FRANCHI Toussaint, Jean, Antoine

Par Antoine Olivesi

Né le 27 mai 1893 à Ota (Corse), mort le 12 octobre 1968 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; médecin ; militant socialiste des Bouches-du-Rhône ; conseiller municipal de Marseille, député (1939-1942).

Toussaint Franchi fit ses études secondaires au lycée Thiers à Marseille, puis entreprit une licence en droit à Aix-en-Provence qu’il abandonna ensuite pour la médecine. Externe des hôpitaux à l’École de médecine de Marseille, il passa son doctorat à la Faculté de Montpellier. D’abord médecin auxiliaire de réserve en 1919, Toussaint Franchi ouvrit, en 1926, un cabinet médical à Marseille dans le quartier d’Endoume où, ainsi que Siméon Flaissières, il soigna souvent gratuitement les plus déshérités.

Dès 1919, Toussaint Franchi fut attiré par la politique, à Marseille. Le 14 décembre, il fut candidat sous l’étiquette de l’entente républicaine démocratique dans le 4e canton de Marseille contre Duverger de la FIO. Il obtint 779 voix sur 7 954 électeurs inscrits. En 1922, sous l’égide du Bloc national, il se présenta dans le même canton au conseil d’arrondissement. Il fut battu au second tout par Simon Sabiani*. Deux ans plus tard, lors des législatives, Toussaint Franchi figura sur la liste d’alliance républicaine qui obtint 3 160 suffrages sur 135 085 inscrits, dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône (correspondant à l’arrondissement de Marseille). Il évolua plus tard vers le socialisme et adhéra à la SFIO. Membre de la 11e section, correspondant au quartier où il pratiquait, puis président du cercle socialiste du 11e canton, il fut en 1931 vice-président du comité électoral de Taddei, le conseiller général sortant de ce canton. En mai 1935, alors qu’il figurait sur la liste conduite par Henri Tasso, Toussaint Franchi fut élu conseiller municipal dans le premier secteur de Marseille. Chargé de la délégation de l’hygiène, il fut nommé administrateur des hôpitaux, de l’Hôtel-Dieu en particulier. En octobre 1937, il appuya fortement la candidature d’Henri Tasso* qui fut élu conseiller général du 11e canton.

En novembre 1938, dans le contexte des rivalités politiques exacerbées par les suites de l’incendie des Nouvelles Galeries, Toussaint Franchi fut impliqué dans une affaire de réformes frauduleuses dans l’armée qui avait éclaté au mois de mai précédent. Le 17 novembre, il fut inculpé par le juge d’instruction Ducup de Saint-Paul. Il fut incarcéré durant une semaine à la prison Chave. Il était accusé d’avoir délivré un certificat de complaisance, sans l’avoir examiné, à un nommé Antoine Fantone qui l’avait utilisé pour se faire réformer. Fantone, témoin-inculpé laissé en liberté, déclara ne pas connaître le docteur Franchi. Ce dernier, défendu par Félix Gouin, put démontrer qu’il avait soigné Fantone et sa famille depuis plusieurs années au titre des assurances sociales et que le certificat délivré l’avait été pour un congé de repos. Une campagne de protestation réclama, dans tout Marseille, et notamment par l’intermédiaire de la Ligue des droits de l’Homme, la libération de Toussaint Franchi. La gauche dénonça une nouvelle machination politique dressée par ses adversaires, et par « le clan qui exploite l’incendie des Nouvelles Galeries » (Le Petit Provençal, 19 novembre 1938).

Toussaint Franchi sortit de prison le 23 novembre. Son arrestation et l’émotion qu’elle avait causée expliquent en grande partie pourquoi il fut choisi comme candidat SFIO pour remplacer Henri Tasso*, démissionnaire depuis qu’il avait été élu au Sénat, au siège de député de la première circonscription de Marseille.

Annoncée le 6 mars 1939 à Endoume, cette candidature était destinée à laver Toussaint Franchi des « odieuses calomnies » dont il avait été victime. Avec 4 931 voix sur 13 660 votants au premier tour, il précéda Albert Pascalet (PPF), Louis Franceschi (radical-socialiste) et Louis Auguste (PCF). Ce dernier annonça aussitôt son désistement en faveur de Toussaint Frnachi qui fut élu facilement le 2 avril (on comptait toutefois plus de 40 % d’abstentions).

Toussaint Franchi siégea au Palais-Bourbon jusqu’en juillet 1940. Il y fit partie de la commission des Douanes et des Conventions commerciales ainsi que de celle de la Législation criminelle. Lorsque la guerre éclata, il s’engagea et partit sur le front d’Alsace comme médecin-chef au 194e régiment d’infanterie. Ayant voté le 10 juillet 1940 les pouvoirs constituants demandés par le maréchal Pétain, Toussaint Franchi fut momentanément après la Libération écarté de la vie politique. En juin 1945, un jury d’honneur refusa sa demande de levée d’inéligibilité parlementaire ainsi que celle de Léon Bon. Après la rupture du tripartisme, il milita de nouveau à la SFIO et fut élu conseiller municipal de Marseille sur la liste Gaston Defferre en 1953. Toussaint Franchi fut réélu en 1959 et en 1965. Adjoint au maire, délégué aux Abattoirs, il reprit en 1959 et en 1965 ses attributions à l’Hygiène. Il s’occupa en particulier du Centre régional anticancéreux et présida le bureau de l’Assistance publique. En 1968, Toussaint Franchi était devenu le doyen du conseil municipal, lorsque la maladie l’obligea à interrompre ses activités. Il mourut quelques mois plus tard et fut inhumé en Corse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24549, notice FRANCHI Toussaint, Jean, Antoine par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 14 février 2009, dernière modification le 5 juin 2009.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 11 M 3/55 et 62, V M 2/255, 282 et 289. — Le Petit Provençal, 14 et 15 décembre 1919, 21 mai 1922, mai 1924, 6 octobre 1931, janvier-février 1935, avril, 2 mai 1935 (photo), 8 octobre 1937, novembre 1938, mars-avril 1939. — La Marseillaise, 21 juin 1945. — Le Provençal, 1953, 1959, 1965, en période électorale, 13 octobre 1968 (nécrologie et photo). — La Provence socialiste, 3 et 10 mars (photo), 7 avril 1939. — Le Monde (nécrologie), 15 octobre 1968. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires, op. cit., p. 1732.a

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