HANOT Marcel, André

Par Madeleine Singer ( autre version par Jacques Girault)

Né le 2 janvier 1917 à Avranville (Meurthe-et-Moselle), mort le 30 avril 2004 à Metz (Moselle) ; instituteur ; membre du comité national du SGEN (1945-1960).

Marcel Hanot
Marcel Hanot

Aîné des cinq enfants de Jean Hanot, menuisier-ébeniste, Marcel Hanot fit ses études à l’EPS de Saint-Avold (Moselle) et entra à l’Ecole normale de Montigny-les-Metz en 1933. Instituteur à Montois-la-Montagne de 1936 à 1938, il y fut l’animateur d’une équipe naissante de la JOC. Abonné alors à Sept qui devint Temps présent, ainsi qu’à l’Aube et à la Vie intellectuelle, il était naturellement conduit à un christianisme « engagé ».

Puis ce fut le service militaire et la guerre. Fait prisonnier en juin 40, il s’évada du Stalag XII D le 30 novembre 1941. Il gagna alors le Bourbonnais : pendant un an, il fut affecté comme instituteur au Secrétariat général de l’Instruction publique à Vichy, puis nommé en octobre 1942 à Nizerolles dans l’Allier. Là, il participa en 1942-1943 à un groupe de « résistance spirituelle » animé à Vichy par le Père Dillard (SJ) et fut l’année suivante animateur d’un groupe de JAC dans le secteur.

Le 20 octobre 1944, il s’engagea volontairement dans la Brigade d’Alsace-Lorraine (André Malraux) : « Le souci des recruteurs de cette brigade, dit-il, c’était évidemment de participer à la reconquête de l’Alsace-Lorraine, mais aussi d’y préparer le retour à une situation normale en étant des agents de réconciliation entre ceux qui avaient collaboré et ceux qui avaient résisté. J’étais plutôt chargé de cette deuxième partie de l’objectif ». Après avoir fait le coup de feu dans les forêts vosgiennes, il rentra à Metz, son engagement ayant pris fin le 19 mars 1945.

Il rencontra alors à Metz le permanent CFTC, Alfred Quirin*, qui l’engagea à fonder le SGEN dans le département. A dessein les trois départements de l’Est n’avaient pas été contactés avant-guerre par les fondateurs du SGEN. Marcel Hanot se mit à l’œuvre aussitôt, reçut du SGEN national les noms de 44 enseignants de la région qui avaient déjà adhéré au Syndicat dans les départements de l’intérieur où ils étaient réfugiés. Il réunit une équipe de jeunes militants qui venaient soit de la Paroisse universitaire, soit de la Brigade d’Alsace-Lorraine : celle-ci comportait un nombre important d’enseignants et de militants chrétiens (JOC, scoutisme, etc.), deux prêtres, un pasteur protestant. Aidé de Paul Caspard, il constitua une organisation de masse qui eut, dès 1948, trois sièges sur cinq à la Commission administrative paritaire départementale, avec 53,5 % des suffrages.

Nommé à son retour à Sainte Marie-aux-Chênes, puis à Amnéville, Marcel Hanot obtint en 1946 un poste à Metz où il exerça jusqu’à sa retraite en 1973. Il s’était marié en juillet 1946 avec une institutrice qui travailla avec lui à la fondation du SGEN et fut, dit-il, « l’irremplaçable soutien « logistique » pour ses engagements successifs (Sécurité sociale, MGEN, etc.) » ; ils eurent quatre enfants. Secrétaire de la section de Moselle (Premier degré) jusqu’en 1955, Marcel Hanot fut élu au comité national dès 1945 et y siégea jusqu’en 1960.

