VADKERTI Louis, Jean

Par Renaud Poulain-Argiolas

Né le 1er janvier 1921 à Budapest (Hongrie), mort le 1er juin 2003 à Nézignan-l’Évêque (Hérault) ; militant communiste clandestin ; déporté.

Louis Vadkerti était le fils de Rudolph Vadkerti, polisseur, et d’Elisabeth Heuer, tous deux nés à Budapest et domiciliés à Aytré (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) en 1933. Le couple avait alors cinq enfants dont Louis était l’aîné. Les autres étaient : François, né en 1924 à Paris ; Marguerite, née en 1927 à Budapest ; Oscar, né en 1928 à Aytré ; Albert, né en 1931 à Aytré. Le 11 mai 1933, toute la famille fut naturalisée française (annonce au JO le 21 mai 1933).

Militant communiste sous l’Occupation, Louis Vadkerti fut impliqué dans l’affaire du centre clandestin de diffusion de tracts du 15, rue Édouard-Robert à Paris (XIIe arr.). Suite à l’arrestation de Ludovic et Raymond G., le père et le fils locataires de l’appartement, ce dernier donna une liste de noms de militants qu’il connaissait. En plus d’eux-mêmes et de Pierre Pannetrat, considérés comme les principaux animateurs du centre, furent également appréhendés : Jean Canard, Armand et Jean Feldmann, Joseph Le Lagadec, Marcel Lozet, André Migdal et Henri Migdal, Marguerite Pannetrat (la femme de Pierre), Gilbert et Roland Pannetrat (leurs fils), Robert Poing, Roger Stéphan et Louis Vadkerti. Tous furent inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et conduits au Dépôt à disposition du Procureur de la République. Selon André Migdal, 36 personnes auraient été raflées au total, dont la moitié étaient des jeunes.

Le 30 mai 1941, la 15e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine jugeait les militants liés à l’affaire du centre clandestin. On peut supposer que Louis Vadkerti comparut ce jour-là.
Le 26 décembre 1941 le Journal officiel de l’État français annonçait sa déchéance de la nationalité française (décret du 22 décembre). Louis Vadkerti était à bord du convoi de déportation I. 74 qui partit le 24 janvier 1943 de Compiègne à destination de Sachsenhausen. Ce train transportait 1557 hommes et 230 femmes. Il porta le matricule 59083. Il fut affecté au kommando de Heinkel, camp-usine situé dans le village de Germendorf (à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Oranienburg). Le lieu comporta jusqu’à 8000 détenus en 1944 travaillant pour le constructeur d’avions Ernst Heinkel.

D’après une fiche d’inventaire le concernant, il fut transféré à Dachau le 8 août 1944. L’administration du camp mentionna l’inventaire de ses possessions : un manteau, un veston, un gilet, un pantalon, une paire de chaussures, une paire de chaussettes, deux pullovers, une chemise, une écharpe et une paire de gants. À Dachau il porta le matricule 80738. On l’envoya également au kommando Augsburg-Pfersee, situé dans l’ouest de la Bavière, qui travailla d’avril à novembre 1944 pour l’entreprise Messerschmitt. Ce kommando aurait été transféré à Horgau, un autre kommando de Dachau, après novembre 1944. Louis Vadkerti travailla aussi au kommando de Lauingen (au nord-est d’Ulm), créé en novembre 1944, toujours pour les usines Messerschmitt. Il fut libéré à Augsburg le 27 avril 1945.

D’après la rubrique Titres, homologations et services pour faits de résistance de "Mémoire des Hommes", les archives du Service historique de la Défense de Vincennes possèdent des éléments le concernant.

Dans les bases de données de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et des Archives Arolsen, on attribue à Louis Vadkerti le 3 janvier 1921 comme date de naissance. Il est possible que cette différence de deux jours provienne d’une erreur commise par l’administration allemande.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245363, notice VADKERTI Louis, Jean par Renaud Poulain-Argiolas, version mise en ligne le 9 février 2022, dernière modification le 9 février 2022.

Par Renaud Poulain-Argiolas

SOURCES : Vincennes GR 16 P 581889 (nc). — Journal officiel de la République, 21 mai 1933 (65e année, N°120), pp. 5304 et 5309 ; Journal officiel de l’État français, 26 décembre 1941 (73e année, N°345), p. 5543. — Biographie de Roland Pannetrat par Claudine Cardon-Hamet sur le site Déportés politiques à Auschwitz. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Archives Arolsen. — Site Match ID, Acte n°13 N, Source INSEE : fichier 2003, ligne n°283387.

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