un militant et responsable syndical de la CFTC, engagé dans les groupes « Reconstruction » qui réclamaient la « déconfessionnalisation » de la centrale syndicale. Celle-ci fut obtenue en 1964 et la CFTC devint alors la CFDT. Membre du comité d’entreprise de Chavanne-Brun, Maurice Plasse œuvra, dans une démarche unitaire, avec les délégués de sa centrale mais aussi avec ceux de la CGT (Maurice Delaigue), majoritaires dans l’entreprise, et de la CGT-FO (Nicolas Tziganok), au maintien à Montbrison du bureau d’études de Chavanne-Brun. L’entreprise, devenue ensuite la Secim puis la Clecim, fut à l’origine de la construction d’aciéries et de laminoirs dans le monde entier. Dans le cadre de son engagement syndical, Maurice Plasse joua aussi un rôle important comme défenseur agréé (CFDT) des salariés devant le tribunal des prud’hommes. Lors de ses funérailles, son fils François évoqua les nombreuses visites qu’il recevait chez lui le samedi après-midi et le dimanche matin, de gens venus lui demander de les défendre ou qui sollicitaient un conseil.

Au point de vue politique, Maurice Plasse venait de la JOC, des Équipes chrétiennes, très présentes à Montbrison à la Libération, puis du Mouvement de libération du peuple (MLP), un petit parti politique de la « deuxième gauche » qui essayait de trouver une place entre le Parti communiste et le Parti socialiste SFIO. Le MLP avait été fondé en 1950 par Louis Alvergnat, un Stéphanois, ancien secrétaire national de la JOC, puis résistant à Lyon, qui fut à l’origine, en 1956, de la création de la maison familiale de vacances de Saint-Anthème, considérée comme un modèle. Le MLP se fondit en 1957 dans l’Union de la gauche socialiste (UGS) qui fut ensuite en 1960 l’une de composantes du Parti socialiste unifié (PSU). À Montbrison, c’est le PSU (Maurice Plasse, Jean Vial, Gérard Rigaud) qui représenta longtemps la gauche non communiste, groupant les militants qui s’étaient formés dans la lutte contre les guerres coloniales (Indochine, Algérie) alors que le Parti socialiste SFIO était empêtré dans la répression en Algérie. Plus tard, en 1974, Maurice Plasse, avec Michel Rocard – qu’il admirait beaucoup – et les rocardiens, rejoignit le PS. Sur le plan local, il fut l’un des animateurs du GEAM (Groupe d’études et d’action municipales) qui groupait, à gauche, les militants politiques et associatifs.

En 1971, Maurice Plasse avec d’autres militants de gauche, fit partie de la liste victorieuse aux municipales derrière le Dr Poirieux qui rassemblait des candidats « sans étiquette » venus de la société civile et des militants venus de la gauche, tous soucieux de « faire bouger » la ville. La ville effectivement se transforma. Maurice Plasse fut pendant deux ans adjoint au maire, chargé du logement (la construction du nouveau quartier de Beauregard commença alors). En 1973, l’alliance entre la majorité municipale et la minorité de Gauche fut rompue à propos d’un conflit qui mettait en cause le service public du nouvel hôpital de Beauregard et la gestion indépendante du Centre social. Maurice Plasse dut quitter son poste d’adjoint. Élu à nouveau sur la liste de la Gauche en 1983, il fut conseiller municipal (minoritaire) de 1983 à 1995.

En décembre 1983, Maurice Plasse fut particulièrement honoré au Centre social à l’occasion de son départ à la retraite : hommage au militant qui avait été si souvent et si violemment attaqué et calomnié par ses adversaires ; Marc Fournier, alors président, André Reynard (de la CSF) et Claude Latta, ancien président, prirent la parole. Un télégramme de félicitations avait été envoyé par Jean Auroux, secrétaire d’État, ancien ministre du Travail qui était aussi maire de Roanne (Loire). La vie et l’action continuèrent. Retraité en 1984, Maurice Plasse continua à tenir ses permanences de la CSF pour la défense des locataires, et au Centre social, où tout le monde le connaissait : la réussite de celui-ci était l’une des causes qui lui tenait sans doute le plus à cœur. Les dernières joies de militant de Maurice Plasse furent la victoire de la gauche à Montbrison aux élections cantonales et municipales (la victoire de la liste Liliane Faure) en 2004 et 2008 et la célébration du 40e anniversaire du Centre social (2013).

Par la continuité de son action, son désintéressement, sa vision à long terme des événements mais aussi ses capacités tactiques dans l’action, Maurice Plasse a joué un rôle important dans l’histoire du mouvement ouvrier et du mouvement associatif à Montbrison où il a incarné les combats de la Gauche et du syndicalisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244655, notice PLASSE Maurice par Claude Latta, version mise en ligne le 5 janvier 2022, dernière modification le 5 janvier 2022.

Par Claude Latta

SOURCES : Collection des délibérations du conseil municipal de Montbrison 1971-1977 et 1989-1995. — Collections du Journal de Montbrison et de La Liberté. — Souvenirs et archives personnelles de l’auteur. — Entretien, janvier 2003 avec Maurice Plasse. — Entretien, décembre 2017, avec François Plasse, fils de Maurice Plasse.

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