Cette section de Moselle travailla efficacement à l’évolution du statut scolaire de la région car la loi de 1882 qui instaurait l’école laïque n’avait pas été appliquée à l’Alsace et à la Moselle lorsqu’elles furent rattachées à la France en 1918. Or, à la Brigade d’Alsace-Lorraine, entre deux engagements, un groupe de réflexion dont Marcel Hanot avait la responsabilité envisageait l’avenir des régions libérées : les membres du groupe pensaient qu’il fallait favoriser une évolution lente du statut scolaire en évitant toute imprudence qui pourrait dégrader le climat de paix scolaire régnant dans la région. Dès février 1946, une circulaire départementale du SGEN proposa que les maîtres fussent dispensés de l’enseignement religieux qui serait donné par les ministres des cultes dans les locaux scolaires ; les écoles normales accueilleraient des élèves-maîtres, croyants et incroyants, et donneraient un enseignement strictement neutre, les ministres des cultes y ayant accès. Ces propositions inspirèrent celles du SGEN national, comme nous l’avons montré en retraçant l’activité de Paul Caspard qui était le porte-parole de la région auprès du Bureau national.

Marcel Hanot cumulait ses charges syndicales avec d’autres responsabilités : membre de la CA départementale de la MGEN, il siégea de 1948 à 1979 au Conseil d’administration national de la MGEN. Il appartint également aux conseils académiques des œuvres sociales à Strasbourg et ensuite à Nancy. Il fut administrateur de la Caisse primaire d’assurance-maladie à Metz ainsi que de la Caisse régionale d’assurance-maladie à Strasbourg. Enfin il fut représentant syndical dans certaines instances juridiques : commission d’épuration du personnel enseignant ; puis au titre de la CFDT locale pour les problèmes relatifs aux accidents du travail ainsi que pour le contentieux des Caisses d’assurance-maladie et d’allocations familiales.

Bien entendu, nous ne retracerons pas toute l’histoire de la section de la Moselle. Mais il faut toutefois noter que, grâce au travail d’explication et de formation accompli par Paul Caspard et Marcel Hanot, cette section ne connut ni les incompréhensions, ni les démissions massives, lors des crises de 1951, de 1958, pas plus que pendant la guerre d’Algérie. Pourtant, dans cette région orientée politiquement à droite, beaucoup d’adhérents du SGEN avaient été attirés seulement par l’efficacité corporative de l’organisation et ne partageaient pas les options idéologiques de ses dirigeants. Même en 1964, la déconfessionnalisation de la CFTC, qui fera problème dans le département, n’entama pas la confiance des adhérents : lors des élections à la Commission administrative paritaire départementale de 1970, le Syndicat garda les 53,5% de voix qu’il avait en 1948.

Mais la cassure des années 1972-1973 au sein du SGEN eut ses prolongements en Moselle. Au congrès départemental de 1974, une minorité de plus en plus active battit l’ancienne équipe : une partie de celle-ci, avec P. Caspard, démissionna du SGEN. Marcel Hanot, alors retraité, parraina la nouvelle équipe car il lui semblait que « certaines évolutions étaient inéluctables » : « dans la mesure où il était question de l’existence même du SGEN dans le département, tout devait être fait pour sauver ce qui pouvait être sauvé ». Sa présence permit à la section de garder la majorité de ses adhérents.

Une fois à la retraite, Marcel Hanot se consacra à des activités sociales : d’abord « délégué bénévole » du Secours catholique à partir de 1979, il devint en 1981 vice-président de la délégation mosellane du Secours catholique, puis de la Caritas (fédération lorraine des différentes œuvres caritatives catholiques) jusqu’en 1989. Il avait eu la Médaille des évadés à la suite du rapport d’évasion demandé à l’appui de sa démobilisation fin 1941, mais il refusa, pour raisons personnelles, toute autre décoration.

Une autre version de cette biographie a été rédigée par Jacques Girault en liaison avec la famille de Marcel Hanot.

HANOT Marcel, André.

Né le 2 janvier 1917 à Avrainville (Meurthe-et-Moselle), décédé le 30 avril 2004 à Metz (Moselle), marié, quatre enfants ; instituteur ; militant syndicaliste (Syndicat général de l’Éducation nationale) ; militant mutualiste.

