CROTTET Philippe, Jean, Maurice dit Laïta

Par Robert Kosmann

Né le 17 aout 1956 à Paris ; guichetier puis trieur à La Poste ; syndicaliste CGT (1976-1978), CFDT (1978-1988) puis SUD-PTT (1988-2021), membre du bureau fédéral de SUD-PTT (1996-2002), permanent fédéral (1990-2019) ; militant de la Fédération des cercles rouges, puis de la Ligue communiste (LC), de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) (1972-1990 et 2001-2008) puis du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) en 2009.

Le père de Philippe Crottet, René Crottet, était pompier de Paris et sa mère, Lucette, née Euzenat, fut d’abord ouvrière conditionneuse dans un laboratoire pharmaceutique puis poinçonneuse au métro et sur les bus de la RATP. Philippe Crottet suivit l’école primaire à l’école rue Madame à Paris (Vie arr.), poursuivit ses études au collège Jacques Prévert de Paris puis à celui de Puteaux (Hauts-de-Seine) (1969-1971) avant d’intégrer le lycée Balzac (1972-1974), puis le lycée d’Évry (Essonne). Il obtint un baccalauréat sciences économiques en 1975, s’inscrit et fit une année à la faculté de Saint-Maur (Val-de-Marne) mais ne souhaitait pas poursuivre ses études.

Il resta six mois comme intérimaire chez Creusot Loire à la Défense (Hauts-de-Seine) comme tireur de plans puis réussit le concours d’entrée à La Poste en 1976 et occupa plusieurs fonctions : guichetier, chargé des lettres recommandées, trieur en service de nuit jusqu’en 1989. Il fut détaché ensuite jusqu’à sa retraite prise en 2019.

Philippe Crottet avait commencé à militer dès l’âge de 15 ans au lycée Honoré de Balzac où il rencontra les militant-e-s de la Ligue communiste. Il adhéra en 1972 à la Fédération des cercles rouges, puis intégra un groupe « Taupe rouge » dans l’Essonne, de 1973 à 1976. À partir de 1973, il fut meneur, avec d’autres camarades, des mobilisations lycéennes, en particulier contre la loi Debré. Dans la continuité, il adhéra à la Ligue communiste révolutionnaire en 1977, jusqu’en 1990. Son militantisme continua pendant son service militaire en Allemagne à Wittlich, en 1978 où il participa à un « comité de soldats » en liaison avec les unions locales CFDT et CGT de Metz. Au retour de service, après son entrée aux PTT, il fut intégré dans une des cellules parisiennes de la LCR sous le pseudonyme de « Laïta » et il put « côtoyer des militants historiques comme Jeannette Habel ». Il fut secrétaire de cellule et participa au groupe du Service d’ordre de son organisation.

Les vifs débats internes de la LCR pour ou contre l’adhésion au nouveau syndicat SUD-PTT en 1989 le déçurent et il quitta l’organisation en 1990. Il y revint en 2001 après avoir rencontré Olivier Besancenot avec l’espoir d’un grand parti politique. Il construisit une section LCR en Seine-et-Marne avec un camarade de la FSU et ils s’impliquèrent dans la première campagne présidentielle de Besancenot, en 2002. Entre 2001 et 2008, il fut coordinateur de la section Nord 77 de la LCR puis du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Il fut candidat aux élections régionales sur la liste commune LO-LCR en 2004 qui fit un résultat de 2,78 %. Le grossissement de la LCR qui s’était auto dissoute en 2009 pour créer le NPA ne parvint pas à convaincre Philippe Crottet. En particulier, selon lui « l’entrée dans cette jeune organisation de multiples petits groupes ou sectes pseudo-révolutionnaires trotskistes brisa l’élan d’un parti large en construction ». Philippe Crottet s’éloigna et démissionna fin 2009 du NPA, et ne reprit plus d’affiliation politique.

