KOENIG Charles, Abel, Jean

Par Guy Putfin

Né le 19 août 1921 à Saïda (Algérie), mort le 3 février 2009 à Nice (Alpes-Maritimes) ; instituteur puis professeur de collège, maire et président du conseil général de Saïda, ministre de l’Exécutif provisoire algérien en 1962, président du SNI et de la FEN en Algérie de 1964 à 1966.

Charles Koenig était issu d’une famille d’alsaciens venus s’installer en Algérie après la perte de l’Alsace - Lorraine en 1870. La mère de Charles Koenig, Céline Koenig était couturière à Saïda, en Algérie. Charles fit ses études à l’école primaire du Square Flinois de Saïda, et à l’école primaire supérieure Ardaillon d’Oran. Après le brevet supérieur, il obtint le certificat d’aptitude pédagogique. Il fut nommé instituteur à Marhoum, dans la région des hauts plateaux, en octobre 1942.

Mobilisé, le 8 novembre 1942, après une formation à l’école Desaix, il participa, comme aspirant, puis comme lieutenant, dans l’armée de l’air (artillerie antiaérienne) à la campagne de Tunisie, de Corse, de France et d’Allemagne.

En octobre 1945, il fut nommé instituteur à Saïda, à l’école indigène Jonnart, puis à l’école primaire du Square Flinois. Il passa le certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges, et devint professeur de lettres, histoire et géographie au collège d’enseignement général (CEG) du Square Flinois, puis au collège de garçons Jules Ferry de Saïda. De 1947 à 1954, pendant les vacances scolaires, il dirigea des colonies de vacances (ville de Perrégaux, et Fédération des oeuvres laïques (FOL) d’Oran).

Adhérent du syndicat national des instituteurs en 1945, il fut secrétaire du groupement de l’arrondissement de Saïda du SNI, de 1954 à 1959, et, à ce titre, membre de la commission administrative de la section du SNI du département d’Oran.

En juillet 1958, il fit partie de la délégation spéciale mise en place pour remplacer les conseils municipaux qui venaient d’être dissous. Aux élections municipales d’avril 1959, Charles Koenig fut élu sur une liste composée d’européens et de musulmans, et devint maire de Saïda, où il reçut, peu après, la visite du Président de la république, Charles de Gaulle, le 27 août.

En 1960, la création des nouveaux départements algériens entraîna des élections cantonales, avec des candidats musulmans et européens sur les mêmes listes. Charles Koenig fut élu conseiller général du canton de Saïda ville, et devint président du conseil général du département de Saïda, après l’assassinat de son prédécesseur, quelques jours après son élection.

Il fut désigné par le délégué général de l’Algérie pour siéger au Conseil supérieur de la promotion sociale.
Le 12 mars 1962, Charles Koenig, convoqué à Paris par Louis Joxe, ministre d’État chargé des affaires algériennes, se vit proposer de faire partie de l’Exécutif provisoire chargé de préparer et de mettre en oeuvre l’autodétermination en Algérie. Le 18 mars, les accords d’Evian furent signés, et le lendemain parurent les décrets organisant la période intermédiaire et créant l’Exécutif provisoire algérien.
L’Exécutif provisoire fut installé à Rocher-Noir, près d’Alger, officiellement le 7 avril. Présidé par Abderahmane Farès, il comprenait 5 représentants du GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne), 4 algériens désignés par le gouvernement français (dont le président Farès), et 3 citoyens français également désignés par le gouvernement français, dont Charles Koenig, à qui revinrent les attributions de délégué aux travaux publics.

Dans ces fonctions, Charles Koenig établit le contact avec les responsables du SNI en Algérie, Marcel Dubois, et Louis Rigaud, et avec Pierre Desvalois, secrétaire général du SNI, à Paris. Il s’agissait de donner des garanties aux personnels qui assuraient le fonctionnement des services publics, et en particulier des enseignants. Une délégation nationale du SNI, de la FEN et de la MGEN séjourna à Rocher-Noir du 15 au 18 juin pour examiner, à la lumière des accords d’Evian, comment assurer dans de bonnes conditions la continuité de l’enseignement en Algérie, et préparer la rédaction de protocoles d’accord de coopération technique. Une seconde visite de James Marangé, au nom du SNI et de la FEN, le 29 juin, fut nécessaire, pour arriver à un projet de protocole de coopération relatif aux enseignants, acceptable, qui permit d’effectuer la rentrée scolaire d’octobre 1962 en Algérie.

