FAURE Pétrus

Par Jean-Michel Steiner

Né le 26 mai 1868 à Saint-Étienne (Loire), mort le 12 novembre 1948 à Saint-Étienne ; tailleur d’habits ; socialiste ; militant de la Libre Pensée ; maire de Saint-Étienne (19 août 1909-5 novembre 1910), président de la délégation spéciale du 11 au 27 novembre 1910.

Fils de Pierre Faure, tailleur d’habits, et de Mariette Sibert, couturière, c’est dans le monde du petit artisanat stéphanois, notamment de l’habillement, que grandit Pétrus Faure. Après avoir fait de modestes études à l’école laïque de la rue du Mont-d’Or, d’où il sortit à l’âge de 12 ans, il devint tailleur à son tour. Il se déclara « ouvrier tailleur » lorsqu’il épousa, le 30 août 1893, Catherine Dupuy, elle-même giletière, née à Saint-Étienne le 8 avril 1872. Moins de trois ans plus tard, le 2 avril 1896, Pétrus Faure, venait déclarer le décès de sa jeune épouse. En 1901, il s’installa comme marchand tailleur. Le 2 janvier 1902, il épousa en seconde noce Céline Donnet, couturière, fille majeure d’Antoine Donnet, et de Catherine Cursoux. Le 22 juillet 1904, naquit à Saint-Étienne leur fils René, Pierre.

Engagé volontaire pour cinq ans le 11 mars 1889, Pétrus Faure fut incorporé dans le 3e régiment de hussards le 14 mars 1889 comme cavalier de 2e classe. Passé dans la réserve le 11 mars 1892, il fut rappelé par l’ordre de mobilisation générale et affecté en août 1916 au 102e régiment d’infanterie, à la 13e section de commis. Le 22 août 1917, il obtint un sursis comme « tailleur d’habits ».

À partir du milieu des années 1900, Pétrus Faure fut, malgré lui, mêlé aux tiraillements d’une gauche stéphanoise déchirée entre les extrémistes virulents représentés par la figure de Ferdinand Faure et les modérés du socialisme indépendant admirateurs d’Aristide Briand. Ayant été élu conseiller municipal en 1904 pour le second mandat de Jules Ledin, Pétrus Faure tint pendant quatre années le rôle de rapporteur du budget. Ledin devenu député en 1906 démissionna laissant le fauteuil de maire à Auguste Plantevin. Neyret, intransigeant successeur de Plantevin, rendit hommage à la sagesse de Pétrus Faure en le qualifiant « de seul empêcheur de dépenser en rond dans son parti » !

Réélu le 10 mai 1908, démissionnaire dès le 13 mai 1908 avec tous les élus socialistes du canton Nord-Est, Pétrus Faure fut réélu lors du scrutin complémentaire du 14 juin. Plantevin n’étant plus présent dans le conseil, c’est Pétrus Faure qui prit la tête de l’opposition à Jean Neyret devenu maire. Le 1er août 1909, de nouvelles élections complémentaires ayant redonné une courte majorité à la gauche, Pétrus Faure devint maire lors de la séance du 19 août 1909 (19 voix sur 35 votants et 16 abstentions).

Le mandat de Pétrus Faure fut essentiellement consacré aux questions de l’énergie électrique et du gaz à Saint-Étienne. S’il fut élu conseiller général en 1910, l’échec du socialiste unifié Paoli entraîna une nouvelle crise au sein de la gauche municipale. Le prétexte en fut la discussion du projet d’emprunt de 5 200 000 F pour l’acquisition de l’usine à gaz et de ses dépendances lors de la séance du 21 octobre 1910. Les élus du Parti Socialiste unifié (SFIO) joignant leurs voix à celle de l’opposition libérale, contribuèrent à mettre le maire en minorité (19 voix contre, 17 voix pour). Démissionnaire avec toute l’administration le 5 novembre 1910, Faure fut nommé président de la délégation spéciale instituée pour remplir les fonctions du conseil municipal (décret du 11 novembre 1910).

Le scrutin de décembre 1910 vit s’opposer socialistes SFIO unifiés et socialistes indépendants, « briandistes » conduits par Pétrus Faure. Les premiers accusaient les seconds de « ministérialisme » et de « collaboration de classe ». La participation de Briand à divers ministères depuis 1906 n’avait-elle pas correspondu avec la répression de plusieurs mouvements grévistes ? L’organe local de la SFIO - L’Action ouvrière et paysanne - s’en prit plus à Pétrus Faure qu’à la liste de droite. La « bande à Briand » se vit ainsi rangée parmi « toutes les réactions » et ses candidats qualifiés de « traîtres » et de « renégats ». Pétrus Faure fut réélu le 27 novembre 1910, mais comme un des membres de l’opposition, la division de la gauche ayant permis la victoire de Jean Neyret. Réélu le 12 mai 1912, Pétrus Faure siégea jusqu’au 6 décembre 1919, toujours dans l’opposition à Neyret. Il échoua contre Antoine Durafour aux élections cantonales de 1925 : ce fut son dernier combat politique.

Membre de la Commission administrative des Hospices, délégué à l’hôpital de Bellevue « les malades trouvèrent à côté de l’administrateur affable et bienveillant, un cœur compatissant à leur infortune et à leurs souffrances et dont le souci était de veiller à ce que la plus grande déférence fut observée vis-à-vis d’euxé ». Pétrus Faure s’investit dans la vie associative : il fut pendant sept ans secrétaire de la Libre Pensée et pendant de longues années administrateur et vice-président des Hospices Civils. Il avait été initié à la loge « L’Industrie » du Grand Orient de France, le 23 mars 1904.

Dernier représentant du « socialisme stéphanois » a avoir exercé la magistrature municipale avant la Grande Guerre, Pétrus Faure appartenait à la mouvance très modérée qui suivit Briand et ne doit pas être confondu avec son homonyme qui fut maire du Chambon-Feugerolles de 1925 à 1971 et député de la Loire de 1932 à 1940.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244665, notice FAURE Pétrus par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 5 janvier 2022, dernière modification le 23 mai 2022.

Par Jean-Michel Steiner

L’organe de la Fédération SFIO de la Loire vent debout contre Pétrus Faure et les briandistes (décembre 1910)

SOURCES : Arch. Dép. Loire : 1 R 1272, classe 1888, subdivision de Saint-Étienne, matricule n° 861 — Arch. mun. Saint-Étienne : 9C2 29 à 31 Bulletin municipal (1908 à 1911) — 3 E 101, déclarations de mariages 1893 ; 4 E 103, déclarations de décès 1896 ; 2 E 138, déclarations de naissances de 1904 — Listes électorales 1 K 5 (1895), 1 K 7 (1905) – 1 F 38 recensement canton nord-ouest (1911) — Tribune Républicaine et Mémorial (1908-1911) — L’Espoir (1948).

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