AVRONSART Jules, François, Théodore

Par Jean-Louis Robert

Né le 3 avril 1835 à Méaulte (Somme), mort le 15 mai 1912 à Paris (Ve arrondissement) ; ouvrier tailleur ; communard, syndicaliste, socialiste, franc-maçon, membre fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme.

Jules Avronsart se fit remarquer dès 1870 en appelant à voter « non » au plébiscite impérial dans son canton d’Albert. Venu à Paris, ouvrier tailleur, proche de Blanqui, il fit partie du comité de vigilance de Montmartre dont il était le trésorier et participa activement à la journée du 18 mars 1871. Pendant la Commune, il resta membre actif du comité, mais travailla aussi comme employé au commissariat de la Goutte d’Or. Il dénonça à Édouard Vaillant le préfet des études du lycée Turgot qui faisait aux élèves une vive propagande anticommunarde. Après la Commune, il s’enfuit de Paris, mais ne semble pas avoir été condamné.

En avril 1879, Jules Avronsart participait activement à l’action de la chambre syndicale des ouvriers tailleurs de Paris et fut élu au comité en charge de la surveillance de l’hygiène des ateliers. S’il ne prit pas ensuite de responsabilités essentielles dans le mouvement syndical, il écrivit une brochure L’organisation corporative et fut délégué par son syndicat à la conférence ouvrière internationale de 1886 et au comité en charge de l’exposition ouvrière dans le cadre de l’exposition internationale de Paris de 1889. En 1887, il était membre de la Ligue contre les bureaux de placement. Il était aussi un proche de Louise Michel : il soutint la tentative qu’elle effectua en 1882 d’un mouvement de grève des travailleuses de l’aiguille et il la visita dans sa prison de Saint-Lazare en août 1885.

Jules Avronsart se consacra essentiellement pendant une dizaine d’années à l’action socialiste dans le 5e arrondissement de Paris. Son point de vue était proche de celui des allemanistes dans une version ouvrière, corporative et à la fois révolutionnaire et très attachée à la défense de la République. En 1884, il tenta avec Armand Lévy de créer un nouveau journal La Vraie République. Il fut candidat sur la liste socialiste aux élections législatives d’octobre 1885 dans la Somme où il avait conservé des liens. Il fut aussi candidat socialiste aux élections municipales de 1887 dans le quartier de la Sorbonne. Il obtint 335 voix sur 4513 votants. Ces échecs n’empêchaient nullement la grande popularité d’Avronsart sur la « rive gauche ». On ne cessait de faire appel à lui pour présider les réunions publiques les plus diverses et il y venait toujours vêtu de sa blouse d’ouvrier.

À compter de 1888, Avronsart diversifia ses engagements, se situant désormais comme un élément fédérateur des républicains. En mai 1888, il se signala par un épisode qui marqua les médias de l’époque. Il demanda à rencontrer le général Boulanger qui le reçut à l’Hôtel du Louvre. Son compte-rendu public de l’entrevue suscita une vive émotion notamment devant l’indifférence que le général avait marquée à propos des massacres de 1871 et devant les propos antisémites qu’il avait tenus. Avronsart rallia dès lors activement le mouvement antiboulangiste dont il fut un animateur aux côtés des étudiants du quartier latin. Avronsart fut aussi membre de la commission exécutive du comité pour le monument des fédérés (1884), secrétaire de la Ligue pour la réforme des impôts (1892) dont le but était que la contribution progresse avec la fortune. Avronsart était aussi membre de la loge La Libre pensée.

Surtout, Jules Avronsart s’engagea pleinement dans la lutte en faveur de Dreyfus. Il fut un des membres fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme en juin 1898 et fut élu membre de son comité lors de sa première assemblée générale le 4 juin. Il en assura la présidence pendant les premiers mois. Il démissionna cependant de cette présidence le 18 novembre 1898 suite au refus d’organiser une souscription pour l’épée d’honneur au colonel Picquart. Il semble aussi que ses propositions de soutenir des mouvements de grève aient suscité des réserves dans la Ligue.

En 1899, Avronsart se retira de toute action politique. La préfecture de la Seine offrit au vieux communard un poste d’employé qui lui assura une fin de vie digne. À sa mort en 1912, marié, il habitait 10 rue de l’Épée-de-Bois. Il avait auparavant résidé 16 place Maubert et 11 rue du Pot-de-Fer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article246037, notice AVRONSART Jules, François, Théodore par Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 2 mars 2022, dernière modification le 11 octobre 2022.

Par Jean-Louis Robert

SOURCES : Archives de la préfecture de police (APP), BA 364-3. — État-civil de Paris Ve arrondissement. — Bertrand Joly, Aux origines du populisme. Histoire du boulangisme (1886-1891), CNRS éditions, 2022. — Emmanuel Naquet, Pour l’Humanité – La Ligue des droits de l’homme de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, Presses universitaires de Rennes, 2014. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Le Rappel, 12 avril 1879 et 23 décembre 1886. — Le Prolétaire, 1er juin 1880. — Le Prolétariat, 28 août 1886. — La Cocarde, 8 mai 1888. — Le Radical, 9 juillet 1881.

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