Portrait d’auteur - Michel Gorand

Comment avez-vous découvert le Maitron ?

A partir de 1996, avec d’autres camarades cheminots, notamment Pierre Vincent de la CGT et Louis Botella de FO, je me suis impliqué, pour la CFDT, dans le projet d’élaboration (avec le concours du CCE de la SNCF) d’un dictionnaire « Maitron » des Cheminots, lequel est paru en novembre 2003 sous la direction de Marie-Louise Georgen. Il a été suivi en 2007, d’un CD comprenant 9.500 biographies de cheminots.

Sur quels corpus ou quels sujets avez vous travaillé pour le Maitron ?

J’ai d’abord travaillé sur le corpus « Cheminots ». Après avoir rédigé une biographie pour les responsables nationaux depuis l’origine du syndicat CFTC (1919) puis CFDT (1964), j’ai poursuivi mes recherches et mes correspondances afin de rédiger aussi de nombreuses biographies de militant-e-s syndicalistes CFTC/CFDT des instances régionales et locales.

Depuis l’année 2015, j’ai participé au développement du Maitron des fusillés en prenant en charge le département de l’Indre. Les lieux d’exécution de ce département (et quelques-uns de départements voisins) sont maintenant répertoriés et une biographie réalisée pour chacun-e de ces jeunes (et moins jeunes), résistants ou civils qui sont morts pour la Liberté pendant l’été 1944. J’ai notamment travaillé sur le drame d’Argenton-sur-Creuse, du 9 juin 1944, qui fit 67 morts.

Comment définiriez vous le Maitron ?

C’est le recueil des militant-e-s et responsables du mouvement social. En gardant le souvenir de leur action, le Maitron rend hommage à celles et à ceux « qui s’engagent » au service de diverses causes sociales : qu’ils soient importants ou modestes, ils sont les acteurs de l’histoire.

Une biographie à mettre en avant ?

C’est difficile de choisir mais, puisqu’il n’y a pas de critères imposés, je fais le choix de citer les biographies de Paul Butet et de Gilbert Billon. Pourquoi ?
D’abord, parce que j’ai de l’admiration pour les deux, pour leur action au sein de la CFDT ; ils ont, d’une part, joué un rôle important chez les cheminots dans l’évolution de la CFTC en CFDT en 1964 ; d’autre part, la pertinence de leurs interventions sur les problèmes économiques et sociaux des transports était reconnue non seulement au sein du monde syndical mais aussi dans les instances paritaires de la SNCF et au Conseil économique et social ; il en a été ainsi, entre autres, lors des réunions avec le Ministère et la Direction SNCF en 1968 ou lors de la plateforme intersyndicale sur la politique des transports en mars 1974. Leur engagement syndical a été durable et remarquable, leurs responsabilités ont été nombreuses et importantes, y compris à la retraite. Les qualificatifs sont insuffisants et il faut donc lire leur biographie pour mesurer ce qu’ils ont pu apporter, avec grande modestie, au mouvement social.

Retrouvez les notices du Maitron signées par Michel Gorand en cliquant ici.