GILHODES Pierre, Joseph

Par Yves Lequin

Né le 29 mars 1876 à Cruéjouls (Aveyron) ; comptable ; et militant communiste et syndicaliste, membre de la commission exécutive de la CGTU (1922-1925).

Maison des syndicats 8 avenue Mathurin Moreau

Pierre Gilhodes avait fait ses études aux collèges de Millau et Villefranche-de-Rouergue, dans l’Aveyron, avant d’être incorporé en 1896 et de participer à la campagne de Chine où il avait été décoré de la Médaille coloniale. Libéré en 1901, il était venu travailler à Paris l’année suivante, employé tour à tour au journal La Causerie Financière puis dans divers magasins et entreprises avant de postuler, en vain, pour un emploi de commis à la Trésorerie d’Algérie. Avant son mariage (en 1912), il avait vécu en garni ici et là. Il fut secrétaire général de la Chambre syndicale des comptables CGT à partir de 1906.

« Venu du Limousin à Paris, excellent comptable d’ailleurs, il avait une allure originale. Une barbe jusqu’au ventre, une chevelure hirsute que ne pouvait contenir une vaste casquette, une énorme bouffarde plantée dans une touffe de poils.

« Il n’aimait ni les sacoches ni les pardessus ; pour conserver avec lui papiers professionnels et syndicaux, journaux et revues, cinq ou six pipes, une boîte de gros tabac, un briquet de cuivre, il ne portait jamais moins de deux vestons l’été. L’hiver, il en avait trois, parfois quatre.

« Il avait un cœur d’or. Comptable de « divers », de la Maison des Syndicats, de la coopérative des casquettiers, il payait de sa poche les dettes les plus criantes de cette coopé. Il logeait, boulevard de la Villette, dans une des vieilles maisons acquises par la « Maison des Syndicats », avenue Mathurin-Moreau ; il hébergeait toujours un chômeur et parfois, en hiver, un clochard transi qui somnolait sur un banc. Il recueillait les chiens errants, et une fenêtre était toujours ouverte, afin que les pigeons puissent picorer les grains de maïs répandus sur le carrelage cassé. » (p. 76, n. 1).

Le 1er Mai 1911, il avait été arrêté, avec sa future épouse, et condamné à 50 F d’amende le 22 juin suivant par la 9e Chambre correctionnelle de Paris pour outrage à l’armée ; il était alors adhérent et syndic de la Chambre syndicale des Employés de la région de Paris (« le syndicat Martinet »), membre du conseil d’administration de la Chambre syndicale des Comptables et teneurs de livres de la Seine et, en outre, il adhérait à la 2e section de la Fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO. Quelques années avant la guerre, il fut comptable à l’Union des Robinettiers, 4, rue Michel-Bizot, tout en tenant la comptabilité du journal La Bataille Syndicaliste. En 1914, il était entré, dans les mêmes fonctions, à l’Union des syndicats de la Seine, 33, rue de la Grange-aux-Belles et, à ce titre, il avait été maintenu dans ses foyers pendant les hostilités, toujours en place à la fin de 1921.

Très tôt, il se rallia à la minorité révolutionnaire qui mettait en cause la ligne majoritaire d’une CGT dénoncée comme réformiste, participant entre 1919 et 1921 à divers congrès et y défendant ces positions, notamment à la commission exécutive de l’Union des syndicats de la Seine. Un rapport de police du 18 novembre 1921 annonçait son exclusion de la Fédération nationale des employés, « en raison de son rôle actif au Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires ». Le secrétaire général du syndicat parisien des Comptables et Employés aux écritures était accusé par la direction de la CGT d’avoir détourné, au profit de sa tendance, des fonds destinés aux enfants autrichiens, au Peuple et à l’immeuble de la CGT. Il participa et prit la parole au congrès, à Saint-Étienne, en juin-juillet 1922, d’où sortit la CGTU, et il fut élu à sa Commission exécutive. Deux organismes où il fut constamment réélu jusqu’en 1925, cumulant ces charges avec le secrétariat (1922-1924), puis la trésorerie (1924-1927) de la Fédération (unitaire) des Employés. Le congrès de Paris, en août 1925 — le IIIe de la CGTU — l’écarta de sa Commission exécutive ; à cause de son désaccord avec la ligne générale ? En janvier 1926, en effet, il intervint au IIe Congrès de l’Union des syndicats unitaires de la Région parisienne pour dire son hostilité « ... aux Unions régionales telles qu’elles sont proposées par la CGTU... » et son regret du temps où « ... la discussion entretenait l’esprit révolutionnaire du syndicalisme français... ».

En 1930, toujours secrétaire de la Chambre syndicale des Comptables CGTU, il soutint la motion Maurice Chambelland ; mis en minorité, il démissionna et fut remplacé par P. Delon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24593, notice GILHODES Pierre, Joseph par Yves Lequin, version mise en ligne le 24 février 2010, dernière modification le 4 septembre 2021.

Par Yves Lequin

Maison des syndicats 8 avenue Mathurin Moreau

SOURCES : Arch. Nat. F7/13577, F7/13618 et 13720. — Comptes rendus des Ier (1922), IIe (1923) et IIIe (1925) congrès nationaux de la CGTU. — Compte rendu du IIe congrès de l’Union des syndicats unitaires de la Région parisienne (1926). — L’Humanité, 2 février 1924 et 27 février 1925. — P. Delon, Les Employés, Paris, 1969, pp. 64 et 76.

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