FONTAINE Jean, Marie

Par Jean Maitron, Maurice Moissonnier

Né le 6 octobre 1879 à Simandre (Saône-et-Loire), mort le 4 mars 1966 à Villié-Morgon (Rhône) ; instituteur dans le Rhône ; syndicaliste de tendances libertaires ; conseiller municipal de Lyon (1935-1941)

Instituteur dans le Rhône, collaborateur de L’École Rénovée de Ferrer*, Jean Fontaine rédigea, en 1907, la brochure de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs : Les Instituteurs syndiqués et la classe ouvrière. Il exerça les fonctions de secrétaire corporatif de la Fédération après le congrès d’Angers tenu du 25 au 27 mars 1910, Léger étant secrétaire général. Au congrès de Chambéry, VIIe congrès de la Fédération qui se tint du 15 au 17 août 1912, c’est Fontaine qui fit adopter la création dans les sections du « Sou du Soldat » destiné à conserver « les bonnes relations de camaraderie […] avec les collègues partis à la caserne ». C’est ce vote qui constitua, selon les adversaires de la Fédération, « le scandale de Chambéry » à la suite duquel le gouvernement invita les syndicats d’instituteurs à se dissoudre avant le 10 septembre (circulaire du 23 août). Il y eut alors menaces de révocation et Jean Fontaine prit la responsabilité de la trésorerie du Rhône. Il fut condamné à 30 F d’amende, le 18 décembre 1912, comme membre du bureau du syndicat. Mobilisé pendant la guerre, il se fit remarquer, dans sa correspondance, par ses tendances pacifistes.

Nommé en 1920 à Saint-Rambert-l’Île-Barbe (Rhône), il était membre du groupe communiste révolutionnaire et il adhérait aux Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR). Membre du comité départemental de l’enseignement primaire, secrétaire du syndicat, il donna « bruyamment sa démission (du conseil) pour protester contre les poursuites dont les syndicats d’instituteurs étaient l’objet » (préfet du Rhône à Intérieur). Le 25 juin 1921, il fut condamné à 25 F d’amende par le tribunal correctionnel de Lyon comme membre du bureau du syndicat des instituteurs.

En avril 1935, lorsque le secrétaire général du syndicat des instituteurs André Lavenir* fut sanctionné par l’inspecteur d’académie Rouède en raison de propos antipatriotiques parus dans le bulletin corporatif du syndicat, Jean Fontaine, alors en retraite, manifesta avec éclat sa solidarité.

Le 21 septembre 1935, il signa dans L’Effort, hebdomadaire du Cartel autonome du Bâtiment lyonnais, ses réflexions d’un militant élu conseiller municipal (il venait d’être élu aux élections municipales de mai 1935) et il en profitait pour exalter le nihilisme national : « Pendant trente-cinq ans, dans ma classe, j’ai piétiné l’idée de patrie » écrivait-il et, arrivé à la retraite, cela n’avait pas empêché « l’élection de l’instituteur antimilitariste et antipatriote ». Il ponctuait son article de la triple profession de foi suivante : « À bas les patries ! à bas les nations ! à bas les défenses nationales ! »

En tant que conseiller municipal, son mandat prit fin en décembre 1941 – il démissionna alors ou fut démis de ses fonctions. Arrêté, il fut détenu à Nexon (Haute-Vienne) puis déporté au camp de Djelfa (Algérie).

Jean Fontaine collabora dans les années 1950 au Monde Libertaire, l’organe de la Fédération anarchiste, et aux Cahiers du socialisme libertaire de Gaston Leval.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24573, notice FONTAINE Jean, Marie par Jean Maitron, Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 15 février 2009, dernière modification le 5 janvier 2019.

Par Jean Maitron, Maurice Moissonnier

ŒUVRE : Instituteurs, syndiquez-vous, brochure, 1910. — Un Maître à penser, Lyon, 1967, 80 p. (recueil d’articles de Jean Fontaine publiés dans Le Monde libertaire et réunis par sa veuve). — Jean Fontaine collabora en outre à la Vie ouvrière de Pierre Monatte et à la Révolution Prolétarienne animée par le même militant.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13744, préfet du Rhône à Intérieur, 8 août 1921. — Bernard, Bouet, Dommanget, Serret, Le Syndicalisme dans l’enseignement, op. cit. — Th. Flammant, L’École Émancipée, une contre culture de la belle époque, 1982. — Agenda de l’UD-CGT du Rhône, 1920. — L’Effort, organe du Cartel du Bâtiment lyonnais, 21 septembre 1935. — L’École émancipée, 16 avril 1966. — État civil de Villié-Morgon.— René Bianco, Un siècle de presse…, op. cit. — note de Marianne Enckell.

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