ESPARBÈS Ernest [ESPARBÈS Joseph, Louis, Ernest]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 25 janvier 1903 à Bragayrac (Haute-Garonne), mort le 19 mai 1956 à Bragayrac (Haute-Garonne) ; agriculteur ; député socialiste de Haute-Garonne (1936-1940).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

Issu d’une famille d’agriculteurs et artisans, propriétaires d’une petite exploitation, Ernest Esparbès, après avoir obtenu son Certificat d’études fit son apprentissage dans l’atelier de charron de son père. Par la suite il se consacra à la culture des terres familiales.

Il fréquenta très tôt les milieux socialistes et se présenta aux élections municipales de mai 1929 dans sa commune natale. Élu, il fut choisi comme maire et conserva cette fonction jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La circonscription de Villefranche-de-Lauragais était peu favorable au socialisme, le Parti communiste avait très peu d’influence et la SFIO restait faible ; aussi pour les élections législatives d’avril-mai 1936 fut-il difficile de trouver un candidat et « c’est presque de force que fut désigné par la Fédération socialiste, un jeune militant paysan : Esparbès » (témoignage de Monestier). Avec une dizaine de jeunes, il mena une campagne sur les questions agricoles, notamment en faveur de la création d’un Office du blé. L’absence du député sortant Henri Auriol, républicain de gauche, favorisa la poussée socialiste. Esparbès obtint au premier tour 32,8 % des voix des électeurs inscrits et, au second, fut élu avec 50,2 %.

Au Palais Bourbon, Esparbès siégea à la commission de l’Agriculture et déposa en 1939, une proposition de résolution demandant la création d’un Office des céréales secondaires. Il intervint à plusieurs reprises à la tribune sur les problèmes agricoles, en particulier en 1939 lors de la discussion du projet de statut du métayage.

En septembre 1939, Ernest Esparbès fut mobilisé comme deuxième classe dans la Meuse puis il suivit les cours de l’École de cavalerie de Saumur et devint sous-lieutenant. Convoqué à Vichy le 10 juillet 1940, il vota les pouvoirs constitutionnels au Maréchal Pétain. Dans une lettre à Paul Descours datée du 28 juin 1949, il affirme que dès 1940 il avait expliqué son geste par « son ignorance de la situation politique, ayant quitté son unité pour venir voter, suivant les conseils de vieux parlementaires qui ont abusé de sa bonne foi ». Il est vrai que quinze jours après le vote de Vichy, Esparbès donna sa démission de maire de Bragayrac « en soulignant les raisons politiques qui ne lui permettent pas de conserver son mandat municipal sous le Gouvernement Pétain » (rapport de la Commission nationale des conflits, 1950). Il participa à la Résistance dans le cadre du mouvement Libérer et Fédérer. Sa métairie abrita des dépôts d’armes destinés aux maquis.

Le congrès national extraordinaire de novembre 1944 l’exclut du Parti socialiste pour son vote du 10 juillet 1940. Esparbès soutint cependant l’action de la SFIO et contribua au succès des socialistes lors de plusieurs élections locales en milieu rural. Aussi, en mai 1947, la Fédération de la Haute-Garonne posa la question de sa réintégration. Seules quelques voix s’élevèrent contre cette initiative. En juin 1949, c’est à l’unanimité que la Fédération présenta une nouvelle demande à la commission des conflits et au XLIe congrès national. Cette réintégration fut obtenue lors du conseil national des 25 et 26 février 1950.

Esparbès fut à nouveau maire de Bragayrac de mars 1953 à sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24681, notice ESPARBÈS Ernest [ESPARBÈS Joseph, Louis, Ernest] par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 23 février 2009, dernière modification le 17 juin 2009.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

SOURCES : Arch. Ass. Nat. — Arch. OURS, dossier de la commission nationale des conflits et Bulletin intérieur n° 47. — Le Midi socialiste, 1936. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, t. 5. — Témoignage de R. Monestier. — Lettre de Monsieur le maire de Bragayrac. — Notes de G. Morin.

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