Aîné des cinq enfants d’un menuisier-ébéniste, Marcel Hanot fit ses études à l’école primaire supérieure de Saint-Avold (Moselle) et entra à l’École normale d’instituteurs de Montigny-les-Metz en 1933. Instituteur à Montois-la-Montagne de 1936 à 1938, il anima une équipe naissante de la Jeunesse ouvrière chrétienne et appartint aux groupes catholiques engagés dans les luttes sociales et politiques à l’époque du Front populaire. Au lieu d’adhérer au Syndicat national des instituteurs qui affichait la défense de l’école laïque, il rejoignit, comme d’autres instituteurs catholiques, le Groupement qui rassemblait les enseignants partisans du maintien de la situation scolaire de l’Alsace-Moselle.

Mobilisé au début de la guerre, Marcel Hanot, fait prisonnier en juin 1940, s’évada du Stalag XII D le 30 novembre 1941. Il gagna le Bourbonnais. Affecté comme instituteur au Secrétariat général de l’Instruction publique à Vichy, il fut nommé en octobre 1942 à Nizerolles (Allier) où il participa en 1942-1943 à un groupe de « résistance spirituelle » animé à Vichy par le Père Dillard, puis anima un groupe des Jeunesses agricoles chrétiennes dans le secteur. Le 20 octobre 1944, il s’engagea volontairement dans la Brigade d’Alsace-Lorraine (André Malraux) et, après avoir combattu dans les Vosges et en Alsace, revint à Metz, le 19 mars 1945.

Marcel Hanot, instituteur à Sainte-Marie-aux-Chênes, puis à Amnéville, obtint en 1946 un poste à Metz où il exerça jusqu’à sa retraite en 1973. Il épousa en juillet 1946 à Montigny-les-Metz (Moselle) une institutrice qui partagea son activité. Le couple eut quatre enfants.

Marcel Hanot, en 1945, sollicité par l’Union départementale CFTC, participa à la création de la section de Moselle du SGEN. Parmi ces militants figuraient des jeunes enseignants qui aspiraient à un renouvellement des structures syndicales, des anciens militants du Groupement qui avaient refusé le rattachement de l’école mosellane au système scolaire allemand, des jeunes membres de la Paroisse universitaire et de la Brigade d’Alsace-Lorraine. Avec l’aide de Paul Caspard*, il orienta son syndicat et sa revue En Route dans un respect des valeurs de la religion catholique, ce qui provoqua des réactions souvent étroites et sectaires des militants du SNI, porte-drapeau de la défense laïque. La polémique sur la question de statut scolaire local et l’enseignement religieux dura une vingtaine d’années. Un afflux d’adhérents se produisit au SGEN qui obtint, dès 1948, trois sièges sur cinq à la Commission administrative paritaire départementale. La répartition devait ensuite s’équilibrer entre les deux syndicats jusqu’à ce que la crise du SGEN en 1974 et la progression régulière du SNI ne permettent à ce dernier de redevenir majoritaire parmi les instituteurs du département.

Marcel Hanot, secrétaire général du SGEN Moselle jusqu’en 1952, puis secrétaire de la section de Moselle (Premier degré) du SGEN jusqu’en 1955, fut élu au Comité national dès 1945 et y siégea jusqu’en 1960. Il fut représentant syndical à la commission d’épuration du personnel enseignant. Selon Madeleine Singer, avec le groupe de réflexion de la Brigade d’Alsace-Lorraine dont il était le responsable, « il pensait qu’il fallait favoriser une évolution lente du statut scolaire » (pas d’enseignement religieux, écoles normales laïques avec présence des ministres des cultes) « en évitant toute imprudence qui pourrait dégrader le climat de paix scolaire régnant dans la région ». Il voulait ainsi œuvrer à l’évolution de ce statut afin que soit respectée la liberté de conscience des enseignants et celle des élèves, sans stimuler pour autant le développement d’une école privée concurrente. Il s’engagea, d’autre part, dans le processus de déconfessionnalisation de la CFTC et prit clairement position pour la CFDT, estimant que l’organisation avait évolué et que, selon son expression, « l’étiquette CFTC ne correspondait plus au contenu du flacon ».

