LIBIS Ernest [Pseudonyme dans la Résistance : Ducasse, Albert]

Par Audrey Galicy

Né le 1er octobre 1921 à Sondersdorf (Haut-Rhin), exécuté sommairement le 26 juillet 1944 à Aurensan (Gers) ; cultivateur ; résistant du Corps franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Ernest Libis
Ernest Libis

Fils de Joseph Libis et de Sabine Kaemf, cultivateurs, Ernest Libis résidait avec sa famille à Sondersdorf (Haut-Rhin).
À la déclaration de la guerre le 1er septembre 1939, le village fut évacué. Les habitants laissèrent tout et rejoignirent les Landes. Le retour des villageois se fit après la signature de l’armistice en juin 1940. Les jeunes Alsaciens du village furent incorporés de force dans l’armée allemande. Son frère fut mobilisé dans une caserne en Allemagne.
Refusant cette incorporation forcée, Ernest Libis quitta l’Alsace, en passant par la Suisse, pour la zone libre, le 2 juin 1942.
Il s’engagea comme volontaire pour 3 ans au 18ème régiment d’infanterie (RI) à Aire-sur-l’Adour (Landes), avec plusieurs camarades dont Gustave Hengy. Le 28 novembre 1942, il fut démobilisé.
Il se mit à la disposition du Corps Franc Pommiès, Brigade Carnot, pour reprendre la lutte contre les Allemands. Cantonné dans les Landes, il reçut avec d’autres jeunes recrues, un entraînement militaire, maniement des armes, techniques de guérilla.
Dès janvier 1944, il participa à diverses missions de parachutages, sabotages. Le 3 juillet 1944, il participa au combat de Portet.
Dès juin 1944, la Brigade Carnot commandée par Jean de Milleret («  Carnot  »), chef FFI des Landes, s’était installée dans la région de Portet avec son état-major, la section de commandement, la section destructions de Robert Vaxelaire, la section d’Emile Dupuy, la compagnie Maulvaux et la section transports de Chauvin.
Le 1er et le 2 juillet, De Milleret fut informé d’une attaque possible des troupes allemandes. Il lui fut alors fortement conseillé de changer de cantonnement et de répartir ses hommes, trop nombreux à Portet. La décision de quitter le cantonnement fut prise le 2 juillet au soir. Hélas trop tard.
Le lundi 3 juillet 1944, à 4h00 du matin, un groupe de maquisards, dont faisaient partie Gustave Hengy et Ernest Libis, quitta Portet pour tendre une embuscade à une «  éventuelle  » colonne ennemie. Au même moment, un important détachement allemand lourdement armé et parfaitement renseigné, encercla et isola le village. A 6h00, les Allemands lancèrent l’attaque. Pour les maquisards, aucune solution de repli n’était possible. Certains s’enfuirent ou se cachèrent dans les bois, les granges, d’autres ripostèrent. L’attaque fut violente et le bilan matériel et humain particulièrement lourd. Neuf maisons furent incendiées, 14 résistants furent tués au combat, cinq habitants du village furent abattus. Les Allemands emportèrent un important matériel, camions, voitures ambulances, armement ainsi que du bétail.
Ernest Libis échappa au massacre tandis qu’une quarantaine de ses compagnons furent capturés, transportés, enfermés et torturés et exécutés trois jours plus tard au champ de tir du Pont-Long, au nord de Pau.
Selon le témoignage d’Albert Sturni, maquisard rescapé, après le 3 juillet 1944, Gustave Hengy et Ernest Libis, étaient effondrés et prêts à abandonner le combat. Réfugiés dans la région de Viella (Gers) en compagnie d’autres rescapés, les deux hommes furent chargés d’inviter le commandant de compagnie Constant à une réunion organisée par De Milleret à la ferme du Guit à Viella. Au carrefour d’Aurensan (Gers), les deux hommes qui se trouvaient à bord d’un véhicule léger de la brigade Carnot, tombèrent sur une colonne allemande. Libis fut abattu sur place tandis que Hengy tenta de fuir pour prévenir son unité. Rejoint par les Allemands, il fut exécuté. Les corps furent «  enfouis sur le territoire de la commune d’Aurensan  ».
Les Allemands poursuivirent leur route jusqu’à Viella où ils arrêtèrent et tuèrent sept résistants.
« Mort pour la France », en service commandé, Ernest Libis fut homologué sergent à titre posthume et obtint la médaille militaire. Il fut cité à l’ordre du Corps d’armée avec attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil  :
«   Résistant de la première heure, élément d’élite animé du plus pur patriotisme, préférant la lutte plutôt que de s’incliner devant les décisions de l’occupant. Volontaire pour toutes les missions périlleuses a toujours fait l’admiration de tous par son audace et son ardeur communicative. Le 26 juillet 1944, à VIELLA-LABARTHETE (Landes) son unité étant encerclée a tenu tête à l’ennemi avec un sang-froid remarquable. A été fusillé par l’ennemi tombant glorieusement plutôt que de se rendre et de s’avouer vaincu   ». Son nom figure sur le monument aux morts de Sondersdorf, sur le monument commémoratif de Portet (Pyrénées-Atlantiques) et sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées).

Viella (Gers) 26 juillet 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article246631, notice LIBIS Ernest [Pseudonyme dans la Résistance : Ducasse, Albert] par Audrey Galicy, version mise en ligne le 25 mars 2022, dernière modification le 26 août 2022.

Par Audrey Galicy

Ernest Libis
Ernest Libis

SOURCES  : Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 372099. — Archives Association Lutter en découverte. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — CERONI, Marcel. Corps Franc Pommiès. Tome 1-2  ; La lutte ouverte. Amicale du Franc Pommiès, 2007. — STURNI, Albert. L’insoumis. La Pensée Universelle, 1994, 286 p.

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