FLEUR Antony, Simon

Par Annie Pennetier

Né le 2 octobre 1876 à Besançon (Doubs), mort le 15 février 1944 à Auschwitz (Pologne) ; professeur ; militant des droits de l’Homme ; déporté racial.

Allée Antony (Anthony) Fleur à Quiberon

Antony Simon Fleur était issue d’une famille juive alsacienne, fils de Samuel Fleur, 33 ans, né à Niederbronn (Bas-Rhin), ministre officiant, et d’Eugénie Haas, 31 ans, née à Colmar (Bas-Rhin) , domiciliés 35 rue des Arènes à sa naissance puis 14 Grande Rue à Besançon (Doubs). Ils avaient choisi la France après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1871, ils étaient des Français optants.
D’après son registre matricule, en 1896, Antony Fleur était maitre-répétiteur. Il enseigna au collège Carnot à Fontainebleau en septembre 1898, au Grand lycée de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) en 1900, au lycée de Montluçon (Allier) en 1901, au petit lycée de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1902. En octobre 1914, il était domicilié 11 rue des Vierges à Vannes (Morbihan). Du point de vue militaire, affecté au 60e régiment d’infanterie en août 1901, il fut réformé le 30 juin 1903. Il rejoignit le service armé le 8 décembre 1914, versé au 85e RI en mars 1915, puis au 316e, il fut blessé au bras le 2 juillet 1916 et rentré au corps le 10 août 1916. Nommé sergent le 20 mai 1918, il fut évacué malade le 18 décembre 1918, et mis en congé illimité le 18 février 1919. Il était membre de l’Union départementale des victimes de la guerre et ancien combattant du Morbihan, section de Lorient (carte 1938 conservée) et de l’Union nationale des combattants (carte timbrée 1933-1938).
Converti au catholicisme dans le cadre de son projet de mariage, il avait épousé Marguerite Le Prado (née le 14 novembre 1886 à Quiberon) le 10 septembre 1912 à l’église de Quiberon (Morbihan) ; le couple eut trois filles Andrée née en 1912, Marguerite en 1914 et Colette en 1922. A cette date, il fut muté tant que professeur d’allemand au lycée Dupuy-de-Lôme à Lorient, ville où la famille habitait 48 rue Ratier.
Antony Fleur était membre de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Il coopéra avec la Ligue française pour les auberges de jeunesse créée par Marc Sangnier en 1929 ; il oeuvra d’ailleurs à la création de l’auberge de Quiberon. En 1939, il était membre honoraire du Comité d’action et de défense laïques du Morbihan. Par ailleurs, il adhérait à la Société française pour la propagation de l’esperento, à l’Association lorientaise des Beaux-Arts et à la Société d’horticulture de l’arrondissement de Lorient.
Pendant la guerre, il refusa de porter l’étoile jaune.
En 1943, sa maison ayant été endommagée dans les bombardements, il se replia sur la maison familiale de sa femme, 3 rue de Nancy à Quiberon. Retraité, âgé de 67 ans, il donnait quelques cours d’allemand dans un établissement scolaire replié sur l’île Berder, commune de Larmor-Baden dans le golfe du Morbihan.

Il fut arrêté à son domicile le 4 janvier 1944 par deux soldats allemands. Il s’opposa en allemand à l’arrestation de sa fille Colette, élève assistante sociale à Nantes présente pour les vacances de Noël, car de mère non-juive.
La rafle des Juifs du 5 janvier 1944 toucha les départements bretons, huit dans le Morbihan, dont deux à Quiberon, Antony Fleur et Rachel Benzon, commerçante en bonneterie, arrêtée à son domicile de Port-Maria, seule déportée revenue. Il fut interné à la prison de Vannes puis le 3 février 1944 au camp d’internement de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) sous le matricule 13556. Sa femme fit des démarches pour le faire libérer en tant qu’ancien combattant de 1914-1918, catholique père de trois enfants mais il n’avait pas les attestations que lui demandaient les autorités allemandes sur son lieu de détention. Il relata ses

Déporté par le convoi 68 parti de Drancy vers Auschwitz le 10 février 1944, il jeta une lettre par la fenêtre du wagon relatant ses conditions d’emprisonnement à Vannes . il y mourut rapidement . Décès fixé automatiquement à 5 jours après le départ.
Son acte de décès dressé le 16 août 1946 par le Ministère des Anciens Combattants (dossier n°15.637) a été transcrit en mairie de Quiberon.
Reconnu « Mort pour la France » mention faite le 12 novembre 1947, celle de « Mort en déportation » a été ajoutée le 1er juin 2010 à son acte de décès.
Son nom est gravé sur le monument aux morts de Quiberon où une allée proche de ce monument et de la maison familiale porte son nom. Une plaque commémorative honore sa mémoire sur la tombe familiale Le Prado du cimetière communal .
Son nom est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris et à Yad Vashem à Jérusalem.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245014, notice FLEUR Antony, Simon par Annie Pennetier, version mise en ligne le 22 janvier 2022, dernière modification le 12 septembre 2022.

Par Annie Pennetier

Allée Antony (Anthony) Fleur à Quiberon
Plaque sur la tombe familiale au cimetière de Quiberon.
Sépulture de la famille Le Prado
Monument aux morts de Quiberon.
Antony, Marguerite et Colette Fleur. Cliché recueilli par Ilan Braun
Antony, Marguerite et Colette Fleur. Cliché recueilli par Ilan Braun

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 450 543 (nc). — Arch. Dép. Doubs, registres matricules, 1896. — Mémoire des hommes. — FMD. — AJPN. — MémorialGenweb.— État civil, arch. mun. Besançon, acte de naissance 941, 1E 798 vue 317 (pas de mention marginale de mariage).— Photos à Quiberon, clichés Annie Pennetier. — [http://memoiredeguerre.free.fr/deportation/56/deport-juifs-56.htm#deb].— Annie Lambert, Claude Toczé, Les Juifs en Bretagne (Ve-XXe siècles), Presses universitaires de Rennes, 2006.— État civil, arch. mun. Besançon, acte de naissance 941, 1E 798 vue 317 (pas de mention marginale de mariage). — Ilan Braun, A la croisée des destins les Juifs dans le Morbihan 1939-1944 association Mémoire Yzkor, 2002-5762. — État civil de Quiberon, décès, et acte de naissance Marguerite Le Prado, n°77 (1886-1962 Paris XIe arr.).

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