GRAËELS Julien, François [écrit aussi Graeels, Graells ou Grahëels]

Par François Ferrette

Né le 10 février 1885 à Torreilles (Pyrénées-Orientales), mort le 28 février 1928 ; employé de commerce ; socialiste, communiste ; inscrit au carnet B.

Membre actif du syndicat des employés de commerce avant-guerre, il fut mobilisé pendant la Première Guerre mondiale et réformé n° 1 avec une gratification de 20 %. Durant les hostilités, il manifesta des sentiments pacifistes et lutta dans la fédération socialiste contre les jusqu’auboutistes. Il salua la révolution russe et s’engagea dans les rangs du Comité de la IIIe Internationale. François Graëels était le secrétaire-adjoint de la section socialiste SFIO de Bordeaux après-guerre.

Lors du congrès fédéral des 14-15 février 1920, les partisans et adversaires de la IIIe Internationale s’affrontèrent. Dans une certaine confusion, les partisans de l’adhésion se scindèrent en deux blocs, l’un soutenant la motion locale Rebeyrol (intermédiaire entre Longuet et Loriot), l’autre soutenant la motion nationale présentée par le Comité de la IIIe Internationale. Le vote donna 94 voix à la motion amendée par Marquet du Comité pour la Reconstruction de l’Internationale, 81 voix à la motion Rebeyrol et 52 voix à la motion du Comité de la IIIe Internationale. Dans Le Cri populaire, Graëels était noté comme délégué au congrès de Strasbourg de la SFIO (25-29 février 1920) mais le compte-rendu ne le mentionne pas.

Le 17 février 1920, le bureau fédéral démissionna et, dans un équilibre des nuances probolcheviques, permit à Graëlls de devenir secrétaire général adjoint avec Camescasse, Rebeyrol devenant secrétaire général. Le Conseil d’administration du Cri populaire, organe de la fédération, était alors composé de Graëels et Camescasse pour la majorité et Marquet pour la minorité. Mais le 20 juin, Rebeyrol, Camescasse et Graëels devaient donner leur démission après un vote sur le rapport moral qui obtint 11 voix pour, 1 contre et 21 abstentions, celles des amis de Marquet. Cayrel présenta alors une proposition d’un nouveau bureau et Marquet fut élu par 21 voix contre 11 avec un bureau fédéral composé majoritairement de la droite du Parti, contre une proposition de conciliation soumise par Rebeyrol.

Le 2 décembre 1920, Georges Gaye anima une réunion qui constitua le comité local de la 3e Internationale en présence de cent participants. Graëels informa l’assemblée que Cachin avait été sollicité pour venir à Bordeaux pour animer un meeting et qu’il lui serait demandé de rester pour le congrès fédéral. Au cours de la discussion, Gaye proposa la future direction de la fédération socialiste-communiste de Gironde qui devait passer à la 3e Internationale. Graëels était alors pressenti pour devenir secrétaire fédéral avec Lagoanelle, trésorier. Gaye, Olivier, Lapeyre, Barsac, Guilbon, Lourde, Costedoat, Vaillandet devaient composer le reste du bureau fédéral. Finalement, ce fut Marius Ollivier qui devint secrétaire fédéral. La discussion autour de l’adhésion à la IIIe Internationale fut vive et le congrès du 13 décembre 1920 de Bordeaux, interdit aux journalistes, se termina dans la confusion. La motion d’adhésion à la IIIe Internationale reçut 129 mandats, 91 pour la motion Blum (maintien de la SFIO) et 35 pour la motion reconstructrice (adhésion avec réserve).

Après le congrès de Tours, Graëels loua à titre personnel le siège de la fédération communiste à Bordeaux. Selon la police, il était intelligent et jouissait d’un certain prestige dans les milieux ouvriers. Il était membre du comité exécutif de la fédération communiste de Gironde et secrétaire du groupe communiste Babeuf.

Il bénéficiait d’un certain train de vie qui lui permit d’engager des fonds personnels pour ses activités militantes. Il était entrepositaire du savon « 565 » fabriqué à Nantes. Il semble qu’il ait quitté cette activité au profit de la représentation sur les cuirs.

En 1924, il désapprouva la réorganisation du parti sur la base des cellules d’entreprises et quitta à cette date la fédération de la Gironde et cessa de militer. Celle-ci lui devait encore 3000 francs avancés pour l’organisation de congrès régionaux.

Il fut emporté par une embolie contractée pendant la guerre. Dans Le Travailleur du 3 mars 1928, organe des communistes bordelais, il lui fut rendu hommage et il était considéré comme un des pionniers du communisme de la région.

Il était marié à Rose Piqué dont les obsèques eurent lieu le 22 octobre 1919.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245945, notice GRAËELS Julien, François [écrit aussi Graeels, Graells ou Grahëels] par François Ferrette, version mise en ligne le 27 février 2022, dernière modification le 27 février 2022.

Par François Ferrette

SOURCES : Arch. Nat., 19940448/371, dossier 31475. — Le Travailleur. — Le Cri populaire. — L’Humanité. — La France de Bordeaux et du Sud-Ouest.

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