CATTEAU Raymond, Kléber

Par Agnès Tisserand

Né le 20 septembre 1920 à Renescure (Nord), exécuté le 26 février 1944 à Hannogne-Saint-Martin (Ardennes) ; résistant.

Raymond Catteau était le fils d’Octave Robert Catteau, facteur des postes, et de Marie Louise Bouve. Il s’est marié le 11 janvier 1943 avec Yvonne de Vreese.

Quelques semaines plus tard, pour échapper au STO, il quitta le Nord pour travailler au chantier forestier de Vendresse (Ardennes). Créé à l’été 1942 par la Société des mines de Lens pour permettre à des jeunes du Nord d’échapper au travail obligatoire, ce chantier était dirigé par Henri Tardif (né le 4 novembre 1913 à Saint-Étienne, Loire ; mort le 13 janvier 2006 à Aressy, Pyrénées-Orientales), qui commença à organiser dans le village voisin d’Omicourt un maquis de l’OCM. 
Le 20 septembre 1943, une dénonciation mit fin au maquis. Tardif et ses chefs de groupes furent arrêtés et déportés. Henri Tardif (matr. 19 800 au KL Natzweiler ; 101 675 au KL Dachau) fut du convoi parti de Paris le 12 juillet 1944 (I.245), sous le statut de Nacht und Nebel. Le train emporta cinquante-trois détenus des prisons de Fresnes et du Cherche-Midi vers le KL Natzweiler (Alsace). D’après le site de la Fondation pour la mémoire de la déportation, il semble que « le but premier de la déportation [était] de juger ces hommes en Allemagne, en application de la procédure « Nacht und Nebel ». À la date où ils [furent] déportés, le tribunal de Breslau, chargé d’instruire les affaires « NN » venant de France, n’[était] plus en mesure d’assumer sa tâche. La procédure [fut] enrayée, ce qui entraîne son abandon à la fin de l’été 1944.
Moins de deux mois après leur arrivée au KL Natzweiler, [les déportés furent] donc évacués vers Dachau en septembre 1944. Ensuite, ils [furent] séparés dans les divers Kommandos de Dachau (Allach, Augsburg, Leonberg) ou transférés dans d’autres camps comme Mauthausen et Neuengamme ». Henri Tardif fit partie des premiers. Il recouvra la liberté le 29 avril 1945 au KL Dachau. On trouvera des documents concernant sa déportation proprement dite sur le site du fonds des archives Arolsen.
Quoi qu’il en soit, la plupart des ouvriers quittèrent le chantier de Vendresse. Certains restèrent dans les Ardennes, comme Raymond Catteau qui continua de travailler comme bûcheron à Saint-Aignan et à Hannogne-Saint-Martin.
Le 26 février 1944, au lieu-dit La Couturelle à Hannogne, « il aurait été martyrisé par une patrouille allemande qui finalement l’aurait abattu d’une balle dans la tête », selon un document de la Direction du personnel militaire de l’armée de terre.

Henri Tardif, rentré vivant de Dachau, confia ses souvenirs à Henri Duprez qui les publia dans un ouvrage paru en 1979. Le chapitre 4 de ce livre s’intitule « Un maquis exemplaire pour un plat pays » et présente le « rapport » de Tardif sur son activité résistante dans les Ardennes. On y lit à la page 224 : « 28 août 1943. Cateau, de Marc-en-Baroeul est tué par les Allemands en portant secours à des aviateurs anglais tombés dans les bois d’Annogne Saint-Mart ». Quelques inexactitudes donc, dans la date du décès, le nom de la commune, et l’orthographe du patronyme ; par ailleurs, dans ses souvenirs manuscrits, Tardif évoque « Jean Cateau », ce qui explique que l’on trouve ce prénom sur les plaques commémoratives du village de Vendresse : d’une part la plaque réalisée en 1947 ; d’autre part la stèle placée en 2004 près du monument aux morts de la commune. Sur la première plaque le nom comporte deux « T » ; sur la stèle, seulement un.

Le 17 janvier 1947 furent homologués les services de Raymond Catteau, sergent des Forces françaises de l’Intérieur. Il fut reconnu « Mort pour la France » le 5 juillet 1949 (le site Mémoire des Hommes indique comme lieu de décès « Hamogne »). Il ne semble pas avoir reçu la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245483, notice CATTEAU Raymond, Kléber par Agnès Tisserand, version mise en ligne le 8 février 2022, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par Agnès Tisserand

SOURCES. SHD : Caen, AC 21 P 39757 ; Vincennes, GR 16 P 112064. — Sites Internet : Mémoire des hommes ; Mémorial GenWeb ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; fonds des archives Arolsen. — Archives privées Henri Tardif. — Agnès Tisserand, « Le maquis de Vendresse-Omicourt », Terres ardennaises, 2017. — Henri Duprez, 1940-1944. Même combat dans l’ombre et la lumière, La Pensée universelle, 1979. — État-civil de Renescure et Hannogne-Saint-Martin.

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