MONESTIER Robert, Paul

Par Claude Pennetier

Né le 18 juillet 1910 à Bourg-Saint-Bernard (Haute-Garonne), mort le 24 octobre 1986 à Châteauroux (Indre) ; employé ; militant socialiste de la Haute-Garonne ; un des dirigeants de la Résistance dans l’Indre.

Fils d’un ouvrier maçon et d’une ménagère, Robert Monestier naquit dans une vieille famille de Bourg-Saint-Bernard, ses ancêtres étant à la fois paysans, ouvriers agricoles et artisans tisseurs. Son grand-père et son père, anticléricaux, votaient radical-socialiste. Robert Monestier gagna Paris en 1928, après avoir effectué son service militaire. Il milita dans le mouvement socialiste abondanciste (JEUNES) animé par Jean Nocher*. Il collabora particulièrement avec René Dumont, professeur à l’Institut d’agronomie, au sein du groupe « Dynamo ».

Il se maria le 16 septembre 1936 à Bourg-Saint-Bernard avec Raymonde Montagne, institutrice dans cette ville, née à Toulouse en 1909.

En juillet 1935, un grave accident le contraignit à une longue convalescence dans sa famille. Il ne resta cependant pas longtemps inactif, adhéra au Parti socialiste SFIO et mena campagne pour le candidat socialiste. Monestier évoqua lui-même cette année 1936 : « Dans l’arrondissement le PC était inexistant et un SFIO ne paraissait avoir aucune chance, aussi c’est presque de force que fut désigné, par la Fédération socialiste, un jeune militant paysan : Esparbès. Immédiatement, à une dizaine de jeunes camarades, nous avons entamé une campagne enthousiaste et Esparbès fut élu. Le principal cheval de bataille avait été la création de l’Office du blé. Aucune structure n’existant dans l’arrondissement pour permettre une saine application de la loi, il fallut, avant même le vote de la loi, créer une coopérative. J’étais chargé de cette opération et je représentais les coopératives socialistes au comité départemental de la Haute-Garonne de l’Office du blé. Automatiquement le siège de la coopérative, dont j’étais le directeur, devint en fait la permanence du député et par la force des choses, j’étais sur place un peu son représentant » (lettre du 25 janvier 1976). Monestier assurait le secrétariat de la section socialiste SFIO de Bourg-Saint-Bernard et, à ce titre, participait aux comités et congrès fédéraux. En juillet 1937, il fut délégué au congrès national de Marseille.

Monestier fut mobilisé en septembre 1939 dans l’infanterie alpine sur la frontière italienne et échappa à la captivité. La préfecture refusa de le réintégrer à l’inspection de l’Office du blé de Toulouse. Sa femme, institutrice à Bourg-Saint-Bernard, fut déplacée d’office. En septembre 1941, le ministère de l’Agriculture nomma Monestier à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et le chargea de l’inspection de l’Indre. En Haute-Garonne, il avait été en contact avec des fondateurs de Libération comme Julien Forgues*. Sa profession lui permit de se mettre en relation avec des socialistes, des syndicalistes ouvriers et paysans de l’Indre. Il dirigea les groupes Libération puis le Mouvement uni de résistance avant de devenir président du comité départemental de Libération.

Les résistants occupèrent les locaux du quotidien collaborationniste le Département et publièrent la Marseillaise. Monestier présidait la société propriétaire du quotidien, les actionnaires étant les trente-deux membres du comité départemental de Libération (dont douze communistes). Progressivement le Parti communiste gagna de l’influence et Monestier fut mis en minorité. Il quitta la présidence en septembre 1950 et tenta sans succès une action en justice en tant que fondateur du journal.

Monestier gardait sa sympathie pour la SFIO mais fut sans indulgence « pour le comportement des sociaux-démocrates », Jules Moch en 1947, Mollet et Lacoste pendant la guerre d’Algérie. Le 13 mai 1958, il participa au comité départemental de défense de la République contre le coup d’État gaulliste. Le 17 juin 1951, il avait été candidat du « Front uni paysan » aux élections législatives ; il ne fut pas élu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24505, notice MONESTIER Robert, Paul par Claude Pennetier, version mise en ligne le 11 février 2009, dernière modification le 27 août 2013.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Lettre de Robert Monestier, 25 janvier 1976. — M. Jouanneau, L’organisation de la résistance dans l’Indre, op. cit. — État civil.

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