DOMBROWSKI Ladislas [DOMBROWSKI Théophile, dit Ladislas, dit Taff ou Taffe]

Né à Zytomierz (Volhynie) le 30 décembre 1841, selon la Gazette des Tribunaux du 10 juillet 1870, ou à Varsovie le 20 octobre 1841 (PPo., B a-469). Frère cadet du général de la Commune, célibataire, « Pianiste, homme de lettres et dessinateur » (Arch. Nat.). Mort en 1918 à Wandsworth.

De même que son aîné Jaroslaw Dombrowski, Théophile (Ladislas) Dombrowski fut compromis dans l’insurrection polonaise de 1863 et gagna la France ; avec lui, en 1869, il fut accusé d’avoir émis, six ans plus tôt, de faux billets de banque russes pour aider la révolte ; arrêté le 20 octobre 1869, il bénéficia d’un premier non-lieu, le 31 décembre ; à nouveau arrêté, il fut acquitté, ainsi que son frère, le 9 juillet 1870, par la cour d’assises. Il habitait les Batignolles, 84, rue Nollet, XVIIe arr., et travaillait comme dessinateur à 1.800 f par an, boulevard Haussmann, aux bureaux des Chantiers et ateliers de l’Océan.

Simple garde à la 4e compagnie du 223e bataillon, durant le Siège, il devint, sous la Commune de Paris, le 2 avril 1871, secrétaire de Rossel alors chef de la XVIIe légion fédérée. Après le remplacement de Rossel par Jaclard, Dombrowski fut nommé adjoint de ce dernier en qualité de colonel sous-chef de la XVIIe légion : il commanda à Asnières. Son rôle dans la bataille de rue est inconnu : il adressa sa démission à Delescluze le jour même de la mort de son frère.

Le 4e conseil de guerre le condamna par contumace, le 14 juin 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Théophile et Jaroslaw avaient un frère, Émile, dessinateur aux chemins de fer de l’Ouest, mais qui demeura étranger à la Commune.

Théophile Dombrowski avait pu fuir et gagner Londres, où il aurait emmené sa belle-sœur et son neveu ; il y vécut avec Wroblewski, travaillant de son métier. La politique n’a jamais semblé l’intéresser beaucoup, mais il défendit la mémoire de son frère et écrivit par exemple au Vermersch Journal, le 13 mars 1872, le montrant « mort glorieusement pour la cause démocratique et sociale à la tête des troupes de la Commune, en essayant de reprendre Montmartre ».

Le 14 mai 1879, Théophile Dombrowski s’adressa en ces termes à l’ambassadeur de la République française à Londres (la lettre autographe que nous reproduisons, en lui conservant style et orthographe, figure dans le dossier des Archives nationales) :
« J’ai pris part dans la guerre franco-prussienne comme volontaire dans le 223e bataillon de marche de la Garde nationale de Paris. Pendant la Commune, j’étais nommé chef d’état-major du XVIIe arr., ensuite sous-chef de Légion et Commandant de l’aile droite sur la ligne de défense : de Neuilly jusqu’à Saint-Denis. À cette porte j’ai resté jusqu’à la fin. Ayant appris que le gouvernement de la République donne la permission de retourner en France aux personnes qui ont pris part dans la Commune, je prend la liberté de m’adressé à vous, Monsieur l’Ambassadeur, pour savoir si je suis dans la catégorie de ceux qui ont été gracié [...] ».

Le 27 novembre suivant, il bénéficia d’une remise de peine sous condition d’arrêté d’expulsion. Celle-ci fut rapportée le 11 avril 1881. Plusieurs notes, et notamment celle de police du 14 janvier 1880, indiquent que Théophile aurait été condamné, ainsi que d’autres Polonais, le 19 décembre précédent, par la Cour centrale criminelle de Londres, à douze ans de réclusion « pour émission de faux billets de la Banque russe ». Était-ce un rappel de l’affaire jugée en France en 1869-1870 ?

Selon un rapport de mars 1879 (Arch. PPo., E a/102-13), Théophile Dombrowski aurait appartenu à l’Internationale, mais il n’est pas précisé à quelle époque.
Voir W. Wroblewski.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24610, notice DOMBROWSKI Ladislas [DOMBROWSKI Théophile, dit Ladislas, dit Taff ou Taffe], version mise en ligne le 18 février 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/856 A, n° 2392. — Arch. Min. Guerre, 4e conseil. — Arch. PPo., B a/429, a/469 et E a/102-13. — Gazette des Tribunaux, 10, 11, 12 juillet, 1er novembre 1870. — Le Dictionnaire de Biographie polonaise (en polonais) cf. K. Wyczanska, Polacy W Komunie Paryskiej 1871 R, op. cit., donne 1842 comme année de naissance. — Jean-Pierre Bonnet dans Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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