ATLAN Jacques

Par Pierre Cardon

Né le 31 décembre 1930 à Reims (Marne) ; cadre de banque, analyste financier ; syndicaliste CGT et militant communiste ; secrétaire de la section PCF de Levallois (Seine, Hauts-de-Seine) en 1965 ; maire-adjoint (1965-1983) et conseiller général de Levallois-Perret (1967-1970) ; producteur-distributeur de films d’art et essai, galeriste d’art contemporain.

Portait paru dans la revue Économie et politique

Le père de Jacques Atlan, Jules Atlan, était charpentier en bois, engagé avant 1939 à la Société des charpentiers de Paris. Ses parents, Germaine et Jules, sans engagement politique, étaient d’opinion de gauche et donnèrent à leurs enfants une éducation laïque et républicaine. Jacques Atlan eut deux frères cadets et une sœur : Guy, né le 13 août 1932, qui devint professeur de médecine ; Nicole, née le 28 novembre 1934 qui fut directrice de salle de cinéma ; et Georges, né le 27 février 1939, qui fut professeur agrégé de français-latin-grec.

Le père de Jacques Atlan, croyait que son statut d’ancien combattant de la Première Guerre mondial et de mutilé de guerre pourrait le protéger des lois anti-juives du gouvernement de Vichy. La famille fut en réalité sauvée par un policier français qui les avertit à la veille de la rafle du Vel-d’Hiv, en juillet 1942, dans leur logement du XVe arrondissement. Avec l’aide de son beau-frère, en contact avec les organisations clandestines, Jules Atlan put organiser son passage en zone libre, rapidement suivi par celui du reste de la famille.

Après un périple difficile, ils rejoignirent Faverges (Haute-Savoie) où Jules Atlan avait trouvé du travail dans la scierie Picant et où il s’engagea dans la Résistance au sein du maquis de Thorens (Haute-Savoie), près du Plateau des Glières. Mais Jules Atlan, affaibli par les blessures subies durant la Première guerre mondiale – il avait été gazé – mourut le 12 février 1944 à Faverges. Jacques Atlan y obtint le certificat d’études primaires à l’école communale.

En décembre 1944, la famille se décida à rejoindre son appartement HBM du 5, rue de la Saïda qu’elle retrouva vide, car il avait été pillé pendant la guerre. Néanmoins leurs matelas leur furent restitués par un voisin M. Balbon, qui, la nuit du pillage, les avait sauvés dans sa propre cave.

Comme Jacques et Guy Atlan ne purent dès leur retour à Paris en décembre 1944 trouver de place au Lycée Michelet de Vanves (Seine, Hauts-de-Seine), proche de leur domicile, ils furent admis au Cours complémentaire commercial de la rue Camou à Paris (VIIe arr.). Jacques Atlan y obtint un CAP d’aide-comptable qui lui fut utile plus tard.

En 1945, Jacques Atlan et son frère intégrèrent le lycée Michelet, qu’ils durent quitter après la classe de seconde, deux et trois ans plus tard, contraints d’interrompre leurs études secondaires pour faire face aux difficultés financières de leur mère et afin de subvenir aux besoins de la famille. Parmi les enseignants qui marquèrent leur passage au lycée Michelet, Jacques Atlan mentionnait le professeur de français M. Baudry et le professeur d’histoire et de géographie, Jacques Madaule.

Embauché le 2 janvier 1948 à la Banque, Jacques Atlan intégra comme employé le service de la compensation et des services de caisse, fonction qu’il quitta pour effectuer en 1950 son service militaire de 18 mois à Versailles au camp de Satory (Seine-et-Oise, Yvelines).

Jacques Atlan effectua ensuite toute sa carrière à la banque d’affaires de l’Union Européenne Industrielle et Financière, pendant 40 ans, d’abord comme employé, puis comme cadre supérieur et analyste financier. En 1952, il y créa une section syndicale CGT, avec un militant vietnamien, Nguyen Giap Thoï. Il fut élu du personnel en 1954, élu membre du Comité d’entreprise en 1956, et représentant syndical au Conseil d’administration de la BUE à partir de 1958.

Après 1958, la CGT devint largement majoritaire lors de toutes les élections professionnelles au sein de la banque. Le Comité d’entreprise, avec 3,75 % de la masse salariale dévolus aux œuvres sociales, réalisa d’importantes activités sociales (restaurant d’entreprise, hôtel en montagne, bibliothèque, week-ends de ski, voyages culturels...) et embaucha des personnels pour les gérer.

En 1983, la nationalisation des banques d’affaires joua un rôle important, mais insatisfaisant selon lui. Jacques Atlan se porta témoin accusateur contre Didier Pineau Valencienne, patron de Creusot-Loire, liquidateur du groupe Schneider du Creusot et de la région (« l’affaire Schneider », jugée en 2006 à Bruxelles, où Pineau Valencienne fut reconnu coupable après deux ans d’enquête).

Adhérent au PCF depuis 1956, Jacques Atlan était secrétaire de la section de Levallois, lors des élections municipales de 1965.
Il fut élu sur la liste dirigée par Parfait Jans.

Passionné d’économie politique, de cinéma et de peinture, Jacques Atlan fut maire-adjoint à la culture et à la jeunesse de 1965 à 1983. Parmi les réalisations culturelles crées sous son impulsion à Levallois, à partir de 1965, on citera le Conservatoire de musique et d’art dramatique, ouvert dès octobre 1965, un centre culturel communal municipal, plusieurs bibliothèques dotés d’auditoriums dans les quartiers, et en particulier une bibliothèque enfantine, un Bibliobus, un théâtre municipal doté d’une troupe permanente, des salles de cinéma municipales d’art et d’essai : Georges Sadoul, rue Arthur Ladwig (devenue rue Parfait Jans) et une seconde Georges Sadoul au 1, rue d’Alsace ; des équipements pour la jeunesse : une MJC et plusieurs foyers de Jeunes, ainsi et qu’un centre nautique et sportif à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche).

Jacques Atlan fut élu conseiller général des Hauts-de-Seine de 1967 à 1970. Au premier tour, avec 3 132 voix (36,36 %) il devança le RPR Charles Erhman (2 814 voix, 32,67 %) et fut élu au deuxième tour avec 4 453 voix (48,94 %), contre 4 258 (46n80 %) à Charles Ehrman.

À sa retraite professionnelle, il écrivit, peignit, et s’investit dans le cinéma en créant l’association « Cinéma Public », qui visait à soutenir la création française par le maintien et le développement de salles d’exploitation de cinéma associatives ou municipales. L’association « Cinéma Public » créa ensuite la société de production et de distribution de films « Cinéma Public Films » qui produisit de nombreux films et en distribua des centaines, en particulier pour le Jeune Public. Elle organisa à partir des années 2000, un festival jeune public, « Ciné-Junior 94 » qui organisa chaque année dans le Val-de-Marne un festival de films « jeune public art et essai pour enfants ».

Jacques Atlan avait épousé le 5 novembre 1952 Pierrette Kieffer, née le 17 juillet 1927, agent des PTT (décédée le 8 juillet 2021). Le couple eut une fille, Dominique, née le 12 octobre 1954.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245708, notice ATLAN Jacques par Pierre Cardon, version mise en ligne le 16 février 2022, dernière modification le 13 avril 2022.

Par Pierre Cardon

Portait paru dans la revue Économie et politique
En haut à droite, Jacques Atlan, au milieu Marie-Claude Vaillant Couturier et en bas à gauche Henri Malberg

ŒUVRE : L’argent des pauvres, les milliards des banques, Paris, l’Harmattan, 2012.

SOURCES : Renseignements recueillis par Pierre Cardon auprès de l’intéressé. — Entretien avec Jacques Atlan.

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