FONTENAY Fernand, Charles

Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 8 décembre 1901 à Paris (VIe arr.), mort le 15 février 1971 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) ; ingénieur des Arts et Métiers devenu journaliste dans la presse communiste ; élève de l’École léniniste internationale à Moscou en 1926.

Son père, Charles Denis Fontenay, était ouvrier des Postes et sa mère, née Amélie Dumonet, ouvrière et artisan blanchisseuse puis ménagère. Ils ne lui firent donner aucun sacrement religieux. Habitant 22 rue Mayet dans le VIe arr., Fernand Fontenay fit ses études au collège Lavoisier et entra à l’École des Arts et Métiers de Paris. Tout en travaillant il acheva ses études et soutint un diplôme d’ingénieur dans l’aéronautique. Il militait dans le groupe Clarté. Il fut incorporé, le 20 octobre 1921, au deuxième régiment d’aviation, puis, affecté au premier groupe d’ouvriers de la même arme. Il devait être libéré, le 1er octobre 1923, avec le grade de caporal. Il travailla pendant quelques semaines dans une compagnie de chemins de fer.

Fernand Fontenay entra aux Jeunesses communistes en 1921 (où il connut Ferrat, Gaymann, Le Honé et Marion) et au Parti communiste deux ans plus tard. À la fin de 1923, il devint membre permanent de la section d’Agit-Prop du comité central. Marié le 27 octobre 1925 avec Amélie Dauzie, née le 27 novembre 1903 à Rodez (Aveyron), dactylo après avoir fait du théâtre et de la danse, mais un accident lui fit abandonner cette voie (elle donnait cependant quelques leçons), militante communiste du 19e rayon de Paris, ils habitèrent alors chez les parents de l’épouse, 7 rue de l’Ouest à Neuilly (Seine, Hauts-de-Seine), des fonctionnaires. Ils vivaient en 1933, 9 rue des Tanneries (XIIIe arr.). Séparé de sa femme en 1936, il s’installa 13 rue Nicolas-Fortin (XIIIe arr.) avec Yvonne Rondot, née le 15 octobre 1907 à Sallaumines (Nord), secrétaire à l’Humanité dont il avait eu un fils en avril 1935. Divorcé en novembre 1950, il épousa Yvonne Rondot en octobre 1951.

Fernand Fontenay signait en août 1925 un article dans les Cahiers du Bolchevisme, « Le Marxisme et l’Art » (août et octobre). « Employé » à l’Humanité selon la police, il fut désigné par le bureau d’organisation du Parti communiste, le 9 septembre 1925, comme « professeur à l’École léniniste ». Il militait aussi avec les Jeunesses communistes de Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise, Yvelines) puisque sa mère était retirée à Houilles. Il portait la contradiction dans une réunion socialiste à La Roche-sur-Yon (Vendée), le 1er mars 1926. Délégué au congrès national de Lille (20-26 juin 1926), il devint un des responsables de la section centrale de l’Agit-prop, puis le principal animateur lorsque Paul Marion* partit à Moscou suivre les cours de l’École léniniste internationale en octobre 1926. Il publia, cette année-là, une brochure sur La grève générale en Angleterre.

Devenu rédacteur à l’Humanité, membre de la cellule 123 (Imprimerie Dangon) du 1er rayon de la région parisienne, Fernand Fontenay aurait été, affirme la police, élu membre du comité central du Parti communiste en août 1927. En fait, aucun congrès n’ayant eu lieu entre juin 1926 et mars 1929, on peut tout au plus supposer qu’il fut admis à assister aux réunions du comité central. Son activité journalistique était intense dans le Bulletin hebdomadaire de la presse. En 1928, il annonçait qu’il préparait une brochure intitulée « Petite géographie économique et politique du monde ».

Désigné en janvier 1930 comme rédacteur à la rubrique « Information politique » de l’Humanité, il prit des cours de journalisme. Laroulandie* en fit son adjoint avant de lui abandonner la responsabilité de la rubrique.

La direction du Parti communiste envoya Fernand Fontenay se présenter aux élections législatives du 22 avril 1928 dans la circonscription d’Orange (Vaucluse) contre Daladier, en remplacement de Ernest Denante qui se retirait pour raison de santé. Excellent orateur, il fit tout de suite forte impression dans les réunions communistes, en particulier au grand meeting du 2 avril. Après avoir devancé le socialiste Delfaux au premier tour, il recueillit au second tour 3 923 voix sur 14 822 votants, Édouard Daladier étant élu avec 4 772 voix. Fernand Fontenay participa à plusieurs réunions publiques et internes dans le Vaucluse en 1929. Aux élections législatives de mai 1932, il signa un tract de soutien à Guilloré, candidat dans la circonscription d’Orange, en rappelant l’ardente campagne menée, en 1928, avec le sous-rayon communiste de Bollène. On l’entendit encore à Avignon le 15 avril 1933, au moment même où se tenait le congrès national extraordinaire du Parti socialiste SFIO et à Orange, le 22 avril 1936, pour défendre Charpier, candidat communiste aux élections législatives. Le Parti communiste lui avait demandé d’être candidat dans la première circonscription de Morlaix (Finistère) aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932. Il recueillit 248 voix sur 18 331 inscrits et 15 175 votants. Il conserva 105 suffrages au deuxième tour.

