SERRE Auguste [ dit le Sergent] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né le 13 octobre 1856 à Annonay (Ardèche) ; ouvrier mégissier ; anarchiste de Chaumont (Haute-Marne).

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Auguste Serre avait travaillé à Annonay de 1872 jusque 1883. Le 16 décembre 1882 à Annonay, il épousa Pauline, Céleste Bouchet, ménagère.
Auguste Serre dit Le sergent, ouvrier mégissier à la ganterie Tréfousse à Chaumont (Haute-Marne) et demeurant 16 rue de la Gendarmerie, joua un rôle actif tant dans son syndicat de mégissiers dits « de rivière » qu’à la Bourse du Travail dont il fut un des dirigeants jusqu’au 20 février 1895, date à laquelle il fut évincé du Comité directeur comme tous ses camarades anarchistes.
Serre était le secrétaire du groupe anarchiste de Chaumont fondé en 1891 par Marie-Eugène Bresson. Le groupe se réunissait en 1891-1892, dans un local à côté de l’abattoir, puis chez Humblot, l’un de ses membres, ensuite aux cafés Geoffroy et de l’Arqubuse.
En avril 1892, le groupe anarchiste de Chaumont fit venir le conférencier Girard, dit Rodach de Paris et Louis Maury de Troyes. Ces deux orateurs firent dans leur conférence l’apologie de Ravachol et des explosions qui venaient de se produire à Paris.
Cinq des principaux membres du groupe Nicolas, Serre, Auguste Humblot, Monfils et Bresson furent arrêtés le 22 avril, sous l’inculpation d’association de malfaiteurs. Les perquisitions opérées firent découvrir à leurs domiciles des brochures et des journaux anarchistes en langue espagnole et française. Chez Serre, la police saisissait 24 numéros du Père Peinard et de La Révolte, quelques brochures anarchistes et une lettre signée Louis, sans doute Louis Maury de Troyes qui était venu faire une conférence à Chaumont avec Rodach . Selon la police il était alors l’un des correspondants locaux avec Bresson de La Révolte et du Père Peinard.
Rodach fut transporté à Paris où il était déjà l’objet de poursuites.
Serre ne fut libéré le 11 mai qu’après 20 jours de détention.
Son nom figurait sur un carnet d’adresses saisi en mai 1892 lors d’une perquisition chez Sébastien Faure à Marseille.
La procédure ouverte contre Serre, se termina par un non lieu le 16 mai 1892.
A la suite de ces arrestations le groupe de trouva désorganisé et ne se réunissait plus, mais chaque membre recevait toujours les journaux anarchistes, soit par la poste, soit par l’intermédiaire de la bibliothèque de la gare. Humblot, Serre, Nicolas, Montfils qui travaillaient ensemble se voyaient presque journellement
Le 18 décembre 1893, il était classé comme anarchiste dangereux. A cette époque, il envoyait des articles au Père Peinard et à la Révolte et était en relation avec Sébastien Faure.
Après l’attentat commis par A. Vaillant, il fut inculpé d’association de malfaiteurs. On avait découvert chez lui, lors d’une perquisition, le 17 janvier 1894, onze numéros de La Révolte, dix-neuf du Parti ouvrier, deux du Père Peinard, un du Chambard socialiste, etc... Tous ces documents le firent mettre en arrestation et transférer le 19 janvier, avec Bresson à Paris où le mandat d’amener avait été lancé par le juge d’instruction Meyer. Il fut à cette occasion photographié par le Service d’identité judiciaire de Bertillon, lors de son passage au Dépôt de la Préfecture de police, le 20 janvier 1894.
Bientôt libéré parce que jugé, malgré tout, peu dangereux, il dut faire appel à l’Assistance publique pour son rapatriement, ses moyens ne lui permettant pas de payer son retour par le chemin de fer.
Comme ses camarades anarchistes -dont Bresson, Humblot et Nicolas - , il fut porté, le 31 décembre 1894, sur l’état récapitulatif des anarchistes à résidence fixe avec l’observation suivante : « À surveiller en raison de son caractère violent et brutal et des idées anarchistes qu’il professe ouvertement. »
Cette surveillance ne l’empêcha pas de reprendre la lutte et, en 1896, il fut aux côtés de Nicolas, Humblot et Exbrayat dans le Comité électoral ouvrier qu’ils avaient constitué en vue d’une participation de principe aux élections municipales. Il escorta aussi Sébastien Faure dans tous ses déplacements à Chaumont pendant son séjour.
Sur l’état récapitulatif des anarchistes de Chaumont au 31 décembre 1896, il était noté : « Ne s’occupe plus de rien, mais il suivrait le mouvement. »
En avril 1900, une note de police indiquait : « Serre paraît s’être amendé au point de vue des manifestations, mais il doit avoir conservé ses opinions. Autrefois c’est lui qui distribuait les journaux et brochures, aujourd’hui il s’en occupe moins. » Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1900, avec la mention « n’est plus anarchiste militant ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245150, notice SERRE Auguste [ dit le Sergent] [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 26 janvier 2022, dernière modification le 4 février 2022.

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Arch. Dép. Haute-Marne, 88 M 1, 3, 230 M 1 et 11. — Le Petit Champenois, 8 mai 1892 et 25 janvier 1894 — Archives Nationale BB 186451, F7/12504, F7/12507 — Archives de la Préfecture de police Ba 1499 — Le Petit Journal 20 janvier 1894 — Le Petite République 23 janvier 1894 — Archives départementales de l’Ardèche. État civil — Notice Auguste Serre du Dictionnaire des militants anarchistes.

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