GARRIC Jean, Élie, Fernand

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 29 mars 1882 à Moissac (Tarn-et-Garonne), mort le 3 juillet 1945 à Avallon (Yonne) ; principal de collège ; résistant.

Fils d’Augustin Garric, commis greffier, et d’Antoinette Viottès, sans profession, Jean Garric, après avoir obtenu le baccalauréat « série philosophie » en 1901, fut étudiant à la Faculté des Lettres de Toulouse (Haute-Garonne) et obtint une licence mention Espagnol en 1911. Il effectua son service militaire comme soldat de deuxième classe au 11e Régiment d’infanterie à Montauban (Tarn-et-Garonne) à partir de novembre 1903, mais fut réformé pour bronchite chronique en avril 1904.

Il débuta sa carrière enseignante comme répétiteur dans des collèges du nord de la France (Cassel, Boulogne, Arras) à partir de mars 1902. Il continua comme répétiteur, parfois chargé de l’enseignement en Espagnol, aux collèges de Gaillac (Tarn) en 1906-1908, de Moissac en 1908, de Castres (Tarn) en 1909-1911, puis à nouveau à Moissac, avant d’obtenir un poste de répétiteur au lycée de Carcassonne (Aude) en 1912, puis de délégué pour l’enseignement des lettres et de l’Espagnol au collège de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) pour la rentrée de 1914. Il s’était marié le 6 août 1908 à Montauban avec Françoise Andrieu. Le couple eut deux enfants.

Rappelé au début de la guerre, il fut déclaré bon pour le service armé en décembre 1914 et rejoignit le 11e Régiment d’infanterie en février 1915. Déclaré inapte pour deux mois à la fin de l’année, il passa au 228e Régiment d’infanterie en août 1916. Il fut cité à l’ordre de la division en mai 1917 et obtint la Croix de guerre. Blessé en juillet 1917 sur le plateau de Vaucler (Aisne), il termina la guerre à partir d’octobre 1917, au 2e Groupe d’aérostation de Toulouse, où il devint sergent.

Démobilisé en mars 1919, il reprit son poste à Villefranche-de-Rouergue. En 1923, il devint principal du collège de Saulieu (Côte-d’Or), chargé de l’enseignement des lettres, du latin, de la grammaire. Son épouse gérait l’internat de ce collège comprenant cinquante élèves en 1927-1928.

Veuf, il se remaria en septembre 1929 à Saulieu (Côte-d’Or) avec une institutrice. Il obtint sa mutation comme principal du collège d’Avallon en 1932.

Jean Garric avait fait des conférences d’histoire au cercle socialiste de Gaillac en 1908 et pendant toute sa carrière, les rapports notaient qu’il consacrait une partie de son temps à des activités culturelles et de type politique. Vice-président de la Société d’études d’Avallon, il connaissait bien l’Antiquité ; musicien, il composait des poésies et peignait.

Après l’armistice de 1940, il s’absenta de son établissement de juin à août. Des familles d’Avallon demandèrent une sanction. Plutôt que de le révoquer, le ministère chercha une solution et finalement le releva de ses fonctions, le 3 avril 1941, sans le prévenir officiellement. Il apprit sa mise à la retraite par une lettre envoyée à son successeur désigné mais n’ayant pas encore rejoint son poste. Dans un rapport sur lui, le ministère estima : « Garric est considéré comme un fonctionnaire s’acquittant honorablement de sa tâche mais non pas comme un administrateur distingué ». À la Libération, le recteur estima qu’il avait été « victime d’une dénonciation d’ordre politique » dont il ne demeurait aucune trace dans son dossier.

Résistant, affilié à un réseau gaulliste, dénoncé par un enseignant avallonnais responsable départemental du RNP, il fut arrêté le 18 décembre 1942, ainsi que Daniel Cluzel, professeur de philosophie au même collège. Parti du camp de Royallieu à Compiègne le 17 janvier 1944, il fut déporté à Buchenwald.

La commission de réintégration du Ministère, le 6 mars 1945, émit le vœu qu’il soit réintégré, bien qu’atteint par la limite d’âge. Jean Garric décéda peu après son rapatriement de Buchenwald à son domicile, le 3 juillet 1945. Ses obsèques furent religieuses. Une rue porte son nom à Avallon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24646, notice GARRIC Jean, Élie, Fernand par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 15 octobre 2020.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F 17, dossier de l’intéressé. — Arch. Dép., Tarn-et-Garonne (état civil et registre matricule). — Arch. SHD, 6R16P. — Arch. IRHSES (L’Université syndicaliste). — Daniel Cluzel, Sous le signe de la bête, Société d’études d’Avallon, 1946. — Bulletin de la Société d’études d’Avallon, 1948 (transmis par le service « lecture publique » de la Bibliothèque-médiathèque Gaston Chaissac (Avallon). — Bulletin de l’Association pour la Recherche sur l’Occupation et la Résistance dans l’Yonne. — Claude Delasselle, Joël Drogland, Frédéric Gand, Thierry Roblin, Jean Rolley, Un département dans la guerre, 1939-1945. Occupation, collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, Tirésias, 2006. — Notes de Jean-Pierre Besse.

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