SICARD André [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 25 décembre 1861 à Nîmes (Gard), mort le 6 février 1920 à Paris (VIe arr.) ; tailleur d’habits ; anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

André Sicard était de la classe 1881, il fut réformé par le conseil de révision de Paris pour « défaut de taille ».
Le 8 février 1885, il fut arrêté lors d’une descente de police dans une réunion au café Renaudin, rue Coquillière, pour provocation à un attroupement. Cette réunion anarchiste avait pour but de convoquer les « ouvriers sans travail » sur la place de l’Opéra. Un appel avait été rédigé :
« Grand meeting des affamés.
Aux ouvriers sans travail.
Camarades,
Votre gouvernement vous vole ; vos représentants se gobergent et ils se moquent de vous ; les votes récents du conseil municipal et de la Chambre l’ont prouvé. Deux cent cinquante mille des nôtres sont sans pain, et vous savez l’asile que leur réserve la préfecture de police. Votre misère côtoie dans la rue la débauche des possédants, débauche entretenue par l’argent que vous avez produit et qu’on vous a volé. Il faut que cela cesse. Plus de paroles plus de mises en demeure. Des faits, des faits, et encore des faits !
Camarades, Finissons-en !
Venez lundi, à cinq heures du soir, sur la place de l’Opéra. Venez-y tous ! Venez étaler vos guenilles en face de la splendeur des riches, et montrer votre misère aux accapareurs, non pour leur faire pitié, mais pour leur faire peur.
La Commission exécutive organisatrice des meetings des salles Lévis, Favié et Chaynes. »
M. Clément, commissaire de police aux délégations judiciaires, se présentait dans la salle de billard, située aux premier étage, accompagné de sept ou huit gardiens de la paix et d’autant d’agents en civil.
Vingt-trois anarchistes étaient réunis là, se partageant une grande quantité d’ imprimés qu’ils devaient distribuer dans Paris et spécialement dans les ateliers.
Tous furent mis en état d’arrestation et conduits au Dépôt. Parmi eux, les compagnons Wilhelm, Deluze, Quinque, Denéchère, Le Boloch, Poutel et André Sicard. Aucun ne résista. Quelques-uns d’entre eux avaient été trouvés porteurs de revolvers, de casse-tête et de coups de poing.
Pendant ce temps, d’autres anarchistes collaient dans les faubourgs huit mille de ces petites affiches nommées « passe-partout ».
Sicard fut conduit à la Préfecture de police et fut relâché le 13 février après une ordonnance de non lieu.
En 1884, il demeurait 76 rue Marcadet ; en 1885, 74 rue Labat et depuis le 19 août 1892, 13 rue de la Vieuville.
André Sicard figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893, il demeurait 38 rue de Bellefond (relevé du 6 mars 1893 par la 2e brigade de recherches).
Le 30 juin 1894, le Préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener à son encontre. Il était soupçonné de participer à une association de malfaiteurs (loi du 18 décembre 1893).
Le 1er juillet 1894, lors de la grande rafle de 155 anarchistes, le commissaire Benezech, se présenta à son domicile situé dans un hôtel meublé, au 4e étage, André Sicard s’y trouvait avec sa maîtresse Marie Hubin. Il travaillait comme chef d’atelier chez MM. Moreau et Desailly 47 boulevard Hausmann où il gagnait 9 fr. par jour. Il affirma au commissaire qu’il n’était pas anarchiste et que si la police le considérait comme tel, c’était à cause de son arrestation au café Renaudin en 1885, alors qu’il s’y était trouvé par hasard.
La perquisition ne donna aucun résultat. Il fut transféré au Dépôt de la Préfecture de police.
Le 4 juillet 1894, il comparut devant le juge d’instruction Franqueville, il confirma devant lui qu’il n’était pas anarchiste. Celui-ci le fit emprisonner à Mazas.
Le rapport de la Préfecture de police le concernant indiquait : « Ce n’est qu’en mai 1892 qu’il est signalé comme l’auxiliaire le plus dévoué de Dupont dans la publication du journal Le Père Peinard, il a cette époque comme maîtresse la femme d’un compagnon Deschamps. »
Le 6 juillet 1894, le commissaire de police du quartier Rochechouart fit savoir au juge que Sicard n ‘était pas connu comme anarchiste militant. Le jour même, le juge d’instruction le fit remettre en liberté.
Le 4 juillet 1895, le juge d’instruction rendit une ordonnance de non lieu.
André Sicard ne doit pas être confondu avec Clair, Joseph Sicard, tailleur, exilé à Londres qui épousa Ernesta Forti.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°280.302.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245260, notice SICARD André [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 31 janvier 2022, dernière modification le 31 janvier 2022.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES : Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Archives de la Préfecture de police Ba 310, 1500. — Archives de Paris D.3 U6 dossier 51— Le Temps 8 février 1885 — Le Petit Bourgogne 9 février 1885 — Le Figaro 9 février 1885— Le Droit 15 février 1885— Archives de Paris. Etat civil.

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