ESTACHY Yvonne [née PAIMPEC Yvonne]

Par Jean-Claude Lahaxe, Antoine Olivesi

Née le 6 avril 1907 à Bastia (Corse), morte le 16 août 1985 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; artisane-couturière ; militante communiste des Bouches-du-Rhône ; conseillère municipale de Marseille, députée (1951-1958).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

Fille d’un commis principal de la marine marchande, Yvonne Paimpec fut élève à l’école communale de la rue des Bergers (quartier de Notre-Dame du Mont) à Marseille, puis fréquenta ensuite le collège technique du cours Devilliers (couture). Elle passa le brevet élémentaire et entra rapidement dans la vie active comme couturière. Elle se maria en mars 1927 à Marseille avec François Michel Diana (écrit parfois Biana).
À la suite du 6 février 1934, elle participa à la campagne « Marseille propre » animée, entre autre, par François Billoux, Lucien Molino et Jean Cristofol. Yvonne Paimpec rejoignit le mouvement communiste en 1936 et fut responsable du cercle des jeunes filles communistes du quartier de la Plaine, à Marseille. Elle adhéra au Secours populaire français et au PCF en 1937.

Pendant la guerre, elle fut arrêtée, relâchée, reprit contact avec le Parti communiste en mai 1943 puis milita dans l’action clandestine. Elle se chargea de porter des « colis de la solidarité » aux détenus politiques des Baumettes et du fort Saint-Nicolas (parmi ces détenus se trouvait Raymonde Nédélec). Yvonne Paimpec se remaria en décembre 1944 avec Joseph Estachy Joseph Estachy, né le 14 octobre 1905 à Marseille, mort le 9 avril 1964, ce dernier avait été arrêté en 1940 et condamné à cinq ans de prison).

Ce fut surtout après la Libération qu’Yvonne Estachy joua un rôle important dans la vie politique locale, en particulier du fait de ses responsabilités au sein de l’UFF. Tout une des dirigeantes de la 8e section du PCF, elle participa à la fondation de cette organisation dans les Bouches-du-Rhône, en fut la secrétaire départementale en 1947 en remplacement de Simone Eynard. Elle fut membre du conseil national de 1949 à 1960, siégeant même au bureau national en 1951. Le 4 mars 1950, Yvonne Estachy refusa de signer le procès verbal de notification de l’interdiction de la manifestation prévue pour la journée de la femme du lendemain (l’interdiction résultait des heurts qui s’étaient produits l’année précédente). Elle prit la parole le 5 mars lors d’une des réunions organisées dans plusieurs quartiers de Marseille en remplacement de la manifestation interdite par la préfecture. Durant ces mêmes années, Yvonne Estachy fut à l’occasion de plusieurs scrutins désignée pour représenter le PCF. Elle figura en 8e et dernière position sur la liste présentée par le PCF dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône lors des législatives du 21 octobre 1945 et du 2 juin 1946. Elle y été présentée comme « couturière artisane » (elle aurait eu à cette époque un magasin de vêtements) et « militante de la clandestinité ». Elle fut élue conseiller municipal de Marseille à l’issue des scrutins du 8 décembre 1946 et du 19 octobre 1947.

Yvonne Estachy participa à toutes les campagnes menées par le PCF durant les années de Guerre froide. En mars 1950, dans le cadre de la campagne antititiste, elle participa au Comité de défense en Provence des persécutés et emprisonnés en Yougoslavie. Elle fut présente au Parc Chanot le 23 avril 1950 pour la fête organisée en l’honneur des 50 ans de Maurice Thorez. Yvonne Estachy assista au meeting organisé par l’UFF et le SPF le 19 septembre 1950 à l’occasion de la venue de Jeanne Pitaval, prit part au meeting en faveur des 34 de Barcelone le 2 mars 1952. _ Le 17 mai 1953, elle participa au rassemblement festif marquant les 50 ans de François Billoux. Elle fit partie d’une délégation en faveur des Rosenberg le 16 juin 1953. Cette activité valut à Yvonne Estachy de progresser au sein de la hiérarchie de son parti. Membre du bureau de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône en 1950, elle fut déléguée au XIIe congrès du PCF (Gennevilliers, avril 1950). Elle accéda pour la première fois au bureau fédéral en mars 1952. Elle y fut de nouveau réélue en juin 1957. Yvonne Estachy se retrouva au comité fédéral à la suite de la conférence du 7 juin 1959 (elle y était chargée du travail auprès des femmes). En 1961, elle était par ailleurs toujours membre du conseil national de l’UFF. Non réélue en juillet 1962, elle y revint par la suite et siégeait encore au sein de cette instance en mai 1976.

