ROUSSEAUX Auguste

Par Michel Thébault

Né le 25 mai 1887 à Mont-Saint-Jean (Aisne), abattu le 15 mars 1943 à La Tricherie (Vienne) ; manœuvre ; réfractaire au STO, évadé d’un camp de travail de l’organisation Todt.

Auguste Rousseaux était le fils d’Émile, Octave Rousseaux âgé de 29 ans manouvrier et de Marie, Juliette Dufrène âgée de 19 ans ménagère. Il fut convoqué en octobre 1908 pour le service militaire. Selon son registre matricule, il ne savait ni lire ni écrire, déclara la profession de manouvrier et demeurait chez ses parents à Brunehamel une commune au nord-est du département de l’Aisne. Incorporé dans le 6ème Régiment de Cuirassiers, il eut une période militaire perturbée par plusieurs condamnations dont une à 1 an de prison qu’il accomplit dans les prisons de Marseille puis Toulon. Libéré il fut à nouveau condamné à Rocroi en 1912 pour outrages à la Gendarmerie. Il résidait à Langeais (Indre-et-Loire) quand il fut mobilisé en mai 1915 dans l’infanterie, démobilisé après avoir combattu le 26 janvier 1919. Il s’installa alors en Belgique à Strée (province de Hainaut) et se maria le 26 juin 1919 à Charleroi (province de Hainaut) avec Louise, Marie, Ghislaine Régnier. Incarcéré pour vol à la maison d’arrêt de Rethel en mars 1921, il revint ensuite s’installer dans l’Aisne. Les condamnations se poursuivirent les années suivantes en 1928 devant le tribunal correctionnel des Ardennes puis en 1933 devant celui de Vervins (Aisne) pour contrebande et rébellion. Son registre matricule ne permet pas de suivre plus loin son parcours mais il semble qu’il se remaria à une date inconnue avec Delphine Goulard et qu’ils étaient tous deux incarcérés en 1942 à la prison de Vervins.

Il fut transféré de cette prison au camp du Huga sur la commune de Lacanau (Gironde). Ce camp situé dans la forêt à l’arrière de Lacanau-Océan regroupait des prisonniers coloniaux du Frontstalag 221 du camp de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, des requis du STO et donc des prisonniers de droit commun recrutés de force comme Auguste Rousseaux (son absence de tous les dossiers d’archives des SHD Caen et Vincennes plaide pour l’inscription dans cette catégorie). Avec deux autres camps installés dans la forêt le camp de Longarisse et un CTE (camp de travailleurs étrangers) de républicains espagnols, tous étaient contraints de travailler sous l’autorité de l’organisation Todt à la construction du Mur de L’Atlantique et plus précisément à Lacanau à l’édification de nombreux blockhaus et ouvrages associés. Auguste Rousseaux s’évada de ce camp le 4 mars 1943.
Le rapport du commissaire divisionnaire du Service régional de Police de sûreté de Poitiers du 16 mars 1943 (op. cit.) décrit les circonstances de son arrestation et de son décès : le 15 mars « vers 18 heures 15, un inconnu passa devant les gendarmes de La Tricherie. Les gendarmes ayant voulu l’interpeller, il prit immédiatement la fuite en direction de Châtellerault, d’abord par la route nationale, puis à travers champs. La poursuite semblant devoir tourner au désavantage des gendarmes, ceux-ci firent usage de leur revolver et neuf balles furent tirées dans la direction du fuyard ; celui-ci après avoir parcouru environ 1500 mètres, se jeta dans la rivière, le Clain. Les gendarmes, continuant à tirer le touchèrent. Seize balles étaient parties des revolvers ; la dernière seule devait atteindre l’inconnu et le blesser mortellement… le blessé eut la force de revenir vers la berge où se trouvaient les gendarmes, mais il s’écroula sans pouvoir prononcer un seul mot ». D’abord enregistré comme inconnu il fut identifié en avril 1943 suite au mandat d’arrêt délivré par le juge d’instruction de Bordeaux le 22 mars 1943 pour évasion. Il était âgé de 55 ans.

Ancien combattant de 1914 – 1918, manœuvre illettré et vivant manifestement dans la marginalité, il fut tué de 16 balles par des gendarmes alors qu’il n’avait commis aucun délit. Il n’a bien sûr laissé aucune trace mémorielle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244869, notice ROUSSEAUX Auguste par Michel Thébault, version mise en ligne le 14 janvier 2022, dernière modification le 16 janvier 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Dép. Aisne (état civil, registre matricule classe 1907 Laon matricule 1086) — Arch. Dép. Vienne, carton 1280 W 9 (dossier mis jour et dépouillé par Loïc Richard membre de l’association VRID Vienne Résistance Internement Déportation). — site internet Lacanau-Océan Le Mur de l’Atlantique.

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