En 1974, une grave crise sévissait à la confédération, crise qui ébranla aussi la section départementale : fallait-il rester un mouvement certes efficace, mais corporatiste, ou fallait-il prendre en compte plus nettement la dimension politique des choses ?

Au congrès départemental du SGEN de 1974, la minorité active, tenant de la deuxième hypothèse, l’emporta et, retraité, Marcel Hanot parraina la nouvelle équipe. Sa présence permit à la section de garder la majorité de ses adhérents alors que la plupart des militants de l’ancienne direction départementale, dont Caspard, la quittèrent, certains pour créer en Moselle un syndicat enseignant affilié à la CGT-FO.

Marcel Hanot, membre de la commission administrative départementale de la Mutuelle générale de l’Education nationale depuis sa création en 1947, siégea de 1948 à 1979 au conseil d’administration national de la MGEN. Il était le seul membre du SGEN dans cette instance. Personne dans la mutualité ou le syndicalisme ne remit en cause cette présence. Il participa aux commissions suivantes : Garantie Mutualiste Décès et caution solidaire, presse et propagande, défense et amélioration de la Sécurité sociale. Il démissionna en 1979 de ses mandats à la MGEN pour une question de principe : il ne pouvait, pour des motifs religieux, accepter la prise en charge par la MGEN de l’interruption volontaire de grossesse. Il confia alors à André Lainé, selon le témoignage de ce dernier, que « la pression de ses camarades CFTC l’avait obligé à prendre cette décision », confidence qu’aucune archive n’a confirmée.

Marcel Hanot appartint aux conseils académiques des œuvres sociales à Strasbourg puis à Nancy. Il fut administrateur de la Caisse primaire d’assurance-maladie à Metz et de la Caisse régionale d’assurance-maladie à Strasbourg, puis au titre de la CFDT locale, pour les problèmes relatifs aux accidents du travail ainsi que pour le contentieux des Caisses d’assurance-maladie et d’allocations familiales.

Marcel Hanot, retraité, se consacra à des activités sociales. Délégué bénévole du Secours catholique à partir de 1979, il devint en 1981 vice-président de la délégation mosellane du Secours catholique, puis de la Caritas (fédération lorraine des œuvres caritatives catholiques) jusqu’en 1989. Dans les années 1988-1989, un vent de contestation souffla dans l’Eglise. Il prit alors la responsabilité d’animer l’équipe mosellane de « Croyants en liberté pour une Eglise du dialogue ».

« Persuadé toute sa vie que l’Eglise ne pouvait se passer des forces laïques et que son engagement de laïque pouvait être éclairé par la foi », Marcel Hanotl fut en Moselle, une figure du syndicalisme enseignant et du catholicisme. Ses obsèques en témoignèrent.

SOURCES : Documentation MGEN. – Notices par René Crozet (MGEN) et par Madeleine Singer dans le Dictionnaire biographique du SGEN. - Notes de Paul Berger, Bernard Bruguet, André Lainé, Charlotte Siney.- SINGER (Madeleine), Histoire du SGEN, Lille, PUL, 1987, Le SGEN. Des origines à nos jours, Paris, Cerf, 1993. – Renseignements fournis par les enfants de l’intéressé.

Jacques Girault

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24673, notice HANOT Marcel, André par Madeleine Singer ( autre version par Jacques Girault), version mise en ligne le 22 février 2009, dernière modification le 30 octobre 2021.

Par Madeleine Singer ( autre version par Jacques Girault)

Marcel Hanot
Marcel Hanot

SOURCES : Madeleine Singer, Le SGEN 1937-1970, Th. Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. dép. Nord, J1471) ; Histoire du SGEN, 1987, PUL ; Le SGEN. Des origines à nos jours, Cerf, 1993. — Jean-Marie Conraud, Militants au travail (chapitre 28) P.U. Nancy, 1988. — "Les 50 ans du SGEN-Moselle" dans Le Républicain Lorrain, 16 mai 1995. — Lettres de M. Hanot à M. Singer, 2 mars 1995, 3 février 1996 (A.P.).

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