Par Pierre Cardon
Née le 12 février 1925 à Paris (XIIe arr.), morte le 22 août 2011 ; soudeuse, docteur en sciences de l’éducation ; militante communiste ; maire adjointe de Levallois-Perret (1965-1983), conseillère générale des Hauts-de-Seine (1967-1982) ; résistante.
Issue d’une famille juive polonaise, les Medrzyzcka, ouvriers émigrés en France pour échapper à la montée du fascisme et de l’antisémitisme en Pologne, Suzanne dite Suzy quitta les bancs de l’école à quatorze ans et devint soudeuse dans différentes usines parisiennes. En août 1941 et juillet 1942, son père, puis sa mère furent arrêtés, internés à Drancy, puis déportés à Auschwitz d’où ils ne revinrent pas.
En 1941, à seize ans, Suzy Medrzyzcka travaillait dans la même usine que Paulette Sarcey qui, en 1942 la mit en contact avec Henri Krasucki, alors responsable d’un triangle de résistants communistes dans le XXe arrondissement de Paris. Il lui confia sa première action de résistance : un lancer de tracts au cinéma Bagnolet. S’ensuivirent des transports clandestins de matériel d’imprimeries, des collages d’affiches et des inscriptions contre l’occupant, notamment dans le quartier Pelleport à Paris (XXe arr.). En juin 1943, alors âgée de 18 ans, Suzy Medrzyzcka dût quitter Paris, ayant appris que Paulette Sarcey et Henri Krasucki avaient été arrêtés par les Brigades spéciales des renseignements généraux. Une amie résistante lui remit une fausse carte d’identité et elle se réfugia à Lyon (Rhône) chez son oncle et sa tante, des résistants lyonnais socialistes juifs. Elle prit part à leurs activités puis rejoignit un groupe de combat de la MOI ( Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée) et de l’Union de la jeunesse juive (UJJ). Elle s’initia à l’utilisation des armes et participa à leur transport. Les 24 et 26 août 1944, avec le groupe FTP-MOI « Carmagnole », elle participa aux combats lors de l’insurrection de Villeurbanne.
De retour à Paris après la Libération de la capitale, elle eut la joie de revoir son amie Paulette Sarcey, rescapée d’Auschwitz et de Ravensbrück.
En 1946, elle épousa Maurice Cohen (1927-2012), docteur en droit, juriste au journal de la CGT, la Vie ouvrière, et milita alors activement au Parti communiste.
En 1965, Suzy Cohen fut élue au conseil municipal de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine, où elle fut première adjointe au maire et chargée de la petite enfance. Elle mit en place au début des années 1970 une des premières expériences en France de « bébés nageurs », méthode issue des recherches de Myrtle Byram McGraw, psychologue développementaliste, et qui fut largement reprise par les clubs et municipalités. Candidate aux élections cantonales dans le canton de Levallois-Nord, elle fut élue dès le premier tour, le 24 septembre 1967, récoltant 5 256 voix (57,09 %). Élue à deux reprises au conseil général des Hauts-de-Seine, elle siégea jusqu’à en 1979. Jacqueline Uzan lui succéda en 1979.
Lors du mouvement de mai-juin 1968, elle fut très active sur son canton, participant à de nombreuses assemblées populaires à l’intérieur des entreprises occupées, notamment chez Mors et à l’imprimerie Paul Dupont à Clichy (Hauts-de-Seine).
Devenue artiste peintre et docteur en sciences de l’éducation, elle réalisa de nombreuses expositions et publia plusieurs ouvrages sur l’enfance.
Par Pierre Cardon
ŒUVRE : L’école des bébés, Paris, Éditions sociales, 1979. — De la crèche à l’école, Paris, Nathan, 1995. — Handicapés : l’accueil depuis l’enfance, Paris, PUF, 1999. — Sa vie c’est le jeu, Paris, PUF, 2003.
SOURCES : Antoine Porcu, Héroïques. Femmes en Résistance, tome II, Éditions Le Geai bleu, Lille, 2007. — L’Humanité, carnet, 25 août 2011. — État civil Paris (tables décennales). — Notes de Pierre Cardon pour 1968 et les « bébés nageurs ».