Un rapport sans date de Stépanov indique la méfiance du komintern à son égard : « Journaliste très talentueux. Porte un regard sceptique sur tout ce qui se passe dans le parti et le Komintern. […] l’IC et la direction du PCF sont des parfaits imbéciles. En 1930, il s’était solidarisé totalement avec les rédacteurs chassés de l’Humanité. Pas fiable, on ne peut pas lui faire confiance. » (Stépanov, RGASPI 495 270 8599). Fried ajoutait : « Journaliste très talentueux. Attitude très sceptique envers tout ce qui se passe au PC et au Komintern. Par exemple : le PC et la direction du PCF sont des imbéciles [...] à surveiller ».

Toujours journaliste à l’Humanité (payé 1700 F + 400 pour le service télégraphique Inprekorr), chargé des comptes rendus parlementaires, Fernand Fontenay écrivait aussi dans Les Cahiers du Bolchevisme. Il était en outre un des principaux éditorialistes de La Voix de l’Est en 1933-1934. Les Publications révolutionnaires éditaient en 1934 La Grande détresse des artisans et des petits commerçants. L’année suivante, il publiait une brochure, Les 200 requins.

Fernand Fontenay publia au début de 1937, une brochure sur La Misère des Vieux préfacée par Paul Vaillant-Couturier* et, en 1938, un livre-enquête intitulé La Cagoule contre la France.

Fernand Fontenay devint en 1937 rédacteur en chef adjoint du quotidien Ce Soir.

Mobilisé le 2 septembre 1939 à Chartres, affecté le 13 mars 1940 aux ateliers de Puteaux, Fernand Fontenay était envoyé dans le Sud Algérien (Ouargla) en mai 1940. Démobilisé le 4 septembre 1940, rentré en France, il reprit contact avec le Parti communiste à la fin de 1940. Il fut chargé de collaborer, aux côtés de Gaston Auguet et de Marius Magnien*, à l’organe clandestin des Amis de l’Union soviétique. Demeurant place Saint-Sulpice, recherché, il déménagea 22 rue Breguet dans le XIe arr. fin 1941-début 1942. Il travaillait alors comme ingénieur dans une maison de chauffage et de thermodynamique, le Contrôle Bailey, rue Castex. D’anciens communistes dont Darnar le contactèrent dans l’été 1942 : "il me déclare que le ministre Marion (renégat du Parti) s’intéresse à ce que je suis devenu et est prêt à me rendre service si j’en ai besoin"). Fernand Fontenay avertit alors le Parti communiste qui cessa toutes relations avec lui. Recontacté au début de 1944 par Gaston Auguet, il fut chargé de la rédaction du journal du Front national.

À la Libération, Fernand Fontenay était un des codirecteurs de Ce Soir aux côtés de Jean-Richard Bloch et Louis Aragon et le demeura pendant quelque temps. Il fut alors pendant deux années rédacteur en chef de la revue France-URSS. Présent 0 Moscou en novembre 1947, il y remplit une autobiographie de trois pages. Il y écrivait : "J’assure la liaison régulière en le journal (Ce Soir) et le Secrétariat du Parti, aux réunions duquel j’assite chaque semaine."

Il faisait partie du comité de la section du XIe arr. En 1952, il reprit son métier d’ingénieur dans l’entreprise de galvano-protection Glayman de Montreuil. Il fut renvoyé en 1953 à la suite des grèves. De la fin de 1953 à sa mort, il travailla chez Bernas, entreprise métallurgique parisienne.

Fernand Fontenay cessa de militer en 1956 et dut ne plus être membre du Parti communiste après 1958. L’Humanité annonça cependant son décès en 1971.

Sa deuxième épouse avait travaillé à l’Humanité en 1932-1934 sans être membre du Parti communiste. Elle adhéra ensuite pour quelques années mais milita peu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24577, notice FONTENAY Fernand, Charles par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 15 février 2009, dernière modification le 16 février 2016.

Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 8599, autobiographie, 6 février 1932 et Moscou, 19 novembre 1947. — Arch. Nat. F7/13085, 13090. — Arch. PPo., Ba/1715, janvier 1935. — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 723, 824, 817, 3 M 281, 283, 285. — Arch. J. Maitron, fiche Fernand Fontenay. — Arch. Institut M. Thorez (microfilm de la Section française de l’Internationale). — Presse nationale. — Notes de F. Roux. — Renseignements fournis par le fils de l’intéressé.

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