Thines (aujourd’hui, Malarce-sur-la-Thines, Ardèche), 4 août 1943

Par Jean-Luc Marquer

Le 4 août 1943, une colonne allemande attaqua un groupe de FTP venus à Thines (aujourd’hui Malarce-sur-la-Thines, Ardèche) pour assurer la réception de parachutages.
4 maquisards furent tués durant les combats, 2 se suicidèrent, Le combat fit également 3 victimes civiles.

THINES (Ardèche)
THINES (Ardèche)
Photo : Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

Le 17 juillet 1943, venu de la région des Baronnies dans le sud de la Drôme, un groupe de résistants FTP (Francs Tireurs et Partisans) s’installa dans la commune de Thines (aujourd’hui Malarce-sur-la-Thines, Ardèche) à la limite de l’Ardèche, du Gard et de la Lozère, au village des Tastevins, au fin fond d’une vallée considérée comme inaccessible. Sa mission était de recevoir un parachutage qui devait avoir lieu le 10 août sur le plateau de Montselgues, à quelques kilomètres au-dessus du village où était cantonné le groupe.
Installé dans une maison louée par un pilote démobilisé originaire de Marseille, Jean-Marie Fournier, qui possédait à proximité une maison de famille, le groupe de FTP vaquait à ses occupations au vu et su de l’ensemble du village, qui avait accueilli avec sympathie les jeunes maquisards. Le 31 juillet arriva à Thines un inconnu qui dit apporter à Fournier des nouvelles de sa sœur restée à Marseille, et qui interrogea les habitants, puis les maquisards sur leurs intentions et proposa de se joindre à eux. Les maquisards refusèrent mais laissèrent partir l’inconnu.
Les jours continuaient cependant, on dansa même avec la population sur la terrasse de la maison le 1er août 1943 pour la fête du village.
Le 4 août 1943 au petit matin, le camp fut attaqué par une centaine de soldats de la Wehrmacht venus de Nîmes (Gard), et guidés par un milicien.
Ceux-ci ordonnèrent aux maquisards de se rendre mais leur réponse fut une rafale de mitraillette. Dès lors la maison fut mitraillée à son tour.
Les huit jeunes FTP résistèrent pendant plusieurs heures.
Le témoignage d’un des deux survivants du combat livré à Thines, Fernand Arnaud, (recueilli le 17 mars 1945, publié dans L’Ardèche martyre d’A. Demontès, voir sources), retrace avec précision l’itinéraire suivi par ses camarades et lui-même.
Ils venaient d’un camp de FTP de la région de Buis-les-Baronnies (Drôme), le maquis de La Fournache.
«  Courant juillet, au camp (de la Fournache), des volontaires furent demandés pour la formation d’un « corps franc ». Je me fis inscrire avec sept de mes camarades : Charlie, qui fut notre chef (Charles Blanc), Riquet (Henri Silhol), Maurice (Maurice Finck), Gaston (Gaston BERNARD- en fait Georges Marcel BERNARD -), Jojo (Georges BERNARD), Mathieu (Mathieu Ferrer), et Alphonse (Alphonse Bataille). Nous fûmes dirigés vers Marseille et de là sur Thines (Ardèche) où nous devions assurer la réception des parachutages. A Thines, nous fûmes installés dans une maison sise au Tastevin, hameau situé à 3 kms environ en amont du chef-lieu (…) a 200 mètres de là siégeait notre état-major dont le chef était un commandant américain parachuté appelé Freddy – en fait le capitaine Frédéric Brown, membre de l’OSS, responsable du réseau Tomy, commanditaire de l’opération – secondé lui-même par nos camarades Jacques (Legendre Jacques) -en fait Jean Legendre- et Jean-Marie (Fournier Jean-Marie) et qui correspondait avec Alger par radio.  ».
Quatre résistants trouvèrent la mort durant les combats : Alphonse Bataille, Mathieu Ferrer, Maurice Finck et Henri Silhol. Deux autres se suicidèrent.
Fernand Arnaud relata ainsi les circonstances de la mort de Charles Blanc et de Georges Bernard : «  (…) deux de nos camarades Charlie (Charles Blanc) et Gaston (Georges, Marcel BERNARD) désespérés et en ayant assez, décident de se donner la mort et nous font leurs adieux. Charlie demande à celui où à ceux qui resteront, s’il y en a, de les venger. »
Georges BERNARD, dit Jojo, fut fait prisonnier. Seul Fernand ARNAUD, bien que grièvement brûlé, parvint à s’échapper.
Dans la confusion, les militaires fusillèrent ensuite trois habitants, trois civils à l’on ne pouvait reprocher que d’habiter à proximité du camp des maquisards : Clémence Bastide, veuve Louche, âgée de 89 ans, Victorin Niel, son petit-fils, et Isidore Bonnaud.
Un monument commémoratif fut érigé au hameau de Tastevin et une stèle plus modeste y fut également érigée sur le lieu même où furent trouvés les corps.



Liste des Victimes :
 
Clémence Bastide, veuve Louche
Charles Blanc
Alphonse Bataille
Georges Marcel BERNARD
Isidore Bonnaud
Mathieu Ferrer
Maurice Finck
Victorin Niel
Henri Silhol

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245105, notice Thines (aujourd'hui, Malarce-sur-la-Thines, Ardèche), 4 août 1943 par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 25 janvier 2022, dernière modification le 25 janvier 2022.

Par Jean-Luc Marquer

THINES (Ardèche)
THINES (Ardèche)
Photo : Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0
THINES (Ardèche)
THINES (Ardèche)
Photo : Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

SOURCES : Arch. Dép. Drôme, fonds Vincent-Beaume, 9J3 et 1920 W, Archives remises à l’AERD par le fils d’André Vincent-Baume, puis déposées aux Arch. Dép. Drôme. — Le Musée départemental de la Résistance en Ardèche et de la Déportation, La Résistance en Ardèche, CD-ROM, AERI, 2004. — A. Demontès, L’Ardèche martyre, imp. Mazel, Largentière, 1946. – Silvain Villard, La tragédie de Thines, Privas, 1981— Arch. Dép. Drôme, fonds Vincent-Beaume, 9J3 (Cuminal, 1961) page 23. — Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, thèse Université Paris IV Sorbonne, 2001, base de données noms. — Thèse A. Chaffel, page 25. 42. — Cl. Genest, Tain, page 619. — Cdt Pons, De la Résistance à la Libération, rééd. 1987, p. 281. — L-E Dufour, Drôme terre de liberté, PL-NT 1994, p. 58. — Notes de Pierre Bonnaud. — Geneanet. Musée de la Résistance en ligne

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