SILVESTRI Charles, Pierre, Louis

Par Annie Pennetier, Geneviève Launay

Né le 19 octobre 1896 à Caen (Calvados), fusillé sommairement le 20 août 1944 au Fort de Vincennes (Paris XIIe arr.) par des SS ; commissaire de la Police parisienne.

Charles Silvestri. Cliché MGW
Charles Silvestri. Cliché MGW

Fils de Raphaël, Etienne Silvestri, (décédé avant 1944) et de Aline, Louise, Marie, Letellier (décédée avant de son exécution), Charles Silvestri était marié à Yvonne Germaine Senault, et domicilié 17 rue Monge, Paris (Ve arr.).
Il fit ses études au lycée Malherbe de Caen.
Engagé volontaire pendant la Première guerre le 2 janvier 1915 au titre du 29e régiment d’artillerie, il fut nommé brigadier le 18 août 1915. Blessé aux Éparges le 16 septembre 1915, ses blessures au front et à l’œil gauche par éclats de bombes provoquèrent la perte complète et définitive de l’œil gauche. Il était réformé à 65%. De nombreuses décorations lui furent remises : Médaille militaire, Croix de guerre. Cité à l’ordre du jour n°158 du 19 mars 1916, Croix du combattant volontaire avec palmes rôle n°2587 le 19 mars 1916, Chevalier de la légion d’honneur par décret en date du 11 août 1936.
Entré à la Préfecture de Police le 16 septembre 1921 en qualité d’officier de Police, au titre des emplois réservés, il fut promu Commissaire de Police le 1er octobre 1925, Commissaire des Services Spéciaux le 1er janvier 1933, Commissaire Principal le 16 juillet 1936, Commissaire Divisionnaire chargé du commandement de la 3e division le 1er décembre 1941 puis de la 4e division le 5 janvier 1943, sise 4 rue de Lyon, Paris (XIIe arr.) qui couvre l’Est parisien.
Bien qu’appliquant la politique de Vichy et des autorités allemandes, en 1942, il sauva la famille juive Borenstein. Dans son livre Policiers rebelles l’auteur Luc Rudlph écrit : « Il minimise l’activité résistante de ses subordonnés arrêtés. Il en est ainsi du gardien de la paix Bruley, qui refuse de travailler en civil pour arrêter des réfractaires :Silvestri demande à son encontre une punition modeste de « cinq jours de disponibilté ». Ce ne sera pas le cas d’Henequin, le directeur de la Police Municipale, qui obtient sa révocation ».
Lors de la libération de Paris, le 19 août 1944, des militaires allemands firent irruption dans les locaux de la 4e division rue de Lyon Paris XIIe et arrêtèrent Charles Silvestri. Au cours de leur perquisition, ils trouvèrent un brassard bleu blanc rouge garni de quatre galons, et des armes. Il revendiqua sa propriété pour épargner ses agents. Emmené les mains derrière la nuque dans la cour d’un immeuble de la rue Traversière, il a été conduit avec ses collaborateurs au Fort de Vincennes.
Le rapport fait par la Préfecture de Police le 23 janvier 1951et présent dans son dossier du Service historique de la Défense indique :
« Transférés au Fort de Vincennes, SILVESTRI et ses hommes sont le lendemain conduits dans la cour du Fort où ils sont placés à proximité de 11 cadavres qui se trouvent le long d’un mur. De jeunes SS les mettent en joue mais se bornent à ce geste d’intimidation. Certains prisonniers sont ensuite contraints à creuser une fosse et à y placer les 11 cadavres. Pendant ce temps SILVESTRI et une partie de ses hommes sont obligés de transporter des pierres au pas de gymnastique, puis doivent nettoyer les planches ayant servi au transport des 11 fusillés. Vers 13h, après une brève conversation avec un officier allemand, SILVESTRI est désigné aux soldats comme « chef ». Il est alors placé à proximité d’une fosse sur le monticule formé par la terre de la tranchée. Dans cette position, au garde à vous, en murmurant Vive la France, SILVESTRI est exécuté par un peloton de SS (division Deutschland). L’après-midi les Allemands fusillèrent encore 14 prisonniers. Dans le désarroi du départ les autres parvinrent à s’enfuir. »
Il a été inhumé’ au cimetière du Père-Lachaise, Paris (XXe arr.)
Reconnu Mort pour la France le 5 avril 1945.
Il a été intégré aux FFI avec le grade de Lieutenant-Colonel à partir du 17 août 1944 par décision personnelle du Général Koenig au moment des combats de la Libération.
« Sa veuve n’ayant jamais produit un certificat prouvant que son mari faisait partie d’un groupement de FFI est considérée comme victime civile et non comme veuve de guerre. A son avis son mari n’a jamais appartenu à un mouvement de résistance. Il n’en demeure pas moins que le comportement de M. SILVESTRI dans les heures qui ont précédé son exécution a été celui d’un chef et que si les Allemands l’ont mis à mort c’est bien parce qu’ils ont vu en lui le chef des résistants qui l’entouraient. » (SHD) La Commission Régionale FFCI de la 1e Région Militaire réunie le 4 avril 1951 prit la décision de ne pas lui reconnaître la qualité de FFI et a fortiori aucun grade à titre FFI.
Charles Silvestri est honoré sur de nombreuses plaques commémoratives : lycée Malherbe de Caen, à Paris au musée de la Police (Ve arr.), une salle de la Préfecture de police porte son nom (IVe arr.), au commissariat du 4, rue de Lyon, XIIe arr., et à Vincennes, sur une stèle dressée dans l’enceinte du château.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245581, notice SILVESTRI Charles, Pierre, Louis par Annie Pennetier, Geneviève Launay, version mise en ligne le 12 février 2022, dernière modification le 12 février 2022.

Par Annie Pennetier, Geneviève Launay

Charles Silvestri. Cliché MGW
Charles Silvestri. Cliché MGW
Stèle aux 29 victimes, château de Vincennes
Stèle aux 29 victimes, château de Vincennes

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16P 548675, notes Geneviève Launay. — Luc Rudolph, Policiers rebelles - La Résistance au coeur de la Préfecture de Police (1940-44) , 2012, Éditeur Little Big Man. — MémorialGenweb.

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