ROCHAIX Raymond

Par Michel Aguettaz

Né le 26 février 1917 à Notre-Dame des Millières (Savoie), mort le 8 mars 1991 à Albertville (Savoie) ; manoeuvre aux laminoirs des aciéries d’Ugine, ouvrier des grands chantiers hydroélectriques des Alpes ; militant CGT et communiste de Savoie ; résistant.

Raymond Rochaix naquit dans une très modeste famille d’ouvriers paysans dans les proches environs d’Albertville. Immédiatement après le certificat d’étude il entra comme manoeuvre aux laminoirs des aciéries d’Ugine. En 1935, il adhéra aux Jeunesses communistes et à la CGT. Les aciéries étaient alors un des foyers le plus vivaces de la modeste fédération savoyarde du parti communiste. C’est cette même année qu’il fut victime d’un grave accident du travail à l’usine Rivoire, perdant deux doigts lors d’un incident de fonctionnement de la chaîne de production.

Militant actif de l’union locale CGT d’Albertville, on le retrouva en février 1936 au comité anti fasciste d’Albertville. Ce militantisme lui valut un refus de réembauche de la part du patron de l’usine Rivoire après son accident de travail. Passionné de sport, gymnaste, Raymond Rochaix était également animateur d’un club de randonnée et d’alpinisme. En octobre 1937, il fut incorporé au 86e bataillon alpin de forteresse dans les Alpes maritimes. Il resta dans cette unité jusqu’à sa démobilisation en août 1940.

À la fin de cette année il reprit contact avec d’anciens camarades tels Pierre Excoffier et Evariste Vauthier et participa à la reconstruction du Parti communiste sur le secteur d’Albertville. En 1942, parallèlement à son activité politique, il fut membre d’une sixaine de l’AS. Il rejoignit les FTP à leur création locale au début de l’année 1943 et participa à nombre des opérations menées à bien par la compagnie 92-18. Il mit en place les groupes FTP de la basse Tarentaise sur le secteur de Tours sur Isère et La Bathie. Au printemps 1944 il prit le commandement d’une nouvelle compagnie, la 92-16 basée à Notre-Dame des Millères. Il participa aux combats de libération de la Maurienne, puis une fois son unité intégrée au nouveau 7e BCA il partit combattre en Alsace. Après un passage à l’école des cadres de l’armée de Charbonnières (Rhône), il rentra à Albertville en 1946.

C’est aux aciéries d’Ugine, l’usine qui avaient vue ses débuts dans le monde du travail, qu’il retrouva un emploi, aux laminoirs. Très vite il s’investit dans une action syndicale et sociale tout azimuts. Il participa en particulier à la création de la caisse primaire d’assurance maladie de Chambéry, aux cotés de Ferdinand Granet, à la création du comité d’entreprise aux aciéries d’Ugine. C’est dans cette fièvre syndicale et sociale qu’il fut victime d’un nouvel accident du travail : une barre des laminoirs le faucha, le blessant grièvement à une jambe. Après quelques mois d’arrêt il retrouva un emploi sur les grands chantiers hydroélectriques des Alpes. Electricien sur le chantier du barrage de la Girotte (Beaufortin) son expérience allait rapidement le porter sur le devant du combat syndical acharné dont fut le théâtre ces immenses chantiers où les conditions de travail étaient terribles (Michel Étievent signale treize morts, soit un mort par kilomètre, pour le percement du tunnel Isère-Arc destiné à dériver les eaux de l’Isère depuis le barrage d’Aigueblance jusqu’à Randens en Maurienne).

Dès 1948, Raymond Rochaix fut désigné par ses camarades de la CGT comme représentant au congrès des travaux et au congrès des comités d’entreprises. En janvier 1952, alors qu’il avait rejoint l’UD départementale CGT depuis quelques mois, il fut un des animateurs de la très dure grève qui toucha le chantier du tunnel Arc-Isère : durant six semaines. Plus de 2000 ouvriers stoppèrent toute activité avant d’obtenir gain de cause. En mars 1957 c’est une lutte de près de trois mois qui débuta au chantier du barrage de Roselend, là encore R. Rochaix fut en première ligne. À la tête de l’UD CGT depuis 1956, il poursuivit son incessante activité à ce poste jusqu’en 1978. Il prit une retraite toute relative en s’investissant dans la défense des droits des retraités.

Au plan politique R. Rochaix fut candidat du PCF aux élections locales à la fin 1946 et suivit l’école centrale en 1950 (promotion Marcel Cachin).

Seule la maladie parvint à mettre un terme à son action militante. Il mourut à Albertville le 8 mars 1991.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24666, notice ROCHAIX Raymond par Michel Aguettaz, version mise en ligne le 22 février 2009, dernière modification le 21 avril 2022.

Par Michel Aguettaz

SOURCES : Cette notice est largement inspirée de la publication de Michel Etiévent, Raymond Rochaix : un militant dans le siècle. Institut d’Histoire sociale CGT Savoie, Librairie Jean-Jacques Rousseau, 2001. 83 p. — Interview de Raymond Rochaix par Michel Aguettaz (1988).

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