Sur le plan syndical, après une courte période à la CGT, comme intérimaire puis à son premier poste aux PTT dans les Yvelines où il avait adhéré, Philippe Crottet désapprouva la chasse aux militants d’extrême gauche et, au retour de l’armée, donna son adhésion à la CFDT, en 1978. Il devint secrétaire de section pour le centre parisien Paris 05. Il fut élu au bureau départemental du syndicat CFDT des postaux Paris de 1983 à 1988. En 1988, le conflit des « camions jaunes » à La Poste fut brisé par une intervention des gendarmes mobiles sur décision du gouvernement Rocard, en accord avec le ministère des PTT et avec le soutien de la confédération CFDT et de sa fédération des PTT. À l’échelle de l’Île-de-France, des centaines de militant-e-s qui s’opposaient et soutenaient la grève furent déchus de leurs mandats, les serrures de nombreux locaux syndicaux furent changées.

La Fédération SUD-PTT naquit à cette occasion, Philippe Crottet y adhéra immédiatement malgré le débat qui agitait son organisation politique : les militants LCR qui travaillaient aux PTT étaient largement partisans de la création d’une nouvelle organisation syndicale, la direction de la LCR estimait, au contraire, qu’ils devaient continuer le débat dans la CFDT malgré une bataille perdue, l’idée étant « qu’il n’y a point de salut hors de syndicats ouvriers ». Finalement ce sont les deux branches qui avaient un poids certain dans les PTT qui entraînèrent la décision d’adhésion à SUD-PTT : la branche PTT de la LCR et l’organisation libertaire UTCL (Union des travailleurs communistes libertaires).

Philippe Crottet fut élu pour son syndicat en Commissions administratives paritaires (CAP) locales pendant de nombreuses années, et élu au Comité technique national durant deux mandats électifs entre 2010 et 2018. Il fut élu au bureau départemental du syndicat SUD-PTT des Postaux Paris de fin 1988 à début 1996. À partir de 1990, il fut détaché par La Poste, comme membre du Bureau fédéral et de son secrétariat (1996-2002).

Il participa au lancement de « Ras le front » en 1990 en étant le secrétaire de l’association dès sa création. En mars 1996, il fut chargé par la Fédération SUD-PTT de suivre et soutenir le « mouvement des sans papiers » qui avaient trouvés refuge dans les églises de Saint-Bernard et Saint-Ambroise à Paris puis furent expulsés par la police. En parallèle, il fut chargé du développement et de l’organisation du site web et de l’informatique dans le cadre SUD-PTT.

Sur le plan personnel Philippe Crottet eut une fille Elisa, née en 1986, avec une première compagne. En 2021, il vivait toujours depuis plus de 30 ans avec Patricia, militante de SUD-PTT. Ils habitaient à Noisiel (Seine-et-Marne) dans une maison de la cité ouvrière attenant à l’usine de chocolat Menier.

Retraité depuis 2019, il était toujours adhérent à SUD-PTT. Revenant sur son parcours il indiquait : « malgré mon jeune âge, j’ai été très marqué par Mai 68  ». En 2021, il s’interrogeait sur « l’utilité d’une organisation politique radicale, je crois plus à des structures de contre-pouvoir  ». De plus en plus sensible aux questions écologiques, il se prononçait pour « l’intervention en faveur de l’écologie et du socialisme et pour le nécessaire abandon du productivisme ». Depuis 2020, il faisait partie d’une association qui a comme projet la création à Noisiel, dans un bâtiment ayant appartenu à Menier, d’une coopérative alimentaire et l’ouverture d’un magasin qui privilégierait notamment « les circuits courts » du producteur au consommateur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article246388, notice CROTTET Philippe, Jean, Maurice dit Laïta par Robert Kosmann, version mise en ligne le 15 mars 2022, dernière modification le 17 mai 2022.

Par Robert Kosmann

ŒUVRE : Nombreux articles sur le site de SUD-PTT.

SOURCES : Arch. SUD-PTT. — Annick Coupé, Anne Marchand (coord.), Syndicalement incorrect/Sud-Ptt une aventure collective, Paris, Syllepse,1998. — Entretien avec Philippe Crottet novembre 2021.

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