ESPIASSE-CABAU Paul, André dit "LOISEAU"

Par Daniel Grason

Né le 14 mars 1909 à Chartres (Eure-et-Loir), mort le 7 mai 1944 à Natzwiller (Bas-Rhin) ; électricien à la SNCF région ouest ; communiste ; résistant ; déporté à Natzwiller.

Archives Préfecture de police.

Fils de Charles et de Joséphine, née Delvallée, Paul Espiasse-Cabau était marié et père de quatre enfants. Il fit son service militaire dans la marine en Indochine. Il exerçait sa profession d’électricien à la SNCF région Ouest. Il adhéra au Parti communiste en 1933, il était organisé à la cellule du centre, section de Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine). En septembre 1939, il a été mobilisé au 8ème Régiment du Génie à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines).
Il fut arrêté le chez Renée Monjanel au 202 route Stratégique à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Paul Espiasse-Cabau était notamment responsable d’un dépôt d’explosifs situé au 39 rue de Corbeil à Palaiseau (Seine-et-Oise, Essonne).
Selon ses déclarations, il rencontra fortuitement un ancien copain de régiment "Lacotte" qu’il côtoya en Indochine, il le sollicita pour entrer dans un groupe de francs-tireurs. Au début du mois d’octobre "Lucie" l’amie de Lacotte le présenta à "Rivière" (Roger Linet). Ce dernier lui demanda de remplacer Lacotte qui venait d’être arrêté, il accepta, devint le responsable de la région P 5. Paul Espiasse-Cabau était aussi en contact avec le responsable technique. Lors d’un second rendez-vous "Rivière" lui présenta "Gaby" qui était son agent de liaison.
Il fut en relation avec "Raoul" Georges Vallet par l’intermédiaire de "Nicole". Entra en contact avec "Lacroix" commissaire politique des régions "P V", "P VI", "P VII" et "P VIII". Il le rencontra trois ou quatre fois, puis le contact entre les deux hommes s’effectua par l’intermédiaire de "Jacqueline". Il était également en contact avec "Koch", un militant arrêté en septembre 1939, libéré après six mois passés dans un camp d’internement. "Koch" recruta "Jacqueline" et son frère "Albert".
Paul Espiasse-Cabau était un résistant intrépide, la deuxième quinzaine du mois de novembre 1942, il attaqua seul le bureau de placement pour l’Allemagne de Juvisy (Seine-et-Oise, Essonne). Il passa à pied devant les locaux, lança une grenade à travers les vitres de la boutique, courut immédiatement vers la gare de Juvisy et prenait le train pour Paris.
En l’absence de combattants suffisamment aguerri, il participa à une action contre le garage situé au 45 rue Laborde à Paris (VIIIe arr.). Les combattants étaient des FTP-MOI, lui eut pour mission de tenir en respect le gardien du garage qui était un français. Il participa à la reconnaissance des lieux avec un combattant FTP-MOI. Le 10 janvier 1943 à 20 heures 35, ils se retrouvèrent à l’angle des rues du Rocher et Laborde. Il était armé d’un pistolet calibre 7,65 m/m. Il entra dans le garage, monta l’escalier qui menait au poste de surveillance.
Il frappa à la porte, un homme ouvrit, Paul Espiasse-Cabau lui demanda s’il était le surveillant allemand, il répondit affirmativement. Espiasse-Cabau braqua son revolver sur sa poitrine, il rassura deux femmes présentes dans la salle précisant que la mission des patriotes français était de mettre le feu aux véhicules allemands. Ce qui fut fait.
Paul Espiasse-Cabau a été interpellé le 14 janvier 1943 par des inspecteurs de la BS2, il fut emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police. Fouillé, il portait sur lui : une carte de tabac au nom de Léon Crozet, une carte d’alimentation. Sur un carton bleu figurait des rendez-vous, l’un le samedi 16 janvier à 14 heures à l’octroi de la porte de Charenton avec un militant de Thiais, l’autre à 16 heures dans l’église de Charenton avec "Lacroix".
Les pistolets automatiques calibres 7,65 mm et 6,35 mm lui avaient été remis par "Raoul" (Georges Vallet). Un autre 6,35 mm lui avait été remis par "Yves" pour changement du percuteur. Furent également saisis : un allumeur à acide, des cônes métalliques évidés, une bouteille de chloroforme, un plan de la grande ceinture avec des indications au crayon rouge qui étaient des projets d’attentats. Un rapport dactylographié signé de "Rivière", les adresses de deux immeubles occupés par les allemands, des reçus de sommes d’argent, une carte d’identité en blanc portant sa photographie, sept cartes textiles, trois cartes d’alimentation, des bons d’achat de vêtements et d’articles textiles, des cartes de lait et des cartes de charbon.
Enfin, deux documents ronéotypés concernaient la fabrication d’explosifs, des directives et des conseils pour la préparation du second front lui avaient été remis par "Lacotte". Il livra les signalements de cinq clandestins "Rivière" (Roger Linet)", "Gaby" ou "Line", "Nicole", "Jeannette", "Yves" et "Labbé". Les policiers lui présentèrent plusieurs photographies, il n’identifia que Vallet qu’il connaissait sous le prénom de "Raoul". Il était aussi responsable d’un dépôt d’explosifs situé 39 rue de Corbeil à Palaiseau (Seine-et-Oise, Essonne).
Le 24 janvier 1943, il a été à nouveau interrogé, il reconnaissait avoir exécuté le 14 septembre 1942 d’une balle dans le dos à Villeneuve-Saint-Georges, Garnier un ex. membre du Parti communiste qui travailla chez Tecalemit. Le 9 octobre 1942 à Sainte-Geneviève-des-Bois, il tira à bout portant sur Fernand Bazir à 6 heures 15 du matin, celui-ci se sauva.
Incarcéré, il était le dans le convoi de 56 hommes dont 23 FTP à destination du camp de concentration de Natzweiler en Alsace annexée. Il avait notamment dans ce transport : Léon Boutbien, Roland Carcas, Henri Chrétien, Fedro Comotto, Charles Joineau, Mohamed Lakdar-Toumi, Jean Lemberger, Roger Linet, Jacques Magrisso, Auguste Rouch et Victor Rousseau.
Paul Espiasse-Cabau mourut probablement de mauvais traitements et d’épuisement le 7 mai 1944 à l’âge de trente-cinq ans. Vingt-neuf déportés de ce convoi de cinquante-six hommes moururent en déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24683, notice ESPIASSE-CABAU Paul, André dit "LOISEAU" par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 novembre 2021, dernière modification le 3 mai 2023.

Par Daniel Grason

Archives Préfecture de police.

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 41 (transmis par Gérard Larue), PCF carton 13 rapport du 18 janvier 1943, 221 W 13 rapports du 18 et du 23 janvier 1943, BA 1752, BA 2309. – Notes de Didier Alvarez et de Jean-Pierre Besse. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil de Chartres.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable