BONTOUX Henri [BONTOUX François, Henri]

Par Alain Dalançon

Né le 11 décembre 1872 à Simiane-la-Rotonde (Basses-Alpes/Alpes de Haute-Provence), mort le 26 juin 1949 à Marseille (XIVe arr.) (Bouches-du-Rhône) ; instituteur puis professeur adjoint d’EPS ; militant syndicaliste, secrétaire général de la Fédération des amicales des instituteurs puis président de l’Amicale des fonctionnaires des EPS (1922-1931) ; militant socialiste, adjoint au maire de Marseille (1929-1935).

Candidat au municipales de 1935 à Marseille

Son père, Jean, Louis, Polydore Bontoux, était propriétaire au bourg de Simiane ; sa mère, Léonie, Joséphine Brémond, 33 ans, était sans profession.
Henri Bontoux devint instituteur dans les Bouches-du-Rhône à Saint-Martin de la Crau en 1891 puis à Barbentane en 1892. Il effectua son service militaire au 55e régiment d’infanterie, du 11 novembre 1893 au 25 septembre 1894. Il épousa le 21 février 1895, Aimée, Marie, Elisabeth Paul (1872-1953) à Oraison (Basses-Alpes), institutrice à Barbentane, fille de Pierre, meunier, et de Marie Rémusat, sans profession.

Le couple obtint sa mutation pour Marseille en 1901. Du 67 chemin des Chartreux, il passa en février 1902, 37 rue Espérandieu, puis en juillet au 67, boulevard Saint-Charles où ils habitèrent longtemps. Ils eurent un fils, Paul, Louis, Pierre, né le 30 novembre 1902 à Marseille, mort le 12 octobre 1979 à Paris 14e, futur professeur qui épousa Marie-Louise Renard.

Henri Bontoux, distingué officier d’académie en 1903, milita activement dans la Fédération des amicales d’instituteurs et institutrices de France et des colonies dont il fut le second secrétaire général national, après Léo Lafon. Le 18 avril 1906, c’est lui qui présenta le rapport devant le comité administratif des amicales qui arrêta les statuts de la Fédération des amicales. Il militait en même temps dans le Syndicat départemental de la Fédération nationale des syndicats des instituteurs.

En octobre 1906, le syndicat des Bouches-du-Rhône engagea une campagne pour « soustraire l’avancement et la nomination des instituteurs aux influences politiques ». Or Bontoux et Michel étaient plus particulièrement visés : ils avaient obtenu leurs postes, de même que leurs épouses, au détriment « de maîtres plus anciens et tout aussi méritants » à la suite de l’intervention de Maximilien Carnaud, député socialiste unifié, à qui ils avaient rendu des « services électoraux ». Ils avaient en effet organisé une souscription en sa faveur auprès des instituteurs. Émile Glay relaya la campagne du syndicat dans l’Humanité et dans la REP, d’où une longue polémique avec Carnaud. Bontoux et Michel tentèrent de se défendre devant une assemblée générale des instituteurs marseillais qui leur infligèrent un blâme. Cette affaire provoqua des remous dans la Fédération des amicales qui les avait soutenus. Ils ne furent pas réélus au congrès de la Fédération en 1907. Mais Bontoux avait déjà obtenu un poste d’instituteur délégué à l’école primaire supérieure de garçons de Marseille où il fut distingué officier d’instruction publique en 1912 et où il effectua tout le reste de sa carrière qu’il termina le 1er janvier 1932 au grade de professeur adjoint.

Il milita donc à la Fédération des amicales du personnel des EPS. Dès 1912-1913, il en était secrétaire adjoint au titre de sa catégorie, puis trésorier en 1913-1914.
Mobilisé en décembre 1914 dans le 15e bataillon territorial de génie, le conseil de révision, en janvier 1915, lui reconnut une pharyngite chronique, si bien qu’il fut affecté infirmier auxiliaire et, après interruptions, il ne fut démobilisé qu’en janvier 1919.

Henri Bontoux retrouva sa responsabilité dans la Fédération des EPS et en fut le président de 1922 à 1931, avant sa transformation en syndicat. Il en fut la personnalité dominante avec François Dupas.

Nommé membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1928, il cumulait la participation à nombre de commissions officielles : commission pour réaliser l’Ecole unique présidée par Ferdinand Buisson, commission mixte pour l’amélioration de l’enseignement agricole dans le primaire, commission d’enquête sur la question des horaires et du surmenage scolaire. Il fut récompensé durant la période du Cartel des gauches en recevant la légion d’honneur en 1925 pour 35 ans de services, et quatre ans plus tard, fut nommé membre du comité d’administration de la fondation Fernand Buisson.

Après la circulaire Chautemps du 25 septembre 1924, et la recommandation du ministre de l’Instruction publique Anatole de Monzie du 20 juin 1925, ouvrant la voie à la transformation des groupements d’enseignants en syndicats, Henri Bontoux entreprit une première étape vers la transformation de l’amicale des EPS en syndicat, celle-ci prenant le nom d’Association "syndicale" des fonctionnaires des EPS, tout en restant régie par la loi de 1901. Elle entra, par le biais de son adhésion à la
Fédération des fonctionnaires, à la CGT en 1926, mais Bontoux était très réticent à la constitution d’une Fédération générale de l’enseignement confédérée, et avait, comme le reste de la direction de l’association, de très mauvais rapports avec ses dirigeants, Ludovic Zoretti et Lucien Mérat, par ailleurs tous deux agrégés. Fortement contesté dans l’association, d’abord pour une gestion
trop personnelle des affaires, une proximité trop grande avec les responsables du ministère, mais surtout pour avoir désengagé l’association du mouvement d’abstention aux examens décidé par la FGE, il ne se représenta pas aux élections internes de 1931, devant prendre sa retraite au 1er janvier 1932, alors que le congrès venait de décider la transformation de l’association en syndicat et la suppression du poste de président. La liste patronnée
par le bureau sortant, dirigée par Dupas, fut d’ailleurs balayée par celle menée par
Alcée Marseillan, soutenue par la direction de la FGE.

Henri Bontoux restait en même temps un militant socialiste, proche du docteur Siméon Flaissières, maire de Marseille de 1892 à 1902 puis de de 1919 à 1931. Après les élections municipales de 1928, il en devint le second adjoint en 1929, chargé de l’instruction publique et de la commission municipale de l’habitat et secrétaire de l’office public des HBM, tandis que Simon Sabiani était le premier adjoint, cumulant les mandats de député et de conseiller général. En réalité derrière cette façade, se profilait l’opposition entre deux clans. Simon Sabiani affirma son autorité dans la municipalité après la mort de Flaissières en mars 1931, en étant le véritable maître du pouvoir local, et en étant réélu député en 1932. Bontoux fut écarté de fait au conseil municipal dirigé par le radical Georges Ribot, tandis que Sabiani virait vers le nationalisme fascisant, en créant en 1935 le Front français puis en se ralliant en 1936 au PPF de Jacques Doriot.

Bontoux, passé dans l’opposition au conseil municipal, sur une base de critiques de la gabegie administrative et financière, se représenta aux élections municipales de mai 1935 comme tête de la liste du « Comité d’action sociale et économique », distincte de la liste conduite par le député socialiste Henri Tasso. Largement distancé au premier tour, il se désista, en demandant aux électeurs de « poursuivre leurs efforts pour abattre le sabianisme ». Il quitta ensuite le devant de la scène politique.

Il mourut le 26 juin 1949 chez lui, dans la splendide Villa Les Pavillons, 15 Chemin des Bessons, Sainte Marthe, Marseille 14e.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245001, notice BONTOUX Henri [BONTOUX François, Henri] par Alain Dalançon, version mise en ligne le 19 janvier 2022, dernière modification le 4 juillet 2022.

Par Alain Dalançon

Candidat au municipales de 1935 à Marseille

ŒUVRE : Résumé des travaux de la commission municipale de l’habitation, imp. municipale Marseille, 1932.

SOURCES : Arch. Dép. Alpes-de-Haute-Provence (état civil) ; arch. Dép. Bouches-du-Rhône, registre matricule, recensements à Marseille. — JO, lois et décrets, 18 octobre 1903, 14 juillet 1912, 17 décembre 1924, 17 juillet 1925, 19 février 1928, 21 mars 1929, 29 décembre 1929. — IFE , Associations d’amicales d’instituteurs. — Arch. IRHSES (Bulletin de l’enseignement primaire supérieur). — Presse locale dont, Le Petit Marseillais, 17 juin 1929, 28 octobre 1931, 9 mai 1935 ; Le Petit Provençal, 21 avril 1935, 3 mai 1935. — Jean-Baptiste Nicolaï, Simon Sabiani, un chef à Marseille 1919-1944, Olivier Orban, 1991. — Notes de Loïc Le Bars et d’Hervé Le Fiblec.

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