PUJOL Alexandre, Jean

Par Daniel Grason

Né le 23 juillet 1901 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 24 janvier 1979 à Bruz arrondissement de Rennes (Ille-et-Vilaine) ; chaudronnier, soudeur ; communiste ; résistant ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils de Basile et de Joséphine Artis, Alexandre Pujol était marié et père de trois enfants. La famille vivait 97 avenue du Chemin de Fer à Vitry (Seine, Val-de-Marne). Il fut mobilisé le 7 septembre 1939 au 6ème Génie à Rochefort et démobilisé le 30 septembre 1940 à Orange.
Il adhéra au Parti communiste en 1936, à la cellule d’entreprise des usines Renault à Boulogne (Seine, Hauts-de-Seine). Pendant la guerre, il travaillait comme soudeur à l’arc chaudronnier à la SNCF, région Sud-Ouest. Résistant, il faisait partie d’un groupe composé d’Henri Koch, Raymond et Simone Labadie, Eugène Leroy, Gaston Chabrol et Jean Larchevêque. Pujol confectionnait des boîtes avec un système d’horlogerie à retardement qu’il donnait à "Renard" responsable du matériel de la région P 5.
Le 18 janvier 1943, quatre inspecteurs de la BS2 des Renseignements généraux se présentèrent à son domicile Baurès, Besse, Constant et Duprat. La perquisition a été infructueuse. Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police pour y être interrogé. Alexandre Pujol a été martyrisé lors de son interrogatoire. Il raconta à ses tourmenteurs comment il avait été contacté, puis fabriqué en perruque des engins explosifs. S’étant rendu compte « que l’organisation pour laquelle je travaillais s’occupait de terrorisme, j’ai décidé de rompre tout contact avec eux ». Il affirma avoir jeté les engins dans la Seine « à hauteur du pont suspendu de Vitry ».
Sur photographies il reconnut "François" et "Moulin", il s’agissait de René Renard et de Jean Debrais. Le premier avait réceptionné quatre grenades fabriquées par Alexandre Pujol.
Le 16 août 1943 Alexandre Pujol était dans le convoi de cinquante-deux hommes à destination de Mauthausen en Autriche. Parmi ces déportés, Edmond Hirsch, Jules Miline, Argiéris Papassawas, André Saltel, Lucien Séchaud, Henri Tison, Mayer Wechsler et Oswald Zavodsky.
Il a été affecté au kommando de travail de Melk en Basse Autriche. Il travailla au projet Quartz, à la construction d’une usine souterraine de roulements à billes pour les firmes Steyr, Daimler et Puch. Bien que quasiment achevée l’usine ne produisit aucun roulement à billes. Alexandre Pujol a été libéré le 5 mai 1945.
Il témoigna le 28 juillet 1945 devant les membres de la commission rogatoire chargé du dossier de l’inspecteur Gaston Barrachin. Il déclara concernant son arrestation : « J’ai été conduit dans les locaux des Brigades spéciales des Renseignements généraux où j’ai été détenu pendant onze jours à la salle 34. J’ai été remis aux Autorités allemandes qui m’ont incarcéré à Fresnes ».
« Sans avoir été jugé, j’ai été déporté le 16 août 1943 au camp de Mauthausen d’où j’ai été libéré le 5 mai 1945 ».
« Pendant mon séjour aux Brigades spéciales, j’ai été déshabillé, pendu par le bras gauche et frappé à coups de nerf de bœuf par les inspecteurs Baurès, B., C., D. et Barrachin. Ensuite j’ai été allongé sur une table et maintenu par quatre inspecteurs pendant que le cinquième continuait à me frapper, je hurlais de douleur et pour empêcher que mes cris soient entendus de l’extérieur, un des inspecteurs m’a enfoncé de force un mouchoir roulé dans ma bouche ».
« À mon arrivée à Fresnes, les Allemands n’ont pas pu me passer à la douche car mon corps n’était qu’une plaie ».
« Ces jours derniers, j’ai été radiographié et les médecins traitants m’ont déclaré que je portais toujours des traces de coups ».
Alexandre Pujol déposa plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent plus particulièrement contre ceux qui le martyrisèrent. L’un d’entre eux l’inspecteur principal adjoint Gaston Barrachin sera condamné à mort et fusillé le 19 janvier 1946 au fort de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine).
Alexandre Pujol a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut le 24 janvier 1979 à l’âge de 78 ans à Bruz arrondissement de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244664, notice PUJOL Alexandre, Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 janvier 2022, dernière modification le 4 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2309, 221 W 13 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 23 janvier 1943. Transmis par Gérard Larue : BS2 carton 41. – Bureau Résistance GR 16 P 493578. – Les policiers français sous l’Occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, 2001.

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