CLAIR Suzanne, Julienne, Marie née CHARPY

Par Daniel Grason

Née le 29 septembre 1909 à Paris (XIe arr.), morte le 30 juin 1982 à Léhon, arrondissement de Dinan (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; couturière ; secrétaire de rédaction ; militante des Jeunesses socialistes , des Jeunesses socialistes révolutionnaires ; du Mouvement national révolutionnaire ; du Parti ouvrier internationaliste ; du Parti socialiste.

Fille d’Hippolyte, vingt-cinq ans, facteur de Postes et de Jeanne Ribault, vingt ans, sans profession, elle suivit des cours à l’École professionnelle de couture. Elle exerça de 1928 à 1934 la profession de couturière à domicile. Engagée politiquement, elle collabora en 1933 et 1934 aux journaux socialistes Cris des jeunes et Révolution.
Elle a été successivement membre des Jeunesses socialistes puis des Jeunesses socialistes révolutionnaires. En 1936, cette dernière organisation s’incorpora dans le Parti ouvrier internationaliste (POI). Le 19 juin 1936, elle devint gérante de La lutte ouvrière. Le 29 novembre 1937, elle distribua des tracts aux portes du Parti communiste internationaliste aux ouvriers des usines Lebaudy rue de Flandre (XIXe), elle fit l’objet d’un contrôle d’identité de la police.
Soupçonnée de recruter des volontaires pour aller combattre aux côtés des Républicains espagnols, elle fit l’objet en décembre 1937 d’une enquête des Renseignements généraux. Elle était domiciliée chez son père au 85 rue du Chemin Vert (XIe arr.), mais également rue de la Fidélité d’où elle a été expulsée pour loyers impayés. Elle alla vivre rue Bleue (IXe arr.), fut gérante de La lutte ouvrière, à ce titre elle fit l’objet de plusieurs informations judiciaires pour « provocations de militaires à la désobéissance, dans un but de provocation anarchiste, provocations aux crimes de meurtre et à des violences envers les personnes et complicité ».
Son nouveau domicile au 3 rue de la Fidélité à Paris (Xe arr.) était sous surveillance policière, elle hébergeait des militants pour un jour ou deux. Elle recevait des membres du Parti ouvrier internationaliste (POI), notamment les avocats Roux, David Rousset, des militants Lardinois et Mathias Corvin.
Elle épousa le 21 septembre 1939 Roger Pierre Clair en mairie du Xe arrondissement de Paris. Ils eurent comme témoins Pierre Lafond, cafetier et Élise Clair, employée de bureau.
Elle fit l’objet d’une information judiciaire pour provocation « de militaires à la désobéissance ». Le 14 mars 1940, la Cour d’appel de Paris la condamna à trois ans de prison avec sursis et 1 000 francs d’amende.
Après une formation de secrétaire, diplômée, elle a été employée comme secrétaire aux Établissements d’impression et de découpage modernes au 84 rue du Faubourg Saint-Denis à Paris (Xe arr.). Pendant l’occupation allemande, elle renoua avec son métier de couturière.
En 1941, elle adhéra ainsi que son mari au Mouvement national révolutionnaire (MNR). Interpelée le 3 juillet 1941 par la police française, mise à la disposition des Autorités allemandes, elle a été incarcérée à la prison du Cherche Midi, puis à la Santé. Elle comparaissait le 20 septembre devant le tribunal allemand du Grand Paris qui l’acquitta.
Après la Libération, elle adhéra au Parti socialiste (SFIO), devint secrétaire de rédaction du quotidien Le Populaire, fut responsable des femmes socialistes de la Seine. Elle a ensuite été chargée du service des Comités d’entreprises, des enquêtes ouvrières et de documentation au siège du parti au 12, cité Malesherbes (IXe arr.).
Adhérente au syndicat Force Ouvrière (CGT-FO), elle a été membre du secrétariat. Elle cumula les responsabilités, directrice gérante de l’hebdomadaire Citoyennes, du bulletin Le Comité d’entreprise, le 24 novembre 1948 du périodique de langue hongroise La Voix du Peuple social-démocrate, organe du Comité exécutif du Parti social-démocrate en exil. Le premier numéro paraissait en janvier 1949. Une publication modeste tirée à 1.000 exemplaires sur un duplicateur Gestetner. Selon un rapport des Renseignements généraux, très peu d’exemplaires étaient vendus, il était distribué gratuitement aux membres et sympathisants du Parti Social-Démocrate Hongrois en exil, aux réfugiés en Suisse, Belgique, Hollande, Suède, Italie, Grande-Bretagne, Argentine, Uruguay, États-Unis et Brésil, une centaine d’exemplaires étaient vendus.
Son mariage fut dissous par jugement de divorce rendu le 26 juin 1952, par le Tribunal civil de la Seine.
Elle mourut le 30 juin 1982 dans les Côtes-d’Armor.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245580, notice CLAIR Suzanne, Julienne, Marie née CHARPY par Daniel Grason, version mise en ligne le 12 février 2022, dernière modification le 12 février 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 1559-49378 (transmis par Gilles Morin). – État civil Paris XIe, 11 N 349, acte n° 3268. – Acte de mariage, 10M 438_A, acte n° 1162.

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