ESCARRA Gabriel, Émile, Joseph.

Par André Balent

Né le 7 avril 1901 à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), mort le 25 novembre 1955 à Elne (Pyrénées-Orientales) ; négociant en vins à Rivesaltes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ; fondateur et dirigeant d’une coopérative agricole : « La Fruitière » d’Elne ; agriculteur à Elne ; militant socialiste SFIO.

Gabriel Escarra est le fils d’André Escarra* et de Claire Génis-Mons. Il naquit à Rivesaltes, ville « rouge » du Roussillon, bastion guesdiste puis communiste où son père milita activement (voir aussi Émile Dardenne* et Jean Jacquet*). Il fit des études primaires dans l’enseignement catholique et secondaires dans l’enseignement public. À Paris il apprit le chant au Conservatoire. Il se maria avec Adèle Marty, d’une famille de négociants-tonneliers de Thuir et de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Le couple eut un fils, également prénommé Gabriel.

Militant des Jeunesses socialistes de Rivesaltes, il adhéra à son retour du service militaire au Parti socialiste SFIO. Il fut un des principaux artisans de la reconstruction de la section socialiste SFIO de Rivesaltes, localité où le Parti communiste, jusqu’en 1928 du moins, était largement majoritaire (voir notamment : Irène Calas*, Joseph Cassuly*, Émile Dardenne*). À la fin des années 1920 et au début des années 1930, il était secrétaire de la section socialiste SFIO de sa ville natale. Il exerçait toujours ces fonctions en juin 1932 et en décembre 1934. À cette dernière date, la section socialiste SFIO de Rivesaltes groupait, d’après le préfet des Pyrénées-Orientales, 80 cotisants. À la fin de 1934, la SFIO rivesaltaise maintenait d’excellents rapports avec le rayon communiste alors qu’ils avaient été très tendus dans les années de la « Troisième période » de l’IC. En juin 1934, Gabriel Escarra était par ailleurs membre de la CAF de la SFIO. Il fut également un des animateurs du Comité de Front populaire de Rivesaltes.

Dans la seconde moitié des années 1930, il résida au Barcarès (Pyrénées-Orientales).
Pendant la crise de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales qui éclata en 1935 (voir Jean Payra*, Joseph Rous*) il prit parti pour Joseph Rous qui eut le soutien d’un bon nombre des sections de la circonscription dont il était député (et à laquelle était rattachée la commune du Barcarès) et celui d’une partie des tendances de gauche de la SFIO du département.

En février 1937, il fut élu secrétaire de l’Union des sections socialistes SFIO des Pyrénées-Orientales. Cette Union fut créée par les sections dissoutes par la Commission administrative fédérale : elles avaient, en effet, refusé d’admettre l’exclusion de la SFIO du député de la circonscription de Prades, Joseph Rous, prononcée le 3 octobre 1936 par la commission nationale des conflits.

En février 1937, il déposa un rapport auprès du conseil national de la SFIO. Le secrétaire « officiel » de la SFIO catalane, Louis Noguères, l’invita, sous pli recommandé, à répondre aux questions posées à propos de ce rapport.

Gabriel Escarra fut élu, le 4 mai 1937, trésorier de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales – « nouvelle » ou « dissidente » selon les points de vue – fondée ce jour même par l’Union des sections socialistes SFIO de la circonscription de Prades, constituée en février 1937. Il fit partie de la délégation de la « nouvelle » Fédération qui rencontra, le 22 août 1937, les délégués de la Fédération « officielle » et qui décida du principe de la réunification de la SFIO dans les Pyrénées-Orientales.

Au début de 1939 eut lieu l’« exode » des républicains espagnols qui, pour la plupart, furent parqués dans des camps de concentration installés à la hâte sur les plages de la côte sablonneuse des Pyrénées-Orientales. Au Barcarès où résidait alors Gabriel Escarra, les autorités établirent un de ces camps. Gabriel Escarra s’employa à faire libérer plusieurs internés.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, il s’installa, avec sa famille, à Elne où il possédait un mas. Il se reconvertit donc dans l’agriculture. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est possible qu’il ait fait partie d’une « filière d’évasions » car il hébergea du monde chez lui et fit franchir à certains la frontière espagnole.

À Elne, il fonda une coopérative de producteurs de fruits et de légumes, « La Fruitière ». Il abandonna toute activité dans la coopération agricole lorsqu’on insinua, de façon malveillante, que son but était de devenir maire d’Elne. Gabriel Escarra fut, à titre bénévole, expert auprès des tribunaux. Il abandonna ces fonctions lorsque, à Banyuls-sur-Mer, on lui proposa une affaire qui pouvait porter atteinte à son honnêteté.

André Escarra, son petit-fils, juge ainsi Gabriel Escarra dans la lettre qu’il nous a envoyée le 3 janvier 1984 : « Mon grand-père était un homme intelligent, distingué, rêveur et désintéressé qui se sentait proche du monde ouvrier, comme son père, par bonté, générosité, humanité. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24530, notice ESCARRA Gabriel, Émile, Joseph. par André Balent, version mise en ligne le 13 février 2009, dernière modification le 13 février 2009.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, versement du cabinet du préfet (13 septembre 1951), liasse 177 (Parti communiste et SFIO, 1934), annexes au rapport du préfet des Pyrénées-Orientales au ministre de l’Intérieur, 28 décembre 1934. — Le Cri Socialiste, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales, 6 février 1932, 16 juin 1934. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales, 4 mars 1937. — L’Avant-Garde, organe des cercles « d’Avant-Garde » de l’arrondissement de Prades, février 1937, juillet 1937, septembre 1937. — Interview de M. Émile Dardenne, militant du PCF à Rivesaltes (13 octobre 1974). — Lettre de M. André Escarra, professeur d’histoire-géographie à Font-Romeu, petit-fils de Gabriel Escarra (3 janvier 1984).

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