RUSSIER Jean, Firmin

Par Jean-Luc Marquer

Né le 2 novembre 1876 à Saint-Jeure-d’Andaure (Ardèche), abattu le 14 avril 1944 à Devesset (Ardèche) ; propriétaire cultivateur ; résistant

Jean, Firmin Russier était le fils de Jean-Pierre Russier, cultivateur, et de Jeanne, Marie Crouzet son épouse.
La famille habitait le lieu-dit Mazabrard à Saint-Jeure-d’Andaure (Ardèche).
Il fut incorporé au 40e RI le 16 novembre 1897 et renvoyé dans ses foyers le 24 septembre 1900.
Mobilisé en août 1914, il rejoignit le 119e Régiment territorial d’infanterie, puis fut affecté à partir du 11 octobre 1914 au 111e RI au front contre l’Allemagne.
Evacué malade le 30 janvier 1915, il rejoignit le dépôt le 17 avril. Resté à l’arrière jusqu’au 26 mars 1916, il rejoignit au front le 315e RTI, puis passa au 90e RTI le 1er juin 1917.
Blessé par un éclat d’obus le 31 mai 1918 à Vrigny (Marne), il fut évacué vers un des hôpitaux de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Cité à l’ordre du Régiment, il fut décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Il rejoignit le dépôt le 20 juillet 1918 et ne servit plus au front.
Il fut rendu à la vie civile le 27 janvier 1919 et retrouva ses parents qui habitaient alors à Labâtie-d’Andaure (Ardèche).
Il épousa Marie, Delphine Pélissier le 30 avril 1921 à Devesset (Ardèche). Le couple eut au moins deux enfants et habitait Les Vallets à Devesset où Jean Russier était propriétaire cultivateur.
De décembre 1943 à février 1944, Jean et Delphine Russier hébergèrent des maquisards dans une maison leur appartenant et située à 150 m environ de leur domicile.
Fin mars, un des maquisards revint chez les Russier. Il était malade et demandait qu’on l’hébergeât jusqu’à son rétablissement, ce qui fut fait.
Le 14 avril, vers une heure du matin, la maisonnée fut réveillée par des cris : « Ouvrez, nous avons quelqu’un de fatigué ! »
Jean Russier descendit ouvrir et fut immédiatement abattu d’un coup de feu.
Delphine Russier accompagnée de sa fille Marthe se rendit alors dans la cuisine où elle trouva son époux gisant sur le sol et sept ou huit hommes armés de fusils, dont trois portaient des tenues de gendarme. Ils fouillèrent la maison et découvrirent le maquisard. Ils lui passèrent alors les menottes.
Puis Delphine et Marthe Russier furent contraintes d’accompagner le prisonnier du groupe de gendarmes et de civils jusqu’au domicile de l’un d’entre eux, qui habitait les Grangeasses, commune de Rochepaule (Ardèche). Là, le prisonnier dut monter dans une voiture qui l’emmena, toujours enchaîné.
Delphine et Marthe Russier furent alors libérées. Elles revinrent chez elles où elle trouvèrent Jean Russier en train d’agoniser. Il mourut à dix heures. Le médecin qui établit le certificat de décès indiqua que la mort était imputable à un coup de feu tiré dans le bas du dos.
Dans le témoignage qu’elle fit pour le Mémorial de l’oppression, Delphine Russier indiquait que si l’un des voisins qu’elle avait identifiés avait été trouvé mort à Rochepaule, deux autres des assassins de son mari vivaient toujours à quelques centaines de mètres de chez elle sans avoir été inquiétés. Par une cruelle ironie, ce sont des gendarmes de la même brigade que ceux qui agirent la nuit du 13 au 14 avril 1944 qui enregistrèrent son témoignage.
Il semble que son nom ne figure sur aucun monument ou plaque.
Il n’existe aucun dossier à son nom au service historique de la Défense.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article246805, notice RUSSIER Jean, Firmin par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 19 mai 2022, dernière modification le 19 mai 2022.

Par Jean-Luc Marquer

SOURCES : Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 165. — Arch. Dép. Ardèche, RMM, 1 R 113-1, p. 44-45 ; Recensement, Devesset, 1936, 6 M 246, p. 14. — Geneanet. — État civil, acte de naissance n°29.

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