L’indépendance de l’Algérie fut proclamée le 2 juillet 1962. L’Assemblée constituante algérienne fut élue en septembre. Charles Koenig y fut élu député pour le département de Saïda. Après l’élection de Ben Bella à la présidence de la république, les délégués de l’Exécutif provisoire transmirent leurs pouvoirs aux ministres du premier gouvernement algérien. Charles Koenig transmit les pouvoirs concernant les travaux publics, les transports, l’hydraulique et la construction à Monsieur Boumendjel, et ceux concernant le tourisme à M. Bouteflika, à Rocher-Noir, le 15 octobre 1962. Il continua cependant à apporter son concours au nouveau ministre des travaux publics, et l’accompagna dans des négociations à Paris, en février 1963.

L’Assemblée constituante acheva ses travaux en septembre 1963. Charles Koenig reprit alors un poste de professeur au CEG Mont Riant à Alger. Il fut élu secrétaire général de l’APIFA (association professionnelle des instituteurs français en Algérie), en réalité la section du SNI en Algérie. Il devint président de l’APIFA, et de la FENFA (la FEN en Algérie), à la suite de Louis Rigaud, en septembre 1964. Il fut élu suppléant le 6 avril 1965 à la commission administrative paritaire centrale. Dans son intervention au congrès national du SNI, le 12 juillet 1965, il souhaita que l’Algérie et la France définissent les « garanties fondamentales des coopérants » sans lesquelles « la coopération ne trouvera jamais son plein développement ». Il siégea à la Commission administrative nationale de la FEN au titre de la majorité autonome (sections départementales) de 1964 à 1966. Il fut également membre de la commission exécutive de la MGEN à Alger de 1964 à 1966.

Charles Koenig quitta l’Algérie avec sa famille en juillet 1966. Il s’établit à Nice et fit valoir ses droits à la retraite.
Marié à Antoinette Rico, institutrice, puis directrice d’école, le 28 novembre 1945, à Saïda, il eut deux enfants, Michel et Jacqueline.
Charles Koenig fut décoré de la Croix du combattant, il fut chevalier de la Légion d’honneur, et officier de l’ordre national du mérite.
Il s’occupa de la société des membres de la Légion d’honneur (président du comité de Nice Est depuis 1991, et trésorier de la section des Alpes maritimes de la société d’entraide depuis 1994). Il fut membre de la commission exécutive de la Fédération générale des retraités (FGR) des Alpes maritimes depuis 1995. D’avril 1994 à juin 1997, il fut président de l’association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, association créée en souvenir des six inspecteurs des centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS le 15 mars 1962.
Charles Koenig rédigea ses souvenirs de membre de l’exécutif provisoire algérien, accompagnés de documents, pour le Centre d’histoire sociale de la FEN, qu’il présenta lors d’une séance de témoignage devant le groupe de recherche FEN et Centre de recherche d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme de l’Université de Paris 1, sur l’histoire du syndicalisme enseignant, le 14 mai 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24654, notice KOENIG Charles, Abel, Jean par Guy Putfin, version mise en ligne le 22 février 2009, dernière modification le 16 octobre 2011.

Par Guy Putfin

ŒUVRE : “Souvenirs et témoignage d’un membre de l’Exécutif provisoire algérien”, Cahiers du centre fédéral, FEN, n° 1, mars 1992, p. 15 - 160. “L’Enseignement en Algérie”, Cahiers du centre fédéral, FEN, n° 4, septembre 1992, p. 87 - 102. “Témoignage de Charles Koenig”, in L’Ecole dans l’Algérie coloniale, conformer ou émanciper ? Les Cahiers du centre fédéral, n° 40, SUDEL, 2004.

SOURCES : Questionnaire du centre fédéral FEN, et entretiens avec l’intéressé,1999.

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