L’influence locale acquise par Yvonne Estachy ainsi que la volonté du PCF de présenter des femmes expliquent qu’elle ait figuré, lors des législatives de juin 1951, en troisième position derrière François Billoux et Jean Cristofol sur la liste d’Union Républicaine, Résistante et Antifasciste pour l’indépendance nationale, le pain, la liberté et la paix présentée dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône (elle remplaçait Raymonde Nédélec qui s’était installée à Paris à la suite de son mariage avec Charles Tillon). Elle fut réélue en 1956 et reprit la fonction de secrétaire de l’Assemblée nationale. L’adoption du scrutin uninominal et la poussée gaulliste, en novembre 1958, furent défavorables à Yvonne Estachy qui fut battue dans la 5e circonscription, n’obtenant que 18,6 % des suffrages par rapport aux inscrits au premier tour et 20 % au second, en face du modéré Ripert (élu) et du socialiste Massias. Elle fut suppléante de Pierre Doize dans la 5e circonscription lors des législatives de mars 1967 et de juin 1968. Elle siégea de nouveau au sein du groupe communiste du conseil municipal de Marseille de mars 1959 à mars 1965. Yvonne Estachy fut de nouveau candidate dans le 5e secteur (5e et 10e arrondissements de Marseille) lors des municipales de mars 1965 sur une des listes « Union des Forces Démocratiques » (listes présentées par le PCF en association avec certains socialistes). Elle se retrouva en 4e position. Elle fut encore une figure majeure sur la liste conduite par Pierre Doize dans le 5e secteur lors des municipales de mars 1971, liste battue au second tour par Irma Rapuzzi.

Morte le 15 août 1985 à Marseille, elle fut inhumée dans cette ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24696, notice ESTACHY Yvonne [née PAIMPEC Yvonne] par Jean-Claude Lahaxe, Antoine Olivesi, version mise en ligne le 24 février 2009, dernière modification le 9 décembre 2021.

Par Jean-Claude Lahaxe, Antoine Olivesi

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, dossier 148 W 302, note des RG du 2 mai 1951, M 2 III 1, M 6/10933 (rapport cité du 2 octobre). Archives de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, biographie établie en 1945 à l’attention de la SMC. Listes établies entre 1952 et 1961 à la suite des conférences de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. — La Marseillaise, 7 mars ; 15 juillet, 3 octobre 1949, 5, 6, 7, 25, 28 février 1950, 12 juillet 1951 (photo), 11 janvier 1952, 24 juin 1953, 7 avril 1955, 9 juillet 1956, 6 novembre 1958 (photographie et biographie) 1958, 9 mars 1959, 3 juillet 1961, 20 février 1965, 1er mars 1967, 23 juin 1968, 3 février 1971, 2 mai 1973, 14 mai 1976. — Rouge-Midi, 31 janvier et 1er juillet 1939, 14, 15, 20 octobre (photo) 1945, 25 mars 1947. — La Marseillaise, 7 décembre 1946, 18, 25 et 26 octobre 1947, 22 mai 1951 (photo), 9 décembre 1951, décembre 1957, janvier et novembre 1958, 17 août 1985. — Marseille, revue municipale, mars 1947. — A. Olivesi et M. Roncayolo, Géographie électorale des Bouches-du-Rhône, op. cit.Indicateur marseillais, à partir de 1945. — DBP, op. cit. — État civil de Bastia.

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