SOLIER Fernand, Louis, Emile [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 3 mars 1875 à Cernay-la-Ville (Yvelines) ; dessinateur, sculpteur ; anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

Fernand Solier refusa de terminer ses études classiques ; ses parents l’envoyèrent alors au lycée Charlemagne, où il ne resta que quelques mois. Puis il entra comme élève à l’école des Arts décoratifs, et, comme il paraissait bien doué pour le dessin, M. Poyart, un architecte, l’embaucha. Depuis le procès de Ravachol, il défendait la cause des faibles et des malheureux avec violence.
En procédant à l’examen des papiers saisis chez les anarchistes, le 1er janvier 1894, M. Meyer, juge d’instruction, avait trouvé un certain nombre de lettres de Fernand Solier, contenant des excitations à la violence et plusieurs projets d’articles adressés au Père Peinard et à la Révolte.
Le 9 janvier 1894, Fernand Solier écrivit une lettre adressée à Élie Reclus, boulevard de Port-Royal. Dans cette lettre, il faisait une profession de foi anarchiste. Cette lettre fut interceptée à la poste.
Sur mandat de M. Meyer, juge, d’instruction, M. Bernard, commissaire aux déléguions judiciaires,
était chargé de procéder à son arrestation. Mis au courant de la profession de foi de Solier qui avait juré de tuer le premier agent qui lui mettrait la main au collet, M. Bernard avait pris quelques précautions pour l’arrêter. Le 12 janvier 1894, Il avait attendu le moment où Solier rentrait chez lui et l’appréhenda dans la rue. Aussitôt pris, Solier injuria les agents : « Vous êtes tous des lâches. En m’arrêtant ainsi, vous me mettez hors de défense. Mais si ç’avait été chez moi que vous soyez venus, je vous aurais fait payer chèrement ma liberté. » Il avait tenté ensuite d’ameuter les voisins contre les agents et s’était vainement débattu. Placé dans un fiacre, il fut conduit au Dépôt.
Une perquisition pratiquée à son domicile, chez ses parents, 69 avenue d’Orléans, qui dura une demi-heure, commença alors dans la chambre de Fernand. On saisissait quelque journaux anarchistes (La Révolte et le Père Peinard) et l’Almanach du Père Peinard, mais également des formules d’explosifs, selon le Parisien. Il fut libéré le 25 janvier.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°75.937.
Le 14 novembre 1896, il était incorporé au 152e régiment d’infanterie, il passa au 2e régiment de marine le 1er décembre 1898, puis au 2e régiment d’infanterie de marine de garnison le 16 août 1898. Il fut libéré le 20 septembre 1899.
Il fut rappelé lors de la guerre le 4 août 1914 au 31 janvier 1919.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245389, notice SOLIER Fernand, Louis, Emile [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 4 février 2022, dernière modification le 4 février 2022.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

SOURCES :
Archives de la Préfecture de police Ba 1500. — La Liberté 12 janvier 1894 — La Libre parole 13 janvier 1894 — Le Parisien 13 janvier 1894 — Le Gaulois 13 janvier 1894 — Archives de Paris. Recrutement militaire de la Seine, classe 1895, 3e bureau, Matricule : 3830.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable