THIRION Louis, Joseph [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 3 mai 1862 à Autrey (Vosges) ; garçon de salle, homme de peine, journaliste ; anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

En 1887, Louis Thirion était membre du groupe l’Égalité sociale et de la Ligue des Antipropriétaires.
Au mois d’août 1887, la 10ème chambre correctionnelle de Paris jugea Louis Thirion, Mlle Delacour, Jules Leroux, Lucien Bécu,Jean Couchot, Paul Laumesfelt, Laurent Ansiaux et Pierre Dufour, prévenus de détournement d’objets saisis, de violences et voies de fait.
Mlle Delacour était condamnée à un mois de prison et Couchot à quatre mois de la même peine. Tous les autres compagnons avaient été acquittés.
Le 23 novembre 1887, M. Parisot, restaurateur, 108 rue Saint-Honoré,vit cinq individu entrer dans mon établissement, à six heures du soir, et qui demandèrent à diner. Ils mangèrent, burent quatre litres de vin et cinq cafés. Quand ils eurent fini, le restaurateur leur présenta la note. Tous alors, répondirent qu’ils étaient sans travail et par conséquent sans argent, que les bourgeois devaient les nourrir.
Il envoya un garçon de son établissement chercher les agents au poste de la rue des Prouvaires qui les arrêtèrent et les conduisirent au commissariat des Haltes. Au commissariat, ils déclarèrent : « Si nous avions des fusils, ils partiraient tout seuls. Il ne serait pas trop tôt que la Révolution balaye des crapules comme vous ». Ils traitèrent les policiers de « canailles » et de « fainéants »
Devant le tribunal correction le 26 novembre 1887, Louis Thirion, garçon de salle déclara : « J’avais faim. Je n’ai rien à dire de plus ». Georges Brunet expliqua : « Nous avions faim et c’est notre droit de manger. Nous avons fait cela pour le principe. »
Adolphe Guillemaud : « Je suis anarchiste, j’accepte la responsabilité de ce que j’ai fait. Toutefois, je nié les outrages. J’avais faim. J’ai trouvé des camarades qui se trouvaient dans le même cas. Nous ne voulions ni voler ; ni incendier, nous avons voulu satisfaire notre faim. C’est un droit que personne ne peut raisonnablement nous contester. J’ai travaillé toute ma vie, j’ai la vue faible, j’entends difficilement, les patrons ne veulent plus de moi. Mais il faut bien que je mange. »
Jules Leroux, homme de peine : « J’avais faim, j’ai mangé. En prenant ainsi, j’ai usé de mon droit à la vie. Tout homme a ce droit là. »
Jules Rousset, homme de peine : « J’ai droit à la vie. Si c’était à refaire, je recommencerais. »
Le tribunal condamna chacun des inculpés à trois mois de prison.
Louis Thirion se trouvait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893.
Le 4 mars 1894, son logement 125 rue d’Aboukir était perquisitionné. Il était arrêté.
Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1896, il demeurait 9 rue de Chabanais.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°297.380. Sur l’état de 1901, il était noté « disparu ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245721, notice THIRION Louis, Joseph [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 17 février 2022, dernière modification le 17 février 2022.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

SOURCES :
Archives de la Préfecture de police de Paris Ba 75, 1500 — Le Matin 27 novembre 1887 — Le Siècle 5 mars 1894 — Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — Archives départementales des Vosges. État civil.

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