CASANOVA Roger, Charles.

Par Jean-François Lassagne

Né le 7 juin 1944 à Luc (Lozère) ; dessinateur-projeteur à l’usine chimique UGILOR de Carling (Moselle) ; syndicaliste CGT, membre de la commission exécutive de l’UD-CGT de Moselle, élu à la commission exécutive fédérale, puis à la commission financière de contrôle de la Fédération nationale des industries chimiques, secrétaire général de l’Union locale de Saint-Avold.

Photo de Roger Casanova
Photo de Roger Casanova

Son père, Pierre-Ange Casanova était né le 20 novembre 1909 à Bastia (Corse), et mourut en 1990. Fils de gendarme, il travailla à la corderie où il était tourneur à l’atelier de réparation. Sa femme, Marcelle Bonsignour qui était née à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 30 décembre 1907, travaillait également à la corderie. Elle mourut en 1978. Leur mariage avait eu lieu 17 juillet 1937 à Marseille. Militant syndical à la CGT, Pierre-Ange Casanova participa à l’occupation de l’entreprise lors du Front Populaire et après sa fermeture il fut embauché à la réparation navale. Lors d’une réquisition par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, il sabota l’arbre à tourner d’un bateau allemand, puis à la suite d’une récidive, il fut arrêté, mais réussit à sortir grâce au directeur et au contremaitre qui le firent passer pour un simple d’esprit. Dès lors la famille partit vivre en Lozère où naquit leur fils Roger, son frère Alain était né le 17 juillet 1942 à Marseille.

Avec le retour à Marseille à l’issue de la guerre, le père retrouva son emploi aux chantiers navals, et Roger Casanova fréquenta l’école primaire du quartier de Mazargues jusqu’au CEP. Après deux années (sixième et cinquième) dans une école préparatoire, il entra en quatrième au lycée technique d’État, boulevard de la Corderie dans le septième arrondissement. En 1962, il obtint le Brevet d’enseignement industriel (BEI) de mouleur-fondeur. Puis il intégra l’école de dessin industriel à Marseille, où après deux ans d’études, il acquit le diplôme de dessinateur-projeteur en 1964. Il travailla alors dans le bureau d’études d’une société nationale de construction de bâtiments administratifs (GEEP CIC) , jusqu’à son départ au service militaire en novembre 1965 qu’il effectua durant seize mois à Saint-Avold en Moselle. De retour à Marseille, en 1967, à sa libération, et se voyant proposer une mutation en région parisienne, il essuya un refus à sa demande de doublement de son salaire. Il dut alors en passer par des petits boulots d’entreprises de nettoyage ou dans une imprimerie. C’est dans le train qu’il avait rencontré Micheline Lebranchu, sa future épouse, lors d’une permission qu’il passait en compagnie de Michel Fulla, frère du journaliste sportif Pierre Fulla. Il apprit par le « père Lebranchu », le père de Micheline, que l’entreprise UGILOR de la plateforme chimique de Carling (filiale de PCUK), en Moselle recherchait un dessinateur. Après la période d’essai de quinze jours, puis d’un mois, il fut embauché en juillet 1967, et dès lors travailla à la conception de nouveaux procédés et à leur développement, ainsi qu’à l’entretien de l’existant. Il se maria au mois de décembre. Micheline Lebranchu était née le 2 janvier 1946 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), la famille habitant alors Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). Elle occupa un emploi de secrétaire à EDF à Borny près de Metz (Moselle) jusqu’en 1972, puis elle milita à la FCPE, ainsi qu’à l’ATMF (Association de Travailleurs Marocains de France) à Saint-Avold. Durant plus de 30 ans jusqu’à sa disparition, le 21 avril 2017, elle fut secrétaire du Comité du Secours Populaire de Saint-Avold. Le couple eut trois fils et l’un d’eux Arnaud, grand sportif, avait escaladé plusieurs hauts sommets, dont le Kilimandjaro et l’Aconcagua. Puis il mena une carrière dans le football de haut niveau.

Le syndicat CGT d’UGILOR avait été créé au mois de décembre 1967, et Roger Casanova y adhéra au début de l’année 1968.

Alors que le mouvement de grève avait déjà démarré, le secrétaire Roger Guillot et le syndicat organisèrent une assemblée générale, et UGILOR se mit également en grève, les assemblées se tenant dans les garages. Sur 650 salariés, la moitié au moins était syndiquée à la CGT. La reprise se passa dans de bonnes conditions avec des hausses de salaires et la conquête de nouveaux droits syndicaux. Par la suite, chaque année connut des périodes de grève plus ou moins longues, pour des revendications salariales principalement. En 1973, Roger Casanova eut un premier mandat au comité d’hygiène et sécurité (CHS). La grève de la maintenance en 1975 fut un échec, par son pourrissement au bout de cinq semaines, le syndicat ne parvenant pas à élargir le mouvement à la production. Elle déboucha sur une défaite de la CGT aux élections et la perte de sa majorité au Comité d’entreprise au profit de la coalition CFDT-FO-CGC. Cependant deux ans plus tard, la CGT regagna une majorité écrasante.

En 1977, UGILOR devint une filiale de Charbonnages de France (CDF) sous le nom de Norsolor, où Roger Casanova occupa les mandats de secrétaire du CHSCT, puis de membre du comité d’entreprise. En 1988, la fusion de Norsolor et CDF Chimie Carling donna naissance à un nouveau Norsolor, dans le groupe ORKEM, sous la présidence de Serge Tchuruk. Dans cette nouvelle structure, Roger Casanova devint secrétaire du Comité de groupe réunissant tous les syndicats de la CGT des établissements. Par la suite, en 1991 le groupe éclata, et la plateforme de Carling passa à Elf-Atochem ; il devint membre du Comité central d’entreprise d’Elf-Atochem puis secrétaire, et membre du comité de groupe Elf-Aquitaine. De restructuration en restructuration, Elf-Atochem passa sous la coupe de Total, la plateforme de Carling devenant alors Atofina, dont Roger Casanova fut le premier secrétaire CGT du comité d’entreprise. Il avait été élu membre de la commission exécutive de l’UD de Moselle en 1980 pour un mandat, jusqu’en 1984, ainsi qu’à celle de la Fédération nationale des industries chimiques, puis à sa commission financière de contrôle, jusqu’après sa retraite en 2004. Il représenta l’UD-CGT au conseil d’administration de l’URSSAF de Moselle. Il participa activement à la création de l’UFTIC (Union fraternelle des travailleurs de l’industrie chimique), le comité d’entreprise se rendant alors acquéreur d’un café-chambre d’hôtes à Saint-Avold, qui fut transformé par la suite en centre social de loisirs et accueillit le siège du Comité inter-entreprise. Après Roger Guillot et Yves Meyer il devint président de l’UFTIC. Après la fusion-absorption de l‘UFTIC par l’ULVF, il en devint membre du conseil d’administration, ainsi que de celui du centre de vacances de la Petite-Pierre en Alsace, propriété de l’Union Fraternelle de la Moselle depuis son acquisition au moment du Front populaire par la CGT des métallurgistes de Moselle. Son action contribua à la rénovation du village et à la relance de ses activités.

Convoquée avec l’Union départementale pour la création de l’Union locale de Saint-Avold, l’assemblée générale des syndicats se tint le 4 décembre 1974 (dans une salle au-dessus du commissariat), en présence d’une cinquantaine de militants et militantes. Un collectif fut mis en place, et Roger Casanova se retrouva secrétaire général de l’Union locale, avec Bernard Lamm, militant de CDF Chimie pour adjoint. Lorsqu’il partit à la retraite en 2004, il poursuivit son activité dans les instances fédérales et départementale des retraités, tout en restant secrétaire général adjoint de l’Union locale à la demande de ses camarades. C’est sur sa proposition que le dernier congrès de l’Union locale vota son affiliation à la Fédération syndicale mondiale (FSM).

Roger Casanova était également trésorier du Comité du Secours populaire. Sympathisant communiste mais sans carte, il fut candidat à chaque élection municipale à Saint-Avold depuis 1971, sur une liste de gauche. Il fit partie des fondateurs de l’Association des contribuables du pays Naborien, qui grâce à un site internet (le petit Naborien) et aux réseaux sociaux, consultés par plus de 20 000 personnes, alerta les citoyens sur les abus de certains élus dont le maire. Cette initiative contribua à l’élection d’une nouvelle majorité municipale en 2020.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244851, notice CASANOVA Roger, Charles. par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 14 janvier 2022, dernière modification le 17 janvier 2022.

Par Jean-François Lassagne

Photo de Roger Casanova
Photo de Roger Casanova

SOURCES : Arch. de l’UD-CGT de Moselle. — Archives de l’IMHS — Entretiens avec Roger Casanova en 2012 et 2021.

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